01 Nov

Affaire d’intoxication à Villeneuve : deux châteaux mis en examen

L’affaire avait fait grand bruit et ému jusqu’au Parlement en mai 2014. 23 élèves et une institutrice avaient été intoxiqués suite à des épandages de produits phytosanitaires, nécessitant une prise en charge par les secours. Suite à l’ouverture d’une information jusdiciaire contre X , voici deux châteaux mis en examen pour « usage inapproprié de produits phytopharmaceutiques. » L’affaire avait été classée dans un premier temps mais la Sepanso avait fait appel, rejointe par Générations Futures.

L'école de Villeneuve-de-Blaye en question © France Aquitaine

L’école de Villeneuve-de-Blaye en question © France Aquitaine

C’était début mai 2014, 23 enfants de d’une école primaire du Nord-Gironde, à Villeneuve de Blaye, étaient pris de picotements à la gorge, d’irritations yeux ou encore de nausées…Idem pour leur institutrice transportée à l’hôpital de Blaye. Un ressenti et des symptômes qui obligèrent le directeur de l’école à confiner les enfants à l’intérieur de l’établissement et alerter le médecin scolaire. Ce jour-là, deux propriétés viticoles étaient en train de traiter leurs vignes sur des parcelles proches de l’école.

Les domaines d’appellation Côtes de Bourg, Château Escalette et Château Castel La Rose, ont été mis en examen le 17 octobre pour « usage inapproprié de produits phytopharmaceutiques », dans le cadre d’une information judiciaire ouverte fin 2015 par le Parquet de Libourne.

« Cette mise en examen qui est une première en Gironde est quelque chose de salutaire et en tout cas indique qu’il y a de sérieux dysfonctionnement dans l’épandage et dans la façon d’utiliser ces produits à risques » commente Daniel Delestre qui a déposé une plainte contre X en tant que Président de la Sepanso.

Daniel Delestre, président de la Sepanso Gironde © JPS

Daniel Delestre, président de la Sepanso Gironde © JPS

 « Cela va constituer pour nous, et on l’espère, un électrochoc qui permettra à l’ensemble de la profession à se sensibiliser à la dangerosité des produits qu’ils utilisent.  Il faut quand même rappeler qu’il y a une vingtaine d’élèves et une institutrice qui ont été intoxiqués, c’est quand même un événement inadmissible, et il faut réagir, la collectivité se doit de réagir. Et la Sepanso dont le but est de protéger la santé et l’environnement se devait de réagir ».

Il n’est pas admissible que de tels événements se reproduisent. En Gironde la viticulture, c’est un élément de richesses, il n’est pas question pour la Sepanso de « flinguer la viticulture », il est question d’amener à des pratiques respectueuses de la santé, de l’environnement et du voisinage » Daniel Delestre Président de la Sepanso.

Mais une enquête administrative avait établi que les produits utilisés ce jour-là étaient autorisés, régulièrement utilisés en viticulture, mais suggérait que l’épandage « à proximité de l’école s’est déroulé dans des conditions inappropriées sans qu’aient été prises toutes les précautions pour le voisinage ». Deux domaines, l’un certifié bio, l’autre conventionnel, avaient traité ce jour-là sur leurs parcelles.

Après avoir initialement classé l’affaire sans suite, la justice avait ouvert une information judiciaire contre X…, après plainte de la Sepanso, cette fédération d’associations de défense de l’environnement du Sud-Ouest, qui s’est constituée partie civile, suivie par l’association Génération Futures, qui lutte contre le recours aux pesticides dans l’agriculture et plus particulièrement dans la viticulture.

Pour le président du Syndicat des Côtes de Bourg, dont font partie ces deux châteaux, Jean-Samuel Eynard : « Au moment de cet incident, il n’y avait pas de restriction d’horaires pour traiter autour des écoles, des établissements de santé et des terrains de sport. S’il y a eu erreurs, elles doivent être sanctionnées, il n’y a aucun problème, par contre aujourd’hui il me paraît souhaitable voire indispensable de respecter la présomption d’innocence »

Et alors que le débat reprenait depuis l’annulation par le Conseil d’Etat de l’arrêté réglementant les conditions d’épandages, Manuel Valls, en visite au château Luchey-Halde, avait indiqué que le futur arrêté en préparation réglementant l’usage de pesticides sera «pour l’essentiel» celui de 2006, avec des « précautions nouvelles. »

Avec AFP