05 Fév

La Cité du Vin : de la genèse au rayonnement

Ce matin, Alain Juppé, Sylvie Cazes, Bernard Farges et Philippe Massol ont retracé la genèse de ce projet hors normes. Une histoire singulière qui va en faire un lieu tout aussi unique au monde, ouvert sur la culture et les civilisations du vin. Une Cité du Vin dont le billet d’entrée a été dévoilé à 20 € plein tarif, mais avec un pass-visites illimitées à l’année à 48 € assortis de prix préférentiels pour les familles.

cité du vin - madiran 080Depuis le 30 mai 2009, date du lancement du projet, de l’eau de la Garonne a coulé sous les pont et notamment le pont Chaban Delmas qui entre temps a vu aussi le jour. C’est en 2011 que le projet a été arrêté avec le cabinet XTU Architects et les travaux ont été lancés début 2014.

La conférence de presse ce matin à Oenomedia © jps

La conférence de presse ce matin à Oenomedia © jps

Comme le rappelait ce matin Alain Juppé, le maire de la capitale girondine, qui depuis 1995 souhaitait un tel bâtiment à Bordeaux, ce phare de l’oenotourisme va avoir un rayonnement planétaire : « nous voulons faire de ce site une espèce de phare et un point de départ de l’oenotourisme. On travaille d’ailleurs avec l’Office de Toursisme métropololitain avec une présentation des routes des vins, par ailleurs un ponton sera aménagé pour les croisières fluviales depuis La Cité du Vin. La Rochelle s’interroge également sur la possibilité de prolonger ces croisières par des sorties en mer depuis ou jusqu’à La Rochelle. »

cité du vin - madiran 060Et le maire de revenir sur le financement de ce projet : 81 millions d’euros, dont 38 % assumés par la ville, le reste par l’Europe (15%), Bordeaux Métropole (10 %), la Région Aquitaine (7%), le Civb (7%), l’Etat (2), le Département  (1), la CCI (1) et le mécénat privé à hauteur de 19¨%.

Organisation du financement public-privé pour @ La Cité du Vin

Organisation du financement public-privé pour @ La Cité du Vin

Même s’il y a eu un dépassement de 30% par rapport au budget initial, cela reste proportionnellement faible par rapport aux 7 autres édifices marquants de ces dernières années en France comme la Fondation Louis Vuiton, le Centre Pompidou à Metz, Lascaux 4...bref 6000 € du m2 pour 13500 m2 ce qui place La Cité du Vin parmi les projets les moins chers.

cité du vin - madiran 071Cette Cité va pouvoir bénéficier d’un hôtel 4 étoiles à proximité, ainsi que des enseignes qui mettront en avnat les produits du terroir et restaurants. Il y aura aussi une promenade à byciclette, rest au port de Bordeaux à se bouger pour d’autres aménagements de son côté, mais « le résultat est superbe et je remercie Bernard, Sylvie et Philippe. »

Et Sylvie Cazes, la présidente de la fondation, de souligner, avec Alain Juppé,  la prouesse technique pour la construction de la Cité du Vin : « 9000 m3 de béton, 300 pieux de 30 mètres de profondeur, 1000 tonnes d’acier, 80 000 heures de travail, 574 arcs et épines en bois lamellé-collés tous unique pour réaliser cette cathédrale, 50 entreprises représentant 20 corps de métiers. »

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Guillaume Decaix : 

La fondation a vu le jour en janvier 2015; « la ville de Bordeaux voulait que ce soit une fondation d’utilité publique à but non lucratif pour sauvegarder et transférer la dimension culturelle du vin. »  « 80 mécènes on participé au financement de la construction permettant au fond de dotation de récolter 20 millions d’euros (5 pour la préouverture et 15 pour la construction), c’est elle qui va gérer la Cité du Vin pour les 12 prochaines années.

La Cité du Vin (un projet XTU Architects) devrait rapporter 40 millions de retombées économiques.

cité du vin - madiran 093La Cité du Vin va dégager 750 emplois directs et indirects, un recrutement plus important va avoir lieu très prochainement pour ceux qui seront en contact avec le public, comme l’a précisé Philippe Massol.

Quant au billet d’entrée, celui-ci a été dévoilé 20 € pour le plein tarif pour accéder au parcours permanent, au belvédère et à la dégustation, mais il y aura de nombreux tarifs dégressifs et surtout un pass pour des visites illimitées à 48 € pour les Bordelais et autres personnes qui souhaitent la visiter plusieurs fois, grâce à ce pass il y aura aussi des tarifs avantageux pour les autres membres de la famille.

Regardez l’interview d’Alain Juppé par Jean-Pierre Stahl et Guillaume Decaix

Quand un ancien château viticole se transforme en centre EPIDE, c’est un nouvel avenir qui se dessine

Un ancien château viticole du bordelais a été transformé en caserne, au début du XXe siècle, puis en centre Epide, au XXIe, pour l’insertion de jeunes en difficulté. Une histoire insolite qui est une réussite.

L'ancien château viticole est devenu un centre Epide © JPS

L’ancien château viticole est devenu un centre Epide © JPS

Aujourd’hui seul le château subsiste et témoigne de ce passé viticole. Cette propriété se situait sur le domaine Ségur au lieu-dit « Belle-Ile ». Elle a été acquise par l’Etat en 1913 pour 250 000 francs alors qu’une loi venait d’allonger la durée du service militaire à 3 années. Le but était de construire sur ce domaine des casernes pour loger les nouveaux contingents.

