03 Avr

Portrait : la dame de L’Epée

J’aurais pu l’écouter des heures …

Noëlle Grimme est une femme passionnée et passionnante.
Elle se dit « ordinaire » et pourtant, elle a eu un destin extraordinaire.

C’est elle, le 17 septembre 1996, qui tape du poing devant une horde de CRS et qui leur crie sa colère :

«Bande de salauds, qu’est-ce que vous faites, contre notre usine, contre des femmes, vous n’avez pas de femmes, pas de filles, vous n’avez pas honte contre des femmes qui défendent leur emploi !!»

Une colère qui résonne encore dans le Pays de Montbéliard.
L’entrée des CRS, à coups de hache, est le point d’arrêt d’une lutte sociale sans précédent.

Des souvenirs qui suscitent encore une vive émotion chez Noëlle et pour cause : son histoire est indissociable de celle de L’Epée à Sainte-Suzanne.

C’est en 1973 qu’elle pousse pour la première fois les portes de la dernière manufacture horlogère de France, elle y est alors embauchée comme ouvrière. Sa vie est sur le point de basculer.

Au fil des années, la ténacité et le charisme de Noëlle Grimme séduisent et en font même un leader naturel. Elle devient déléguée syndicale CGT.

Animée par la passion, elle est de tous les combats pour sauver L’Epée en difficulté financière.

Tout le monde se rappelle du « bisou » de Jacques Chirac, donné à la représentante syndicale lors d’une visite présidentielle et du temps des promesses.

Et pourtant, son ultime lutte, c’est avec toutes les « petites mains » de l’entreprise qu’elle l’a menée, en vain…
En 1996, elles occupent pendant des mois leur manufacture menacée de fermeture. C’est devant les CRS, qu’elles baisseront leurs armes : L’Epée n’est plus dans le Pays de Montbéliard.

« Du grand gâchis » pour Noëlle Grimme, aujourd’hui retraitée. Surtout que le cœur de L’Epée continue à battre, juste de l’autre côté de la frontière à Delémont. La marque a été rachetée par une entreprise suisse et les pendulettes se vendent encore dans le monde entier.

Reportage Lucile Burny et Philippe Trzebiatowski :