14 Fév

C’est un cinéma audacieux qui a été primé à Clermont-Ferrand

ceremonie2Le palmarès du 38ème festival du Court-Métrage salue un cinéma jeune et audacieux, quelques gestes de génies et promet un cinéma plutôt créatif pour les années à venir.

Alors c’est sûr, tu fais des pronostics. Tu aurais bien aimé que ce petit film qui t’a retourné les tripes ou celui-là, qui t’a musclé les zygomatiques pendant plus d’un quart d’heure, fassent partie du palmarès…  Sauf qu’à Clermont-Ferrand, il y a toujours un jury pour te remettre en question. Donc tu y retournes, tu vas voir ce qui t’a échappé dans Les Amours vertes de Marine Atlan, grand prix du jury national, ou dans le très beau Les choses simples d’Alvaro Anguita, grand prix du jury international. Car non, aimer un film, ce n’est pas évident, surtout dans le cas du premier. Dans le film de Marine Atlan, on bascule sans arrêt entre réalité déconcertante et fantasme. La réalisatrice s’amuse avec les codes du documentaire pour nous raconter l’histoire de la petite Camille aux prises avec une passion amoureuse qui la dépasse. Un sentiment nouveau qui d’abord, la dépasse de quelques années puisque le jeune homme dont elle tombe amoureuse est d’au moins dix ans son aîné. Un sentiment qui la dépasse aussi parce qu’elle ne sait pas trop quoi en faire: de regarder de loin son premier amour semble l’a contenter jusqu’au moment où les autres, au détour de conversations, verbalisent ce qui lui arrive. Elle est amoureuse et c’est bien tout ce qui se passe dans ce film. Pourtant, on en ressort avec l’impression d’avoir rencontré tout un tas de gens et écouté bien plus d’une histoire. La jeune réalisatrice semblait réellement étonnée de recevoir le grand prix samedi soir lors de la cérémonie de clôture. Selon elle, la structure narrative de son film est assez particulière mais c’est justement cette particularité, cette manière de raconter l’histoire de Camille en faisant parler les autres qui a sûrement plu au jury.

Les choses simples peuvent aussi faire un bon film

Dans Las cosas simples (Les choses simples) d’Alvaro Anguita, Pénélope, quadragénaire, vit seule avec sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. Un jour, elle rencontre Ulises, un vieil homme indigent qui a perdu la mémoire et ses papiers. Elle réussit à le convaincre qu’il est son père et qu’il doit rentrer pour s’occuper de sa femme. Peu de temps après, elle apprend qu’Ulises est recherché par la police. Finalement, son nouveau père s’est pris au jeu et, en bon mari, s’occupe bien de sa femme. Simples, les choses semblent toujours l’être dans ce film qui ne cesse de vouloir nous emmener sur une histoire plus complexe mais qui finalement y renonce, comme si Alvaro Anguita, également scénariste sur ce film, ne cessait de nous répéter que la réalité est bien assez romanesque et que ça ne vaut pas la peine d’en rajouter. Le réalisateur maîtrise parfaitement l’art du MacGuffin, ces mauvaises pistes inventées par Hitchcock, et nous mène très loin pour finalement nous raconter la même histoire, au début et à la fin, celle d’une femme désespéré face à la dégénérescence inéluctable de sa mère.


La cérémonie de clôture du 38e festival du Court-Métrage

Palmarès international

Grand prix : Las Cosas Simples (Les choses simples) de Alvaro Anguita, Chili/26’

Prix Spécial du Jury : Die Badewanne (La baignoire) de Tim Ellrich, Autriche/12’

Prix du Public : Madam Black de Ivan Barge, Nouvelle-Zélande/11’

Prix du Meilleur film d’animation : Dernière porte au sud de Sacha Feiner, Belgique/France/14’

Prix Etudiant : Babor Casanova de Karim Sayad, Algérie/Suisse/35’

Prix Canal + : El Hueco (Le trou) de Daniel Martin Rodriguez et German Tejada, Pérou/14’

Palmarès Labo

Grand Prix : Eden’s Edge (Three shorts on the Californian desert) [Aux confins de l’Eden, trois courts métrages dans le désert californien)] de Leo Calice et Gerhard Treml, Autriche/19′

Prix spécial du Jury : Hotaru de William Laboury, France/21’.

Prix du Public : Ghost Cell de Antoine Delacharlery, France/6’

Prix Canal + : Greener Grass (L’herbe sera plus verte) de Paul Briganti, Etats-Unis/15’

Palmarès National

Grand Prix : Les amours vertes de Marine Atlan (32’)

Prix Spécial du Jury : Le repas dominical de Céline Devaux (14’)

Prix du public : Ennemis intérieurs de Sélim Azzazi (28’)

Prix égalité et diversité : Réplique de Antoine Giorgini, France/Belgique (19’)

Prix de la meilleure musique originale : Pierre Caillet pour Dans les eaux profondes de Sarah Van Den Boom, France/Canada (12’)

Prix de la meilleure photographie : Paul Guilhaume pour L’île jaune de Paul Guilhaume et Léa Mysius (30’)

Prix du meilleur film d’animation francophone : Le repas dominical de Céline Devaux (14’)

Prix de la meilleure première œuvre de fiction : Au bruit des clochettes de Chabname Zariab, France/Tunisie (26’)

Prix Adami d’interprétation (meilleure comédienne) : Florence Fauquet dans Une sur trois de Cecilia de Arce (19’)

Prix Adami d’interprétation (meilleur comédien) : Eddy Suiveng dans Réplique de Antoine Giorgini, France/Belgique (19’)

Prix Etudiant : Ennemis intérieurs de Sélim Azzazi (28’)

Prix Canal + : Fais le mort de William Laboury (9’)

Prix de la Presse Téléram : Le gouffre de Vincent Le Port (52’)

Prix du rire « Fernand Raynaud » : Première séance de Jonathan Borgel (10’).

Prix procirep du producteur de court métrage : Je suis bien content.

Bourse des festivals : La troisième guerre de Giovanni Aloi

Mention spéciales du Jury International

Uzak Mi… (Lointain…) de Leyla Toprak, Turquie (16′)

Panorama de Virgina Urreiztieta, Vénézuela (20′)

Nomination European Film Awards

In the distance (Au loin) de Florian Grolig, Allemagne (7′)

Mention Spéciale du Jury Labo

The Reflection of power (Le reflet du pouvoir) de Mihai Grecu, France (9′)

Mentions spéciales du Jury National

Fuck l’amour de François Zabaleta (6′)
Le gouffre de Vincent le Port (52′)
Isabel Pagliai et Julien Guillery pour la photographie de Isabelle Morra de Isabel Pagliai

Mention spéciale de la presse Télérama

Réplique de Antoine Giorgini, France, Belgique (19′)

Coup de coeur Canal + family

Pourquoi les vaches ont des taches ? de Nina Degrendel et Soizic Delon, France (5′)

Prix Orange

A géométrie variable de Marie-Brune de Chassey, Belgique (4′)