Benyamin Hamza, un exemple de volontarisme © JPS

Benyamin Hamza, un exemple de volontarisme © JPS

L’Epide (Etablissement Public d’Insertion de la Défense) a depuis 2007 pris possession des lieux, la première année en co-existence avec le 57ème Régiment d’Infanterie dont une trentaine de militaires étaient encore présents. A l’origine, l’Epide venait d’être créé pour répondre aux problèmes des quartiers sensibles, après les émeutes de 2005 dans les banlieues. D’ailleurs, il conserve 50 % de jeunes issus des quartiers. Mais aujourd’hui, l’Epide ne dépend plus du ministère de la défense mais des deux ministères de la ville et du travail. C’est un centre pour l’insertion professionnelle, selon un modèle atypique mais qui semble avoir fait ses preuves.

Le rassemblement chaque matin à 8 h, pour mettre aussi à l'honneur une fois par semaine ceux qui décrochent des jobs © JPS

Le rassemblement chaque matin à 8 h, pour mettre aussi à l’honneur une fois par semaine ceux qui décrochent des jobs © JPS

Pour ces 150 jeunes, chaque journée commence par un réveil à 6h, un entretien des communs et des chambres, un sérieux petit-déjeuner avant le rassemblement. Cela ressemble quelque peu au service militaire, d’autant que les jeunes et les encadrants portent une tenue Epide, que les admissions se font tous les 2 mois, et qu’il y a la levée des couleurs et la Marseillaise chantée une fois par semaine.

Leïla Kouach, se cultive et s'intéresse, entre deux cours et son stage en alternance © JPS

Leïla Kouach, se cultive et s’intéresse, entre deux cours et son stage en alternance © JPS

Mais ici tous ces jeunes, âgés de 18 à 25 ans, sont des volontaires. Ils ont fait le choix de suivre durant 8 mois au minimum cette voie pour se remettre à niveau et repenser grâce à l’Epide leur parcours professionnel. Benyamin Hamza, originaire de Mayotte a arrêté une scolarité qui ne lui convenait plus. Aujourd’hui à l’Epide, il est davantage épanoui et a même été élu délégué des volontaires. Avec les encadrants, il a réalisé un cv et commence à démarcher les entreprises. Il a deux projets en vue : intégrer la Marine Nationale ou devenir agent de sécurité. Leïla Kouach, d’Agen, a également un double projet civil et militaire: devenir aide soignante, elle travaille actuellement en alternance avec une association d’aide aux personnes âgées, ou encore s’engager dans l’Armée de Terre.

cité du vin diner 106Tous suivent à l’Epide des cours de remise à niveau en Français, mathématiques, histoire, instruction civique ou parcours citoyen comme ils disent car ils sont aussi motivés pour participer aux cérémonies du 11 novembre ou participer à des actions de Surfrider de nettoyage des plages avec aussi une initiation au surf… Il y a aussi pour ceux qui ont un projet qui le nécessite des cours de code de la route et de conduite, sur simulateur d’abord, et en vrai par la suite. L’Epide finance donc le permis de conduire pour certains de ces jeunes qui vont devenir chauffeurs routiers ou agents de sécurité par exemple.

Un simulateur de conduite est à disposition des volontaires qui auront besoin du permis pour décrocher un job © JPS

Un simulateur de conduite est à disposition des volontaires qui auront besoin du permis pour décrocher un job © JPS

Si l’Etat investit 22 000 € pour chaque volontaire, ce n’est pas à fond perdu. Car chacun va incarner un nouvel espoir de décrocher un job ou une formation. Au total, 70% de ces jeunes vont se réinsérer dans la société au terme de leur séjour dans l’Epide : pour 2/3 d’entre eux ce sera un emploi, et pour 1/3 ce sera une autre formation.

Lolita Bouillaud va décrocher un CDI après un contrat d'avenir © JPS

Lolita Bouillaud va décrocher un CDI après un contrat d’avenir © JPS

Ces jeunes sont présents à l’Epide, du lundi 10 h au vendredi en début d’après-midi, leur séjour s’alterne entre ces cours, des ateliers, le sport et des stages à l’extérieur comme à la Banque Alimentaire à Bordeaux Nord où 2 jeunes se présentent cette après-midi là pour prendre les consignes car la semaine qui suit ils seront en immersion.

Un stage à la banque alimentaire pour ces jeunes de l'Epide © JPS

Un stage à la banque alimentaire pour ces jeunes de l’Epide © JPS

Il y a aussi des exemples de grande réussite comme Lolita Bouillaud, 22 ans. Cette jeune fille ne savait pas ce qu’elle allait trouver comme job en rentrant à l’Epide. Bien conseillée et très douée, elle a fait un stage de soudeur chez T2I une entreprise de tolerie et inginiérie (qui fabrique notamment des valisettes de batterie pour aéronefs). Lolita a suivi une formation chez eux et a obtenu un contrat d’avenir. Elle a réussi son parcours à tel point qu’aujourd’hui T2I va lui proposer un CDI et va continuer à la faire progresser en interne.

Pierre Poli, le directeur de l'Epide de Bordeaux © JPS

Pierre Poli, le directeur de l’Epide de Bordeaux © JPS

Moralité de l’histoire, comme dans les vignes, chaque année il y a un nouveau départ… D’un château viticole, le domaine accueille ce centre Epide  qui donne une nouvelle vie et une seconde chance à ces jeunes. Au fil du temps, comme le vin, s’ils savent puiser l’énergie qui est en eux, ils vont aussi savoir se bonifier.

Regardez les 4 épisodes de notre Série Bordeaux Métropole : 


Épisode #1 : Présentation de l’EPIDE


Épisode #2 : En stage à la Banque Alimentaire


Épisode #3 : Portraits de 2 volontaires de l’EPIDE


Épisode #4 : Après l’EPIDE, on fait quoi ?