23 Jan

La taille hivernale de la vigne ou le doux chant du sécateur…

Partout dans le vignoble bordelais, des petites mains s’affairent dans les rangs de vigne. Ils taillent selon un savoir faire transmis de générations en générations. Différents types de taille s’offrent à eux. Explications avec les frères Todeschini et François Despagne, en Castillon et Saint-Emilion.

Karl Todeschini, château la Brande, nous dévoile une taille en cordon de royat sur ce pied de cabernet franc © Jean-Pierre Stahl

Karl Todeschini, château la Brande, nous dévoile une taille en cordon de royat sur ce pied de cabernet franc © Jean-Pierre Stahl

Voici venu le temps du chant du sécateur…

De décembre à début mars, dans les Castillon, Côtes de Bordeaux, les 4 tailleurs du château la Brande doivent avoir un sérieux coup d’oeil car en une fraction de secondes, ils vont choisir de tailler le pied de merlot en guyot simple ou en guyot double si le cep est plus robuste.

« Ceci est le vieux bois, ce vieux bois ne nous intéresse pas, nous le supprimons », explique Karl Todeschini ingénieur agronome. »Après on s’aperçoit qu’on a le même aste sur le côté gauche et sur le côté droit. La sève montant du sol va pouvoir se répartir de manière homogène à gauche et à droite.On regarde le nombre de bourgeons: 1,2,3….6,7, ceci nous convient et le pied de vigne est taillé parfaitement. »

La taille en guyot double © JPS

La taille en guyot double © JPS

Pour le guyot double, cette taille permet, dans des vignobles à densité moyenne  de plantation, une répartition équilibrée de la vendange et donc une parfaite maturation des raisins.

Les salariés sont équipés de sécateurs électriques © JPS

Pas plus de 30 secondes à 1 minute en moyenne par pied, ça c’est le principe, mais parfois cela peut prendre un peu plus de temps pour une taille en cordon de royat, un peu plus technique, choisie pour le cépage cabernet franc. Karl Todeschini a été l’un des précurseurs de cette taille en Castillon. De part et d’autre des 2 bois, on va laisser 3 cots qui porteront les fruits.

Le cordon de royat favorise aération, ensoleillement et zone fructifère très étalée », Karl Todeschini château Mangot

Vient ensuite le tirage des bois, on fait tomber les rameaux, ils seront broyés comme c’est le cas au château Mangot Saint-Emilion Grand Cru, pour disposer aux pieds (1/3 des apports nutritifs est restitué au sol) ou encore brûlés.

Karl et Yann Todeschini devant le château Mangot © Jean-Pierre Stahl

Yann et Karl Todeschini devant le château Mangot © Jean-Pierre Stahl

Mais tout est  codifié pour chaque appellation dans un cahier des charges précis: à Sain-Emilion pas plus de 12 bourgeons francs et 8000 kilos de raisins à l’hectare avec un minimum de 5500 pieds plantés.

« Si le vigneron décide d’avoir une taille longue et de pousser les rendements au maximum de l’autorisation, il peut avoir un contrôle par la suite s’il dépasse la quantité de kilos/hectares »,Yann Todeschini oenologue du château Mangot.

Aux châteaux la Brande, Mangot et encore Grand Corbin Despagne, cru classé de Saint-Emilion, la taille se fait en interne par des salariés très qualifiés pour un travail de qualité. François Despagne, oenologue, 20e génération de vigneron confirme l’importance du travail de la taille:

« Laisser trop de bois sur un pied qui ne peut pas le nourir, on va avoir des raisins qui n’arriveront pas à bonne maturité, on n’aura pas une bonne floraison, il va même y avoir des risques de maladies

Justement c’est cette bonne adéquation entre la charge de la vigne et la vigueur du pied de vigne est fondamentale pour la qualité. » François Despagne propriétaire de Grand Corbin Despagne

Le résultat se ressent par la suite dans la bouteille , dans les chais de Grand Corbin Despagne © Jean-Pierre Stahl

Le résultat se ressent par la suite dans la bouteille , dans les chais de Grand Corbin Despagne © Jean-Pierre Stahl

Entre la taille, la floraison, la vendange et l’élevage, beaucoup d’étapes et de patience pour au final espérer le meilleur résultat, le plus beau nectar.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Thierry Julien suivi de la chronique de Frédéric Lot.