20 Oct

Ce n’est pas toi que j’attendais : l’interview de Fabien Toulmé

Un témoignage bouleversant et en même temps utile pour tous les parents qui sont ou seront confrontés à la trisomie 21. Derrière ce titre très dur, « Ce n’est pas toi que j’attendais » se cache en fait une histoire d’amour ente un  papa et sa fille trisomique, Fabien et Julia. Rencontre…

© Delcourt / Toulmé

© Delcourt / Toulmé

D’abord, comment se porte Julia aujourd’hui ? Quel âge a-t-elle ?

Fabien Toulmé. Julia a 5 ans. Elle se porte très bien, va à l’école maternelle et attend impatiemment de savoir lire pour découvrir l’histoire de sa naissance dans « Ce n’est pas toi que j’attendais ». Blague à part, j’espère effectivement qu’elle pourra le lire très bientôt pour me donner son avis !

Où en sont vos relations ?

F.T. Ce sont les relations normales d’un père et de sa fille. La question de sa trisomie, très omniprésente dans le livre, s’est effacée avec le temps derrière la relation qui s’est établie entre nous. Ne subsiste que le plaisir que ce soit elle qui soit venue bien que je ne l’attendais pas « comme ça ».

© Delcourt / Toulmé

© Delcourt / Toulmé

Le titre « Ce n’est pas toi que j’attendais » fait l’effet d’un uppercut. Il est très violent. C’est vraiment ce que vous avez pensé à la vue de votre fille ?

F.T. Oui et je dirai même que ce que j’ai pu penser au début quand je l’ai vu était bien plus violent que ça. C’était plutôt de l’ordre de « J’aimerai que tu ne sois pas là ». Heureusement, comme je viens de le dire, tout cela disparaît avec le temps et le « Ce n’est pas toi que j’attendais » serait plutôt, aujourd’hui, « Quelle joie que tu sois venue».

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la chronique de l’album ici

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L’opération du coeur de Julia a été une étape décisive dans vos relations comme vous le relatez dans la BD. Au « Ce n’est pas toi que j’attendais » s’ajoute alors « mais je suis quand même content que tu sois venue». Est-ce que l’écriture de l’album a été aussi une étape importante dans ces relations, dans l’acceptation du handicap ? En êtes-vous sorti différent ?

F.T. Le livre a été écrit bien après sa naissance, bien après que j’ai atteint un état plus apaisé, que j’ai, non seulement, accepté Julia mais que je l’ai aimé comme n’importe quel père aime sa fille. De ce point de vu le livre n’a joué aucun rôle dans ce processus d’acceptation.

© Delcourt / Toulmé

© Delcourt / Toulmé

Qu’est ce qui vous a décidé à vous lancer dans cette aventure graphique ? Qu’espériez-vous ?

F.T. C’était avant tout la volonté d’écrire une histoire qui me paraissait belle et susceptible d’être appréciée par les gens qui la liraient. Rien de plus.

Deux ans de travail, 256 pages… Est-ce que sa réalisation a été un long fleuve tranquille ou au contraire avez-vous douté, peut-être même pensé abandonner ?

F.T. Tout s’est fait relativement facilement hormis le fait que je devais travailler jusqu’à tard le soir puisque j’exerce un autre métier dans la journée. L’écriture s’est faite naturellement, tout était encore très frais dans ma tête. Pareil pour le dessin, sauf quelques ajustements au fur et à mesure, j’ai avancé régulièrement sans trop de difficultés.

© Delcourt / Toulmé

© Delcourt / Toulmé

Qu’est-ce qui a été le plus compliqué dans sa réalisation ?

F.T. Le problème majeur qui se pose pour nombre de dessinateurs de BD aujourd’hui est de pouvoir concilier la volonté d’exercer son art et d’en vivre décemment. Dans mon cas, s’agissant d’un premier album et n’ayant pas d’autres activités régulières de dessinateur par ailleurs, je ne pouvais m’y consacrer totalement. Il a fallu que je travaille la journée pour pouvoir ensuite écrire, dessiner la nuit. C’est cette contrainte qui est épuisante à la longue, surtout sur un projet d’une telle ampleur. Si j’ai un souhait pour l’avenir ce serait de pouvoir me consacrer un peu plus pleinement à l’écriture de livres.

Comment l’album a été perçu par votre entourage proche ?

F.T. Tout le monde m’a dit avoir beaucoup aimé, avoir été touché, ému. Et avoir ri, un peu aussi.

© Delcourt / Toulmé

© Delcourt / Toulmé

Avez-vous imaginé le jour où Julia pourra lire et comprendre votre album ?

F.T. Oui, et j’ai hâte. Je crois qu’elle sera très touchée de voir la façon dont notre relation s’est construite au fil des premiers mois. Enfin j’espère !

