14 Oct

Le règne des méduses, un film de Laurent Lutaud

Samedi 19 octobre à 15:20 sur France 3 Provence-Alpes et Côte d’Azur
et en replay sur notre site web dès la fin de la diffusion.

Depuis une dizaine d’années, de petites méduses violettes reviennent chaque été sur les plages de Méditerranée. D’ autres sont en passe de coloniser la mer du Nord ou s’échouent par milliers sur la côte atlantique… Ces vagues de méduses témoignent d’un déséquilibre de l’écosystème marin dont on comprend encore mal les causes et la portée. Elles intriguent également la communauté scientifique qui se mobilise depuis 10 ans pour tenter de comprendre ce phénomène de prolifération.

Laurent Lutaud, documentariste chevronné, nous entraîne dans une enquête à rebondissements. Malgré une aversion solidement ancrée dans notre mental à l’égard de ces êtres visqueux qui viennent troubler nos baignades estivales, il arrive, grâce aux plaidoyers très convaincants des scientifiques, à nous les rendre plus fréquentables, toutes proportions gardées.

Spécialistes penchés sur les aquariums où ils élèvent et auscultent Pelagia Noctiluca ou Aurelia Aurita. Pêcheurs dont c’est devenu le cauchemar. Elus qui joignent leurs efforts pour offrir à la population estivale des bulletins de prolifération quotidiens, toutes ces paroles données font de ce documentaire une belle enquête d’intérêt public majeur.

 

pecheur_bandeau

 

Laurent_lutaud

PZ : Après avoir vu votre film on en sort beaucoup plus tolérant à l’égard des méduses qu’auparavant. Avez-vous eu à prendre sur vous pour vous « attaquer » à ce sujet, urticant par excellence ?

LL : Non, j’aime beaucoup le milieu marin et c’était plutôt un plaisir d’essayer de mieux comprendre cet organisme et son mode de fonctionnement. Car j’ai l’impression que la méduse reste un animal méconnu du grand public. Et cette part de mystère était assez attirante…

PZ : Comment avez-vous appréhendé le sujet ?

LL : C’est l’aspect humain qui m’a intéressé au départ : Comment doivent s’organiser les pêcheurs, les baigneurs, les pompiers ou les élus pour faire face à ce problème ? C’était ma question de départ. L’aspect scientifique est venu plus tard. Car pour comprendre le phénomène de prolifération et ses conséquences, il fallait aussi comprendre les méduses, leur mode de vie, de reproduction, etc.

PZ : C’est, pour beaucoup, la parole des scientifiques qui nous convainc de changer notre attitude face à ces proliférations. Pensez-vous qu’il faille faire preuve de « prosélytisme » vis-à-vis du grand public car si l’on comprend bien, le problème ne se résoudra pas si facilement?

LL :  Non, ce n’est pas une question de prosélytisme, mais plus de pédagogie. Je crois qu’en comprenant mieux le problème et les enjeux des proliférations, on arrive à relativiser et à prendre du recul face à ce phénomène. Effectivement, il y plus de méduses ces dix dernières années, mais (pour l’instant) ce n’est pas une catastrophe inéluctable. « Il faut prendre conscience du problème et essayer d’agir », c’est le message que nous livrent les scientifiques dans le film. Par exemple, avec le moratoire sur la pêche du thon, qui permettra sans doute de limiter les arrivées de Pelagias. Ou en réduisant la pollution…

PZ : Ces animaux sont de beaux sujets à l’image. Où avez-vous tourné et  quels moyens techniques avez-vous mis en œuvre pour  les filmer ? La musique est-elle une création originale ?

LL : Nous avons tourné dans différents aquariums : Monaco et Lille et dans les laboratoires de Villefranche-sur-Mer et de Marseille où sont étudiées les méduses. Nous avons utilisé une caméra classique HD et une petite caméra sous-marine pour les images dans l’eau. Quant à la musique, nous l’ avons trouvée. Je travaille souvent avec un éditeur de musique Audionetwork qui fait travailler de jeunes compositeurs. Nous avons donc choisi dans leur catalogue, auprès de compositeurs dont j’aime bien l’univers.

propos recueillis par Pernette Zumthor-Masson 

 

Une production
MonkeyBay, France Télévisions,
Ushuaïa TV & CNRS Image – 2013