14 Déc

Bordeaux Tasting: la classe, ces « Master Class » !

Le volet vino-pédagogique, c’est aussi la colonne vertébrale de Bordeaux Tasting. L’Ecole du Vin y dispense 11 sessions, les 5 Master Class privilégient elles des rencontres avec de grandes écuries du monde du vin. Voici la Master Class avec Jean-Philippe Delmas de la Mission Haut-Brion et Gérard Basset meilleur sommelier du monde 2010, animée par Rodolphe Wartel de Terre de Vins.

Gérard Basset, Jean-Philippe Delmas et Rodolphe Wartel © Jean-Pierre Stahl

Gérard Basset, Jean-Philippe Delmas et Rodolphe Wartel © Jean-Pierre Stahl

La Master Class, c’est un peu la télé réalité du monde du vin, la classe en plus. Réalité car vous êtes en prise directe avec des managers de grands domaines comme Jean-Philippe Delmas, directeur général de la Mission Haut-Brion (responsable aussi du petit château en face, le très célèbre 1er cru classé de Graves, le château Haut-Brion) ; la classe, car vous pouvez boire les commentaires de Gérard Basset, the best of the best sommelier du monde 2010…

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Château la © Mission Haut-Brion, cru classé des Graves

Comme le rappelait Terre de Vins et Jean-Philippe Delmas, la Mission Haut-Brion a été créée par la famille de Lestonac au début du 16ème siècle. Elle doit son nom aux Lazaristes, « les prêtres de la Mission » qui en étaient propriétaires de 1682 jusqu’à la Révolution Française.

Les 26 hectares de la Mission sont exploités en cabernet sauvignon (47% ), merlot (42%) et un peu de cabernet franc (10%).  Depuis 1983, il sont la propriété du Domaine Clarence Dillon.

Gérard Basset, meilleur sommelier du monde, Jean-Philippe Delmas de la Mission Haut-Brion et Rodolphe Wartel de terre de Vins. © JPS

Gérard Basset, meilleur sommelier du monde, Jean-Philippe Delmas de la Mission Haut-Brion et Rodolphe Wartel de terre de Vins. © JPS

Jean-Philippe Delmas continue de dépeindre l’histoire de ce fabuleux château: « en 1935, Clarence Dillon, banquier new-yorkais, rachète Haut-Brion par passion, là où tout était à vendre. On sait qu’il a également visité Cheval Blanc, Château Margaux, qui eux aussi étaient à vendre dans un marasme économique ambiant. Il faut imaginer qu’avant cette vente, l’ancien propriétaire avait voulu en faire don à l’Académie des Sciences de Bordeaux qui avait refusé faute de pouvoir l’entretenir »

La Master Class de la Mission Haut-Brion © JPS

La Master Class de légende de la Mission Haut-Brion © JPS

Par la suite, la Mission Haut-Brion devient propriété de la Duchesse de Mouchy et de son fils, le Prince de Luxembourg. « Il n’avait que 14 ans lorsque sa mère a signé l’acquisition et était interne à Sussex, en Angleterre. Elle lui a demandé de venir en expliquant que ce moment était historique pour la famille », confie Jean-Philippe Delmas, le directeur de la propriété.

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« Je l’appelle Monsieur, même si sa vrai dénomination, c’est Monseigneur. Sa mère venait tous les Noël et Nouvel An avec ses enfants Robert et Charlotte quand ils étaient jeunes. Ils ne connaissaient pas grand chose et pas grand monde. Alors elle me demandait de sortir Robert et Charlotte à Bordeaux ».

