11 Nov

Ventes de vin sur internet : ça explose !

Le e-business du vin est en plein boom. Depuis moins de 10 ans, les sites fleurissent un peu partout sur la toile. « Millésima », « la Vinothèque » et « 12 bouteilles.com », que nous avons rencontrés, témoignent d’une vitalité à faire pâlir le commerce traditionnel.

L'équipe de "12 bouteilles.com" avec Brigitte Carret à gauche et Nicolas Capeyron à droite © Jean-Pierre Stahl

L’équipe de « 12 bouteilles.com » avec Brigitte Carret à gauche et Nicolas Capeyron à droite © Jean-Pierre Stahl

Dans le négoce du vin depuis 1996 avec Bord’O Vins Fins, Nicolas Capeyron rejoint par Brigitte Carret en 2004 ont créé « 12bouteilles.com » en 2012. Un site qui décolle vraiment depuis un peu plus d’un an et qui propose 443 références de vins et 12 de champagnes.

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Le concept est plutôt original et branché : ils proposent un carton de 12 bouteilles que l’on peut panacher à sa guise, selon ses goûts et fonction de son budget. Pour ceux qui n’auraient pas trop d’idées, le site « 12 bouteilles.com » propose aussi des formules toutes faites, des cartons de saison ou des cartons de rosés, ou encore des cartons marrants comme le package du gendre idéal intitulé « Merde, mes beaux-parents viennent dîner »

Ce qui nous intéresse, c’est que l’internaute choisissent des vins différents, qui correspondent à ses goûts et qu’il consomme, des vins prêts à boire », Nicolas Capeyron de 12 bouteilles.com

Nicolas Capeyron et "12 bouteilles.com" en plein coeur de Bordeau cour du XXX Juillet © JPS

Nicolas Capeyron et « 12 bouteilles.com » en plein coeur de Bordeau cour du XXX Juillet © JPS

Le prix moyen que met le consommateur : 360 euros pour le carton de 12, il existe aussi des cartons de 6 (180 en moyenne) avec des vins pour se faire plaisir, de bonne qualité, les classes moyennes ou supérieures en redemandent paraît-il:

« Vraiment, nos clients sont à Paris, car ils habitent tous dans des appartements, ils n’ont pas la possibilité de mettre leurs vins dans des caves comme on a à Bordeaux », explique Brigitte Carret co-fondatrice du site avec Nicolas Capeyron. Evidemment leur concept s’adresse à tout le monde, et pas uniquement aux Parisiens, il font aussi un « carton » dans le sud-est de la France.

Fabrice Bernard, directeur général délégué chez Millesima © Jean-Pierre Stahl

Fabrice Bernard, directeur général délégué chez Millesima © Jean-Pierre Stahl

Parmi les pionniers de la vente à distance, bien sûr il y a Millésima« Tout a démarré avec le minitel » avec l’enseigne qui s’appelait Vins des Grands Vignobles, « cela représentait 10% du chiffre d’affaire », rappelle Fabrice Bernard, fils de Patrick et descendant du fondateur Lucien Bernard, qui a débuté quai de Paludate à Bordeaux comme distillateur, éleveur et négociant de Brandy pur vin à Bordeaux.

Aujourd’hui les ventes sur internet, c’est 85 % de notre chiffre d’affaire… Sachant qu’aujourd’hui, nous avons une croissance de 15% par an, donc 15% de croissance par an depuis 7 ans, on est plutôt fier de cela », Fabrice Bernard directeur général délégué chez Millésima

vin et internet 014Les caisses sont garanties en provenance directe de la propriété au chai. Une traçabilité qui continue ensuite du chai quai de Paludate vers le consommateur qui commande derrière son écran d’ordinateur.

Millésima commercialise ainsi 40 % en France et 60 % à l’export, aujourd’hui cette grosse maison de négoce bordelaise (18 millions de chiffre d’affaire) distribue ses caisses dans 102 pays dans le monde: ses principaux clients se trouvent en Allemagne, en Suisse, aux Etats-Unis, en Belgique, à Hong-Kong, en Grande-Bretagne, Italie, Autriche…

Un site bien alimenté en informations sur chaque bouteille et chaque domaine, avec également 750 vidéos sur les propriétés © Jean-Pierre Stahl

Un site bien alimenté en informations sur chaque bouteille et chaque domaine, avec également 750 vidéos sur les propriétés © Jean-Pierre Stahl

Fabrice Bernard explique: « Là, par exemple, c’est une palette qui va partir pour Hong-Kong… On va rajouter dessus une couverture thermique, un carton assez épais, et des bandes de sécurisation pour être sûr que la palette ne soit pas ouverte. C’est extrêment important qu’une caisse de vin n’ait pas de trop fort choc thermique, avec une couverture thermique, un carton et un véhicule et un chai climatisés à la réception on enlève tous ces problèmes-là. »

Les commandes de bouteilles concernent à 66 % des vins de Bordeaux, 14 % du Champagne, 10% du Bourgogne, puis de la vallée du Rhône ou d’Italie.

Fabrice Bernard et sa vache fétiche de la Cow Parade à Bordeaux, mascotte de la Bibliothèque Impériale © Jean-Pierre Stahl

Fabrice Bernard et sa vache fétiche de la Cow Parade à Bordeaux, mascotte de la Bibliothèque Impériale © Jean-Pierre Stahl

Et de donner quelques ficelles qui font aujourd’hui le succès de ce site avec plus de 100 000 likes sur Facebook :

« Un site, il a besoin d’être rassurant, ce qu’il faut savoir c’est que  60 % des personnes qui vont sur un site internet marchand viennent chercher de l’information donc avant de vendre il faut pouvoir informer nos clients », avec notamment 750 videos postés, et puis pour le site il est important de sortir parmi les premières recherches effectuées : « si t’es pas référencé dans les 5 premiers sur internet, c’est mort »

2,5 millions de bouteilles dans les chais de Millésima dont les plus grands noms de Bordeaux © JPS

2,5 millions de bouteilles dans les chais de Millésima dont les plus grands noms de Bordeaux © JPS

Avec 2,5 millions de bouteilles dans ses chais, Millésiama est devenu l’un des leaders mondiaux de vente sur internet. Un affaire qui marche si bien que ce négociant bordelais s’apprêt à construire un nouveau chai robotisé.

Guillaume Cottin, le Président de la Vinothèque de Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

Guillaume Cottin, le Président de la Vinothèque de Bordeaux © Jean-Pierre Stahl

Des sites qui ont une véritable identité et aussi pignon sur rue, c’est ce que recherche l’acheteur potentiel. La Vinothèque de Bordeaux, enseigne reconnue comme l’un des plus vieux cavistes cour du XXX Juillet à Bordeaux, près du Grand Théâtre, s’est lancé en 2009 dans la vente en ligne.

Des noms de châteaux prestigieux disponibles mais aussi de bonnes affaires © JPS

Des noms de châteaux prestigieux disponibles mais aussi de bonnes affaires © JPS

Noémie Lavigne, directrice commerciale et marketing de la Vinothèque explique comment leur site attire et fidélise :« toutes les semaines, on essaie de varier les promotions, les thèmes, actuellement on est sur les seconds vins du millésime 2012; on rebondit sur l’actualité, on a aussi des sorties comme le château Yquem 2013 que les clients attendaient, il y a un enthousasme des internautes. Le choix est très large, la concurrence est assez féroce, il faut agir le prix c’est le levier qu’on a pour intéresser le client. »

Noémie Lavigne, directrice commerciale et marketing de la Vinothèque © JPS

Noémie Lavigne, directrice commerciale et marketing de la Vinothèque © JPS

Guillaume Cottin, Président de la Vinothèque, confirme cet engouement: « Internet aujourd’hui représente 40% des vins livrables et 90% des ventes en primeurs. Ca a permis de faire évoluer le magasin et d’avoir plus de références de vins, on s’est développé sur d’autres régions sur internet… »C’est un projet d’avenir car un magasin est limité dans le temps et dans l’espace alors qu’internet est sans limite. » Le nombre de sites de vente de vins serait aujourd’hui de plus de 300 en France.

Pour être tout-à-fait complet, on ne peut pas faire l’impasse sur l’échec cuisant, pour ne pas qualifier d’arnaque (la justice le dira), du site 1855.com. 11 000  clients s’estiment lésés avec un préjudice estimé à 40 millions d’euros. Même la famille Bettencourt-Meyers avait investi dans cette aventure qui aussi avait eu une expérience malheureuse en bourse. Des déboires qui ont fait du mal et jeté le doute sur la sécurisation des achats en ligne. Fort heureusement, les moutons noirs ne sont finalement que très peu. Côté Châteaux a voulu mettre l’accent sur ces sites en ligne qui affichent une bonne santé et donnent de nombreux gages de sécurité des transactions.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Olivier Prax suivi de la chronique de Frédéric Lot :