27 Jan

Rien de plus beau que les étreintes du FRAC Auvergne

Claire TABOURET, Les mangeurs 3, 2013, acrylique sur toile, 41x33cm Yan PEI-MING, L'Homme le plus puissant, 1996, huile sur toile, 340x400 cm

Claire TABOURET, Les mangeurs 3, 2013, acrylique sur toile, 41x33cm
Yan PEI-MING, L’Homme le plus puissant, 1996, huile sur toile, 340×400 cm

A quoi tient la beauté des étreintes ? C’est le nom de la nouvelle exposition du FRAC Auvergne, qui présente soixante-cinq œuvres de sa collection, dont une grande partie a été acquise ces deux dernières années, et sera présentée pour la première fois.

La beauté d’une oeuvre dépend du regard du spectateur. Cet échange n’est pas automatique mais c’est quand il existe que la beauté s’invite.

Dans la scénographie choisie par le Frac Auvergne pour cette exposition, tout est fait pour créer un affect très fort entre le spectateur et l’oeuvre. L‘espace est installé par thème.

Une salle, une thématique. D’abord, la famille avec l’Homme le plus puissant, portrait majestueux du père de l’artiste Yan Pei-Ming, entouré par deux tableaux de Claire Tabouret : un jeune enfant au visage innocent, mais légèrement arrogant et une peintures de jeunes adolescentes. Ce tableau, assez hypnotisant, donne une sensation de confusion, on ne sait pas si ces jeunes filles aux longs cheveux qui disparaissent dans les coups de pinceau, avec leurs regards vides, nous rappellent de vieilles histoires de fantômes, ou bien des films de sœurs tels que Mustang (2015) ou Virgin Suicides (1999). Puis la famille s’efface au profit du politique. L’homme le plus puissant est certes le portrait du père de Yan Pei-Ming mais il évoque fortement Mao dont l’artiste a fait de nombreux portraits. Cette signification politique est renforcée par la mise en relation avec la sculpture de Anne Wenzel, située au fond de la salle suivante, qui symbolise la guerre, son idéologie, et les phénomènes commémoratifs. 

A chaque thème, les tableaux se répondent :

« Lorsque des oeuvres se retrouvent exposées dans un même espace, elles se mettent à dialoguer… il y a quelque chose qui circule entre les oeuvres, c’est exactement comme une rencontre amoureuse. » Jean-Charles Vergne, directeur du Frac Auvergne

D’où les étreintes. L’étreinte de Claude Rutault et de Ghada Amer par exemple. L’oeuvre de Claude Rutault n’a aucune existence physique véritable, elle est un certificat, un protocole, et rien que ça, c’est beau.  Il ne peint pas ses œuvres, il réalise des protocoles pour laisser quiconque les faire vivre. Ce protocole intitulé Définition/méthode, stipule que l’oeuvre doit être exposée et être en harmonie, avec un ou plusieurs tableaux. Ici, le tableau choisi est une toile brodée de la Définition de l’amour d’après le Petit Robert, de Ghada Amer. Le final est saisissant : la Définition de l’amour est entourée par des toiles peintes de la même couleur que le mur : un rouge vif passionnel.

Cette étreinte d’œuvres, une mise en abyme de l’exposition entière, est renforcée par la capacité du rouge à diffuser son illusion sur le mur qui lui fait face où se trouvent dix-neuf œuvres de la collection du FRAC Auvergne, photographies, lithographie, et toiles, choisies pour leur force poétique et narrative.

Claude RUTAULT, Définition/méthode 131, 1981, Entourant le tableau, acrylique sur toile, toiles monochromes, dimension variables Ghada AMER, Définition de l'amour d'après le Petit Robert, 1993, fil brodé sur toile, 100x100 cm

Claude RUTAULT, Définition/méthode 131, 1981, Entourant le tableau, acrylique sur toile, toiles monochromes, dimension variables
Ghada AMER, Définition de l’amour d’après le Petit Robert, 1993, fil brodé sur toile, 100×100 cm


La beauté des étreintes au Frac Auvergne

Pour découvrir les diverses thématiques et œuvres proposées par le FRAC Auvergne, et notamment la signification du nom donné à cette exposition, PILS vous conseille d’aller découvrir ces trésors cachés, du 30 janvier au 26 mars 2016. Et si nous nous quittions en beauté sur cette citation de Franz Schrader du livre « A quoi tient la beauté des montagnes », qui n’est qu’un soupçon de ce qui vous attend:

« Parce que celui qui sent une beauté aura toujours raison contre celui qui ne la sent pas; celui qui voit contre celui qui ne voit pas, celui qui s’émeut contre celui qui ne s’émeut pas. »

Adam ADACH, Granica, 2003, huile sur médium, 150x160 cm Silvia HESTNES, Sans titre, 2004, grillage, tissus, épingles, 50 x 60 x50 cm

Adam ADACH, Granica, 2003, huile sur médium, 150×160 cm
Silvia HESTNES, Sans titre, 2004, grillage, tissus, épingles, 50 x 60 x50 cm

 

Article rédigé par Orane Renard.