Des anecdotes, les explications, s’enchaînent rythmées par Rodolphe Wartel, maître du timing, car cette petite Master Class va durer tout de même 1h30…

Dans cette verticale, des millésimes 2003 à 1995, c’est tout d’abord ce millésime de l’année caniculaire (2003) qui est proposé à la dégustation: « c’est des vins prêts à boire », souligne Gérard Basset, « beaucoup de fruits, de mûre, de cassis, une finale très épicée… », Sylvie Tonnaire la rédactrice en chef de Terre de Vins spécialiste des accords mets et vins le verrait bien sur « un gibier à plumes, un pigeon rosé ! »

Aurore et Maxime ont reçu en cadeau cette participation à la Master Class de La Mission Haut Brion © JPS

Aurore et Maxime ont reçu en cadeau cette participation à la Master Class de La Mission Haut Brion © JPS

Parmi l’assistance, bien sûr de grands amateurs mais aussi une couple fort sympathique Aurore et Maxime de Bordeaux. Ils étaient déjà venus l’an dernier au 2e Bordeaux Tasting mais c’est une première pour la Master Class: « ma mère nous a offert cela pour mon anniversaire », précise Maxime qui travaille comme commercial chez AG Vins. « Je suis néophyte mais j’apprécie de boire de bons vins », ajoute Aurore.

Vient alors le 2001: « il est à l’ombre de son grand frère le 2000 que tout le monde a attendu comme le messi » rappelle Mr Delmas, « une jolie robe rubis, encore jeune, des nuances de viandes séchées, tanins très mûrs, des notes un peu poivrées et une finale mentolée. » pour Gérard Basset, enfin sur « un joli filet de boeuf rôti avec des poivres que l’on peut varier » pour Sylvie Tonnaire.

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Et que dire du 1999: « cette fameuse année de la tempête »rappelle Rodolphe Wartel le 27 décembre précise-t-il en bon journaliste. « Oui, mais une année très chaude aussi, de janvier à octobre 1999, on a compté 2 degrés de plus que la normale, avec un été pas génial qui n’adémarré qu’à partir du 11 août. » ajoute J-P Delmas. « Des sneteurs de prune, de sous-bois, des nuances de gibiers, en finale des épices auvages. Celui-la je le garderais encore ! »pour Gérard Basset. Quant à l’assortir avec des « viandes rouges, rôties, assortiment sucré-salé coins-girolles. C’est aussi un bonheur à fromages sur des pâtes dures affinées. »

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Ensuite un petit 1998 qui faut-il l’avouer avait la préférence de Côté Châteaux: « un très beau millésime pour la rive droite et les cabernets francs. Cheval Blanc c’est une super bouteille », précise beau joueur Jean-Philippe Delmas. « Une robe grenat, rubis, des notes de cuir, en bouche tendu, puissant. En fin de bouche, sur du gibier et très velouté. Un vin magnifique. » pour Gérard Basset. A marier avec « un civet de sanglier, un coq au vin » pour Sylvie Tonnaire. « Quelque chose de généreux car il y a un boxeur en face » ajoute-t-elle.

Enfin, pour couronner le tout, un 1995: « le début d’une nouvelle ère à Bordeaux après la crise des années 90. C’est cette année où on a parlé du french paradoxe, que certaines personnes du sud-ouest vivaient plus longtemps en mangeant de bons produits du sud-ouest et en buvant un peu de vin chaque jour » précise Jean-Philippe Delmas. « Une couleur grenat, des notes de fruits séchés, de figue, prune, un côté havanne, une finale fumé, vraiment à boire. »  A mettre sur un carpaccio de veau rosé très délicat ou un faisan cocotte. »

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Une délicieuse rencontre avec Jean-Philippe Delmas qui a su captiver son auditoire rappelant au passage que son père était né en 1935 sur la propriété de Haut-Brion, que son père avait pris la suite de son grand-père en 1961 et qu’il avait fait tous les millésimes à partir de 1983. Evidemment avec une telle lignée…mais Jean-Philippe Delmas rappelle surtout qu’il faut rester humble. Une humilité qui plaît à Côté Châteaux qui aime à citer souvent la mère de Napoléon « pourvu que ça dure… »

En tout cas ça a duré 1H30 et c’était captivant.

PS: quant au 2014, il s’annonce non pas dans la lignée des 2009 et 2010; « on a sauvé le millésime avec l’été en automne, de médiocre on est passé à très bon. C’est encore trop tôt pour dire ce qu’il vaudra mais ça devrait être meilleur que les 11, 12 et 13. » selon Jean-Philippe Delmas.

Retrouvez l’album de Bordeaux Tasting 2014

(L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération)