22 Juin

Limiter à 70 ans l’âge des candidats à une élection, ou comment renouveler massivement les parlementaires auvergnats

Dans un rapport remis lundi matin à Patrick Kanner, ministre de la ville de la jeunesse et des sports, le laboratoire d’idées France Stratégie suggère de plafonner à 70 ans l’âge d’un candidat aux élections. Si l’idée venait à être adoptée en 2017 (on en est loin), les parlementaires auvergnats seraient massivement poussés vers la sortie.

Intitulé « Reconnaître, valoriser, encourage l’engagement des jeunes« , le rapport avait été commandé en décembre dernier par le ministre. Il passe en revue tout un tas de domaine et présente plusieurs pistes pour donner à la jeunesse une place plus importante dans la société.

Ainsi, le chapitre 21 est consacré au rajeunissement des institutions démocratiques. On peut y lire une idée pour le moins détonante, qui risque de susciter un vif débat (avant de finir dans un carton ?) : plafonner à 70 ans l’âge des candidats aux élections, qu’elles soient parlementaires ou locales. On imagine déjà que l’idée sera diversement appréciée d’une tranche d’âge à l’autre alors que Patrick Kanner, dans le préambule de ce rapport de 77 pages, estime qu’une « nation qui n’a pas confiance en sa jeunesse est une nation qui n’a pas confiance en son avenir« .

Justement, l’avenir, quid de celui des parlementaires auvergnats si cette idée devenait un jour une loi ? Parmi les douze députés et huit* sénateurs auvergnats, la moitié ne serait pas éligible lors du prochain renouvellement de leurs assemblées respectives en 2017. Cinq députés et cinq sénateurs auvergnats auront passé le cap des 70 ans. Il s’agit des députés de l’Allier Guy Chambefort (PS) et Gérard Charasse (PRG), du député du Cantal Alain Marleix (Les Républicains), et des députés du Puy-de-Dôme Danielle Auroi (Europe Ecologie-Les Verts) et Odile Saugues (PS). Quant à Gérard Dériot (apparenté Les Républicains, Allier), Gérard Roche (UDI, Haute-Loire), Michèle André (PS, Puy-de-Dôme) et Alain Néri (PS, Puy-de-Dôme), ils seraient amenés à quitter le Palais du Luxembourg au prochain renouvellement dans leur circonscription, idem pour Jacques Mézard, réélu en 2014 au Sénat, qui aura 70 ans à la fin de 2017.

Pour rajeunir nos assemblées parlementaires, le laboratoire d’idées France Stratégie a d’autres propositions comme celle qui fixe à trois le nombre maximum de mandats parlementaires ou exécutifs locaux successifs. Les rapporteurs mettent en avant que « selon le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, à la suite des élections législatives de 2012, 120 députés sur 577 étaient présents sur les bancs de l’Assemblée nationale depuis quinze ans, soit 4 mandats successifs, et 8 députés avaient accompli entre 8 et 11 mandats, ce qui signifie qu’ils étaient entrés à l’Assemblée entre 1978 et 1981« .

Ces cumulards dans le temps, on en trouve en Auvergne et il occupe depuis fort longtemps, pour certains, un siège au Palais Bourbon. Ainsi le Cantalien Alain Marleix, élu pour la première fois à l’Assemblée Nationale en 1993, assume actuellement un 5ème mandat (après avoir été député européen de 1984 à 1993. Gérard Charasse dans l’Allier, Jean-Paul Bacquet et Odile Saugues dans le Puy-de-Dôme, affichent déjà quatre mandats de député. Le communiste André Chassaigne bouclera son 3ème mandat à l’issue de cette XVIème législature. Chez les sénateurs, Gérard Dériot compte trois mandats, alors qu’Alain Néri, locataire du Palais du Luxembourg depuis 2011, venait d’enchaîner cinq mandats au Palais Bourbon.

Enfin, parmi les autres propositions listées pour favoriser l’émergence de la jeunesse dans le fonctionnement des instances démocratiques du pays, le rapport suggère également, en cas d’égalité des suffrages à une élection, de supprimer le privilège de l’âge et de le remplacer par une prime à la jeunesse.

*L’élection de l’UDI Pierre Jarlier au Sénat a été invalidé en juin 2015 après le rejet de ses comptes de campagne