08 Jan

Patrick Pelloux, un Charlie témoigne: « on tient pour qu’ils ne soient pas morts pour rien »

« On tient pour qu’ils ne soient pas morts pour rien ». Ce sont les premiers mots poignants de Patrick Pelloux invité du journal de David Pujadas ce soir sur France 2. Patrick Pelloux très marqué a été l’un des premiers sur les lieux du drame hier, voyant et portant secours aux Charlies, ses amis, à terre. Il était en retard à la conf de rédac chez Charlie.

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« Je ne sais même plus si je vais. Moi ça n’a pas vraiment d’importance, il y a toutes les familles des victimes, que ce soit de Charlie ou les familles des policiers ou du technicien qui ont été abattus. 

On vit un drame national qui dépasse Charlie. On tient parce ce que ceux qui sont morts ne doivent pas être morts pour rien. Ils ont été attaqués alors que la conférence de rédaction, le thème du journal, c’était la lutte contre le racisme. On continuera à en faire car ils ne sont représentatifs de rien ceux qui ont tué mes amis.

Je pense sans arrêt à mes amis, a eux, et comme on a décidé de faire le journal, j’ai l’impression que Charb va m’appeler tout à l’heure, pour me donner des éléments….

Quand vous voyez l’élan au niveau national et au niveau mondial, vous vous dites vraiment que ce journal a apporté quelque chose a la liberté. Ce n’est pas un journal qu’on a frappé, mais on a frappé l’ensemble des journaux. On a un besoin d’intellectualiser le monde moderne pour ne pas repartir dans des idées moyenâgeuses.

Quand vous voyez les gens qui ont fait cette minute de silence, c’est merveilleux. Et j’espère qu’on sera le plus nombreux possible dans les villes pour les manifestations dimanche.

Il n’y a aucune dictature, aucun intégrisme qui manie l’humour, l’humour c’est fait par des gens qui savent ce qu’est la culture, le goût des autres, c’est ça qu’on va continuer à porter.

CaptureLes policiers ont été exemplaires… On s’ en moquait avec Charb , on disait on va dire aux policiers de ne plus venir…Et puis on n’était pas rassuré, il avait peur souvent…Ils ont tué des pacifistes, des gens extrêmement tolérants qui caricaturaient toutes les religions de la même manière, sans haine.

Au Samu, on s’était dit il faut se préparer à une fusillade, comme à Toulouse ou en Belgique. Mais je ne pensais pas que ça nous toucherait comme ça. On était optimiste avec certains élans démocratiques et plutôt laïcs dans des élections récentes dans des pays. On avait reçu des caricaturistes algériens, tunisiens, il y avait beaucoup d’échanges avec ces artistes, car le caricaturiste est à la fois journaliste, dessinateur, artiste. Ce sont des artistes. On ne s’attendait pas à ça. Personne ne peut s’attendre à ça. On ne peut même pas dire que ce sont des fous car c’est insulter les fous en fait.

 Ce matin, on s’est réunit. Ca a été douloureux car il en manquait. On a décidé de sortir le journal. Charb, il m’aurait engueulé, il voulait jamais qu’on s’arrête de travailler.Wolinski c’est pareil. C’est important de sortir un journal. C’est la démocratie, c’est la vie. Ca va continuer !

Vraiment une société humaniste elle rit et elle sourit, les dictatures ne savent jamais rire ni sourire. »

Union nationale au nom de Charlie

A Bordeaux, en Aquitaine, comme partout en France, des milliers d’anonymes se sont rassemblés à 12h pour une minute de silence et un hommage national pour la mémoire des victimes de Charlie Hebdo. Tous ont brandi leur affichette « Je suis Charlie »

Les personnels de © France 3 Aquitaine réunis à 12h devant l'entrée principale

Les personnels de © France 3 Aquitaine réunis à 12h devant l’entrée principale

Les réactions dès hier hoir à Bordeaux, où on a dénombré 3000 à 5000 personnes, et partout en Aquitaine montrent ce sentiment d’union nationale: voyez ce reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Bruno Ardouin, Pascal Tinon, René Garat et Rémi Poissonnier: