24 Juil

Pages d’été : De rien ou le délire graphique de Geoffroy Monde aux éditions Delcourt

DE RIEN - C1C4.inddC’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Résolument délirant, déjanté, absurde, cinglé, barjot, timbré, déroutant, voire dément. « De rien » est tout ça à la fois et même plus, il est affreusement drôle. Un album qui aurait pu naître de la rencontre de Raymond Devos pour le décalé, Gotlib pour l’humour, Goossens pour le détournement des codes narratifs de la BD et Bastien Vivès pour le dessin. Mais c’est Geoffroy Monde qui l’a écrit et dessiné avec ses deux petites mains et son esprit ouvert à 360°.

« C’est par le langage de l’absurde que l’on peut le mieux évaluer et mettre en lumière l’écart tragi-comique séparant la nullité de signification du réel de la géniale boursouflure sémantique de notre monde« .

Tout est dit dans ces quelques mots plaqués en quatrième de couverture. Un dangereux illuminé Geoffroy Monde ? Pas du tout, l’auteur sait garder raison même s’il est prêt à exploser la vitre du libraire situé en bas de chez lui si son bouquin n’est pas rapidement exposé en bonne place dans la vitrine. Comme un réflexe ! Et on ne peut lui en vouloir…

Et que trouvons-nous dans son livre de 160 pages ? Une galerie de personnages. 28 paraît-il, pour ma part je n’ai pas compté. 28 personnages donc plus déjantés les uns que les autres : un ange du Paradis qui s’empiffre de petits fours dans les soirées, un cow boy prêt à flinguer tout le monde, son cheval et lui-même compris, pour ne pas avoir à partager son magot, le génie de la lampe qui ne supporte plus les voeux débiles et pervers de la nouvelle génération, un Jackie Chan à qui un réalisateur demande de ne pas faire du Jackie Chan, un écrivain qui voudrait une machine à écrire avec une touche « ziziboule » du nom de son héros… bref que du grandiose, des esquintés du ciboulot

Coté dessin, on pense au travail de Bastien Vivès, notamment sur la série Bastien Vivès de la collection Shampooing. Mais le dessin de Geoffroy Monde, en plus d’être épuré et stylé, est numérique et donc un peu froid. Une très belle découverte !

Eric Guillaud

De rien, de Geoffroy Monde. Editions Delcourt. 17,95€

© Delcourt / Monde

© Delcourt / Monde

 

19 Juil

Pages d’été : L’inversion de la courbe des sentiments, un roman graphique de Jean-Philippe Peyraud chez Futuropolis

790484

C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Robinson, c’est le jeune homme qui court sur la couverture, un peu à la manière de Tintin. Sauf que lui ne court pas après les méchants mais après les aventures féminines. Il sort d’ailleurs du lit d’une conquête d’un soir quand il croise deux amoureux sur le pont des Arts affairés à accrocher leur cadenas d’amour. « Vous pouvez me dire ce que ça signifie ? », leur lance-t-il, avant de continuer « y-a-t-il une explication sensée au fait de symboliser votre amour par un cadenas ». Lui aurait volontiers vu un boulet chaîné ou une ceinture de chasteté. Mais pas un cadenas. Et de jeter, rageur, leur appareil photo dans la Seine.

Pas commode le Robinson, Il faut dire que sa journée à mal débuté, viré manu militari par sa fameuse conquête. Et il ne sait pas encore que son ex l’attend au pied de son immeuble pour récupérer ses affaires, que son père va débarquer, mis à la porte lui-aussi par la mère de Robinson, que son neveu Gaspard a mystérieusement disparu, qu’il va passer la nuit prochaine avec MissCampingLaBaule grâce au site pechounkeum.com, qu’il va rencontrer un garçon qui prétend être son fils… Une journée pour le moins chargée imaginée par Jean-Philippe Peyraud, à qui on doit déjà quelques comédies sentimentales sur fond de chroniques sociales – ou l’inverse – telles que Grain de beauté (Treize Etrange, 1999), Première chaleurs (Casterman, 2001) ou encore D’autres larmes (Glénat, 2012).

On y parle d’amour bien sûr, de désamour, d’illusions et de désillusions, d’amitié et de famille, de sentiments d’une façon générale autour d’un personnage légèrement désabusé plongé dans une atmosphère que l’auteur qualifie lui-même d’aigre-douce, une « bédénovela » qui enchaîne les rebondissements « parfois dignes de sitcoms ou du théâtre de boulevard », explique Jean-Philippe Peyraud dans une interview accordée à bdzoom.com.

Avec L’Inversion de la courbe des sentiments, Jean-Philippe Peyraud nous offre une exploration sensible du quotidien, aussi légère qu’essentielle, aussi juste qu’habile, 192 pages de bonheur à partager. Caractères des personnages, dialogues, dessin, narration… un album qui fait mouche.

Eric Guillaud

L’inversion de la courbe des sentiments, de Jean-Philippe Peyraud. Editions Futuropolis. 26 €

© Futuropolis / Peyraud

© Futuropolis / Peyraud

05 Juil

Pages d’été : Homicide, une immersion au sein de la brigade criminelle de Baltimore signée Philippe Squarzoni et David Simon

HOMICIDE 01 - C1C4.inddC’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

240 meurtres par an. C’est énorme, à peine croyable, et c’est pourtant bien la réalité de Baltimore, ville du nord-est des États-Unis située dans l’État du Maryland. 240 meurtres par an et une brigade criminelle sur les dents. En 1988, David Simon, reporter au Baltimore Sun, décide de partager le quotidien de cette brigade pendant un an. Il en tire un livre, A year on the killing Streets, qui a servi de base à la série télévisée Homicide et largement contribué à une autre série culte, The Wire, diffusée sur HBO.