Quand on tourne la dernière page du livre, on est comme vous, on aime Julia. Alors on aimerait que l’histoire se poursuive. Pourrait-il y avoir une suite ?

F.T. Pour le moment ce n’est pas prévu. J’ai surtout envie de me lancer dans de nouveaux projets, de nouvelles ambiances… Mais dans quelques temps peut être aurais-je envie de raconter l’évolution de Julia. Qui sait. En tout cas je prends des notes de temps en temps autour d’événements qui me paraissent drôles, émouvants, caractéristiques de son évolution…Au cas où…

Merci Fabien

Propos recueillis par Eric Guillaud le 20 octobre 2014

La chronique de l’album ici

 

 

16 Oct

Ce n’est pas toi que j’attendais : Fabien Toulmé, sa fille et la trisomie 21

6008Ce n’est pas toi que j’attendais : les mots sont terribles, effrayants, qui plus-est lorsqu’ils sont ceux d’un père pour sa fille. Ces mots, Fabien ne peut les empêcher de tourner en rond dans sa tête depuis qu’il s’est penché sur le berceau de Julia à la maternité…

Et les infirmières auront beau tenter de le rassurer, Fabien sent que quelque chose ne tourne pas rond. Une physionomie particulière, la nuque droite, la tête plate, les yeux bridés. Pour lui, c’est sûr, Julia est trisomique ! Impossible de la toucher, de la prendre dans ses bras, de l’embrasser, Fabien est sous le choc, ce qui devait être le plus beau jour de sa vie vire au cauchemar et la confirmation des médecins, qui viendra un peu plus tard, finira de le mettre à terre. Pourquoi eux ? Pourquoi ce handicap ? Au sentiment de rejet s’ajoute maintenant un sentiment d’injustice et de colère. On leur avait pourtant dit que c’était plus facile de gagner au loto que d’avoir un enfant trisomique. Un cas sur combien ? 1000 ?

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l’interview de l’auteur à lire ici

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Des pleurs, beaucoup de pleurs, et puis il faut faire face, retrouver l’envie de vivre, de partager, retourner au travail, affronter les regards… Une nouvelle vie commence pour Fabien, sa femme, leur fille aînée Louise et bien sûr Julia avec au bout de la route beaucoup d’amour.

Décidément, les témoignages autour des maladies ou handicaps se suivent et se ressemblent en qualité. Après l’excellent album de Sarah Leavitt sur Alzheimer, Le Grand désordre, voici le poignant témoignage de Fabien Toulmé qui signe ici son premier album. Et quel album ! « 2 ans de boulot, 256 pages, 4 feutres Pentel, 48 mines bleues, 2 ou 3 crampes de la main… » détaille l’auteur sur son blog. Et à l’arrivée un album incroyablement senti sur son expérience au pays des enfants bisous comme on appelle les enfants trisomiques.

« Je n’ai pas cherché à expliquer la trisomie… », explique Fabien dans une interview pour Planète Delcourt, « mais plutôt le cheminement entre un événement de souffrance et un état plus apaisé. A posteriori, je me suis rendu compte que c’est un peu le livre que j’aurais aimé lire quand j’ai appris pour ma fille. Un livre qui dédramatise la situation, qui relève les moments d’espoir, d’humour et de légèreté d’une situation parfois pesante ».

Un album qui prouve une fois de plus la force du média bande dessinée pour raconter le monde et l’intime.

Eric Guillaud

Ce n’est pas toi que j’attendais, de Fabien Toulmé. Editions Delcourt. 18,95 €

L’interview de l’auteur ici

© Delcourt / Toulmé

© Delcourt / Toulmé

03 Oct

Mon truc en plus, une histoire de chromosome en plus signée Noël Lang et Rodrigo Garcia

mon-truc-en-plusPablo est un petit garçon comme les autres qui aimerait devenir un jour footballeur pour travailler uniquement le dimanche. Ou chanteur pour écrire de jolies chansons à sa fiancée préférée. En attendant, il aime partager son temps avec ses amis et son amoureuse sans quitter des yeux son disque favori, un disque de Petula Clack, une sorte de doudou en vinyle qu’il traine jusque sur la plage ou au terrain de jeux. Oui, Pablo est un petit garçon comme les autres… enfin presque. Car Pablo a un truc en plus du côté des chromosomes…

60 000 personnes seraient porteuses en France d’une trisomie 21, un enfant sur 800 serait atteint… Dans ce petit livre au format carré, les auteurs Noël Lang et Rodrigo Garcia nous offrent un autre point de vue sur la maladie, celui d’un petit garçon malicieux extrêmement attachant. Un livre à mettre entre toutes les mains !

Eric Guillaud

Mon truc en plus, de Noël Lang et Rodrigo Garcia. Editions Steinkis. 18 €