18 Jan

Le disque du coin: The Marshals, AYMF Session

the marshalsSur la pochette, un môme pose fièrement à côté d’une carcasse de ce qui était peut-être un veau ou un porc avant d’être accrochée par les pattes arrières et éventrée. Qui de Julien Robalo (Guitare, voix), Laurent Siguret (Harmonica) ou Thomas Duchézeau (Batterie) est fils de boucher? Après tout, la photo, pas signée, peut très bien avoir été dénichée dans un vieil album de photos de famille… On l’ignore. Et puis on peut aussi avoir passé son enfance à voir des bêtes se faire découper le bide et jouer du blues comme si on avait passé ses jeunes années dans une série de David Simon.

Mais arrêtons de se laisser distraire par cette très chouette pochette de disque et entrons dans le vif du sujet : enregistré non pas sur les rives du Mississipi mais sur celles de l’Allier, AYMF Session – du nom du studio moulinois (After You My Friend Studio) où ont été débités ces bons morceaux de blues – nous emmène pourtant très loin de l’El Dorado moulinois. Si ces 7 pièces de choix donnent l’impression d’avoir été tranchées dans le vif ce fameux 30 novembre 2013 (jour de l’enregistrement) on a aussi le sentiment que du blues, ce trio de fines lames en a tiré la quintessence après un sacré temps de gestation. Pour preuve, cette reprise d’un titre archi connu d’Hendrix, rock psyché d’une dame électrique à la jeunesse éternelle qui se love dans le blues viril et nonchalant de vieux routards : pour en arriver là, il faut connaître par cœur la musique qu’on veut jouer et être imprégné jusqu’à l’os de celle qui nous a fait grandir.

On peut aussi regretter qu’il n’y ait pas autant d’Hendrix à l’AYMF que du côté du 21 de la rue des Cordeliers et que ces Marshals-là aient un peu trop soigné leur blues en quatre ans. Mais on peut aussi se dire qu’au lieu de nous faire voyager dans le temps, les trois moulinois ont décidé de nous faire voyager tout court. C’est réussi.

The Marshals, AYMF Session, existe en CD/K7 et Version Digitale, paru chez Freemount Records

Pour aller plus loin: Freemount records, « une Maison avec vue sur l’Amérique en Auvergne » et Freemount Records: le label qui manquait à Clermont