L’auteur français Philippe Squarzoni, connu et reconnu pour ses albums politiques, tels que Garduno en temps de paix, Zapata en temps de guerre, Dol ou encore Saison brune, a choisi d’adapter ce livre en bande dessinée, en conservant les choix narratifs de David Simon qui s’est évertué à effacer le travail du journaliste et donner la parole aux inspecteurs de la brigade.

« Je voyais les pages de bande dessinée apparaître à mesure que je lisais… », explique Philippe Squarzoni, « Je sentais quel type de narration il faudrait développer. Dans Homicide, David Simon a fait le choix de ne pas se mettre en scène, mais plutôt de privilégier la voix collective des détectives de la brigade (…) Et la perspective de faire un album sans recours à la première personne, la nécessité de renouveler mon approche de la BD documentaire, était une raison supplémentaire pour adapter ce livre ».

© Delcourt / Squarzoni

© Delcourt / Squarzoni

Le résultat est là. Homicide, contrairement aux BD documentaires habituelles qui prennent le lecteur à témoin, nous place en immersion totale au sein de la brigade. On a parfois l’impression d’être dans une fiction mais la description du quotidien des détectives nous ramène très vite à une réalité brute et banale, le manque de moyens, les bâtiments mal ventilés, bourrés d’amiante, les sonneries de téléphones qui font un bruit de ferraille, les cadavres qui s’ajoutent aux cadavres, empêchant tout travail de fond, rien de très glamour, de très sexy, de très hollywoodien.

« Je crois…« , confie David Simon, « que personne ne s’intéresse à comment David Simon voit la vie d’un inspecteur de la crim’. Ce que les gens veulent savoir, c’est comment cet inspecteur pense, ou même comment il perçoit et exprime ce qu’il vit ».

Son avis sur l’adaptation de Philippe Squarzoni ? « Mon seul sujet d’interrogation portait sur le fait qu’il était absolument nécessaire que le roman graphique soit l’exacte mise en image des faits, car bien évidemment, on allait parler de vrais inspecteurs, de vraies victimes et de vrais événements. On allait utiliser leurs noms, leurs identités, sans maquiller quoi que ce soit. Et il a su me rassurer à ce sujet ».

Page après page, l’adaptation de Philippe Squarzoni nous interpelle, nous surprend, nous effraie sur l’état de la société, de la justice et de la police américaine. Un ouvrage absolument passionnant, beaucoup moins âpre que ses précédents, au graphisme, au découpage, aux dialogues tout à fait exemplaires. À dévorer d’urgence…

Eric Guillaud

Homicide, de David Simon et Philippe Squarzoni. Editions Delcourt. 16,50 €

© Delcourt / Squarzoni

© Delcourt / Squarzoni

02 Juil

Fantasio se marie : avec Feroumont, un vent de folie souffle sur la série Spirou

spirou-feroumont-couve_GDUne chose est sûre, cet album-là ne fera pas que des heureux… et des heureuses. D’abord pour toutes celles qui voyaient jusqu’ici en Fantasio un héros célibataire et donc éventuellement un coeur à prendre, ensuite et plus sérieusement parce que l’aventure proposée par Benoît Feroumont met à mal quelques codes élémentaires établis dans la série mère en 78 ans de bons et loyaux services…

On nous promettait un scoop, c’en est un ! Fantasio est amoureux et va se marier. Non, vous ne rêvez pas. Terminées les aventures effervescentes avec son compagnon Spirou, terminés les voyages à travers le monde et terminée la traque des méchants. Fantasio a quitté le domicile conjugal, pardon le domicile qu’il partageait jusqu’ici avec Spirou pour une maison de ville confortable en compagnie de sa tendre et douce, son petit chou, son sucre, son petit coeur de beurre, Clothilde, un fille de bonne famille, de très bonne famille même. De quoi faire tourner les têtes…

© Dupuis / Feroumont

© Dupuis / Feroumont

Et les têtes vont tourner. Nos deux tourtereaux veulent une noce grand format avec beaucoup d’invités dans un cadre idyllique, du beau linge comme on dit, du beau linge qui va mettre Fantasio dans de beaux draps, l’obligeant  à emprunter de l’argent à la mère de Spirou.

Et justement, Spirou dans tout ça ? Rien de changé si ce n’est un petit détail. Seccotine s’est installée chez lui. On ne parle pas de mariage mais plus simplement de colocation. Pour l’instant…

N’empêche, pour certains, le scoop vire au scandale. Sexualiser ainsi les héros, faire réapparaître la mère de Spirou qu’on donnait jusqu’ici pour morte, rendre le personnage de Fantasio à moitié benêt, faire de Seccotine la nouvelle faire-valoir de Spirou… c’est, pour certains puristes, aller un peu loin !

© Dupuis / Feroumont

© Dupuis / Feroumont

Pas de panique, Fantasio se marie s’inscrit dans le série Le Spirou de…, une série parallèle à la série mère aujourd’hui menée par les excellents Yoann et Vehlmann. Et justement, