01 Fév

Le meilleur chef au monde nous a quitté

La gastronomie est en deuil ce matin, alors que paraîssent les lauréats en France du nouveau guide Michelin.  L’un des plus grands chefs cuisiniers, le Franco-Suisse Benoît Violier, originaire de Charente-Maritime, qui dirigeait le Restaurant étoilé de l’Hôtel de Ville de Crissier en Suisse, se serait suicidé. Un nouveau choc après Bernard Loiseau en 2003. Disciple de Joël Robuchon, le chef le plus étoilé au monde et patron des cuisines de la grande Maison à Bordeaux, Benoît Violer était arrivé à la première place de « La Liste », un palmarès des « mille tables d’exception » dans le monde

Benoit Violer ©

Benoit Violer le 15 mai 2012 à Crissier en Suisse © AFP Marcel Gillieron

 « En fin d’après-midi, la police de l’ouest lausannois est intervenue à Crissier, où elle a découvert, à son domicile, le corps sans vie de M. Benoît Violier, âgé de 44 ans. L’intéressé aurait mis fin à ses jours à l’aide d’une arme à feu », a indiqué la police cantonale vaudoise dans un communiqué. Une instruction pénale a été ouverte afin d’établir les circonstances exactes du décès.

Le restaurant de Benoît Violier, également triplement étoilé, était arrivé à la mi-décembre à la première place de « La Liste », palmarès de mille tables d’exception de par le monde. Le célèbre chef français au chapeau noir Marc Veyrat s’est dit « anéanti » sur son compte Twitter. « La planète est orpheline de ce chef d’exception, Benoît Violier », a-t-il affirmé.

« Nous sommes bouleversés par la disparition de Benoît Violier, chef à l’immense talent. Nos pensées vont à sa famille et à ses équipes », a pour sa part tweeté le guide Michelin, qui doit dévoiler lundi son guide 2016 des restaurants étoilés.

Jean François Piège, autre grand cuisinier français, a lui salué « un immense Chef » et a fait part de son « immense tristesse ». La chef étoilée Anne-Sophie Pic s’est dite « terriblement attristée ». « Une pensée affectueuse à sa famille, à ses équipes. Je n’ai pas de mots », a-t-elle écrit sur Twitter.

Le 12 décembre dernier, le Restaurant de l’Hôtel de Ville à Crissier, que Benoît Violier dirigeait aux côtés de sa femme, était arrivé à la première place de « La Liste », un palmarès des « mille tables d’exception » dans le monde réalisé sous l’impulsion du Quai d’Orsay pour répondre au classement britannique controversé des « 50 Best ».

Ce restaurant trois étoiles, situé près de Lausanne, devançait ainsi le new-yorkais Per Se, autre établissement triplement étoilé au Michelin dirigé par le chef américain Thomas Keller. « C’est fabuleux, c’est exceptionnel pour nous. Ce classement va stimuler encore plus l’équipe », s’était réjoui Benoît Violier, qui avait repris les rênes du restaurant avec sa femme Brigitte en 2012.

Passé chez Joël Robuchon à Paris, ce meilleur ouvrier de France avait succédé à la tête du Restaurant de l’Hôtel de Ville de Crissier, ouvert il y a 60 ans, aux chefs suisses Frédy Girardet puis Philippe Rochat, mort en juillet dernier après un malaise à vélo.

« Benoit Violier avait dit dans plusieurs interviews qu’il avait perdu ses deux pères en 2015, son véritable père en avril et son mentor, Philippe Rochat », relevait dimanche soir Le Temps sur son site internet.

Par le passé, d’autres grands chefs cuisiniers ont également mis fin à leurs jours. Le 25 février 2003, Bernard Loiseau, le chef de l’hôtel restaurant La Côte d’Or à Saulieu en France se suicide à l’âge de 52 ans. Il était l’une des étoiles de la gastronomie française, à l’égal de Paul Bocuse et de Georges Blanc, se présentant souvent comme « le seul cuisinier au monde à être coté en bourse ».

La même année, le 3 décembre 2003, un cuisinier moins célèbre, le chef Pierre Jaubert, propriétaire et chef de l’Hôtel de Bordeaux, à Pons en France, deux pavillons au guide Michelin 2003, s’est aussi donné la mort.

Benoît Violier, Rochelais d’origine, fils de viticulteur, avait obtenu la nationalité suisse il y a deux ans, selon Blick, un autre journal suisse.

Sacré cuisinier de l’année 2013 par l’édition suisse du Gault&Millau, Benoît Violier était un passionné de chasse et spécialiste de la préparation du gibier. Lièvre à la royale, chamois, mouflon, ainsi que des bécasses -dont la consommation au restaurant est permise en Suisse à la différence de la France- sont parmi les plats proposés dans son établissement, qui promeut aussi une cuisine de saison faisant une large place au bio.

Le restaurant de 50 couverts, qui a décroché trois étoiles au Michelin il y a une vingtaine d’années, propose des menus de 195 à 395 francs suisses (entre 180 et 365 euros).

Avec AFP