16 Nov

Minute de silence et d’émotion à Bordeaux : tout Saint-Michel « main dans la main » pour un hommage aux victimes des attentats

Une image forte et poignante. Anonymes, commerçants et musulmans se tiennent la main pour refuser la barbarie. Une marque de réprobation et d’unité nationale dans cette période douloureuse.

Beaucoup d'anonymes, des commerçants, chrétiens, juifs et musulmans main dans la main, en cercle au pied de la flèche Saint-Michel, pour un hommage aux victimes © Jean-Pierre Stahl

Beaucoup d’anonymes, des commerçants, chrétiens, juifs et musulmans « main dans la main », en cercle au pied de la flèche Saint-Michel, pour un hommage aux victimes © Jean-Pierre Stahl

12h00, une centaine de personnes s’est réunie sur le parvis en bas de la flèche Saint-Michel. Parmi eux, Grégoire d’Achon : »j’habite le quartier, et en tant qu’humaniste, c’était important d’être là pour respecter cette minute de silence. »  Un rassemblement à l’initiative des commerçants : Driss Ben Haddou, président du Village Saint-Michel, une association de 40 commerçants, est très ému. Il est le premier arrivé à 11h50 sur cette petite place au pied de l’un des symboles de Bordeaux, la flèche Saint-Michel.

Cette figure de Saint-Michel, gérant du Mogador, spécialiste de l’artisanat marocain, confie la gorge nouée : »bien sûr que ça nous touche, ça touche tous les musulmans, et nous avant tout parce qu’on est avant tout Français. Bien sûr qu’on est touché par cet événement cruel qui est arrivé à Paris. En tant que commerçant à Saint-Michel, il était indispensable pour nous d’organiser une minute de silence, vu le quartier cosmopolite, où il y a une forte communauté  musulmane présente ici. » 

 C’était une présence nécessaire pour nous pour montrer notre solidarité nationale et pour dire qu’on est français et qu’on est contre cette cruauté, « Driss Ben Haddou Président du Village Saint-Michel

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Autre famille d’origine algérienne, implantée depuis 17 ans à Saint-Michel gérant le Marhaba, un restaurant de couscous et tajine, Achour Maouche tient à témoigner son incompréhension: « ça me touche énormément car ces pauvres victimes, elles n’ont rien fait, elles n’ont rien demandé, juste à aller voir un spectacle ou boire un pot à une terrasse, ils ont rien demandé et on vient les tuer, c’est pas logique, c’est pas normal ! »

Deux femmes, Haiat et Nadia, croisées également sur ce marché populaire, confient : « on est très bouleversées… On  a peur, pour nous, pour nos enfants… On ne se sent pas en sécurité du tout, c’est arrivé à Paris, ça peut arriver à Bordeaux ! » Et Nadia de continuer : « samedi, je suis allée en ville et quand j’ai vu cette masse de population, mon Dieu, mais ça peut aussi arriver dans la rue piétonne, il y avvait énormément de monde.

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Driss Ben Haddou main dans la main avec des habitants, commerçants, et autres anonymes © Jean-Pierre Stahl

Mohammed Khadraoui, Franco-Algérien, une figure de Lormont, qui siège dans une association de prévention auprès des jeunes, crie aussi son ressenti : »c’est désolant et regrettable pour les musulmans de France. Je regrette beaucoup ce qu’il s’est passé car ça nous porte tort, ça nous tombe sur le dos. C’est malheureux, ça ne devrait pas exister. Vraiment, si c’est des musulmans qui ont fait ça pour moi ce n’est pas des musulmans. Un musulman ne doit pas se fâcher…Nous regrettons beaucoup, Monsieur. » Un message et un exemple de tolérance pour cet homme qui est fier de me dire j’ai 5 enfants, « ils sont tous français et ont de bonnes situations« .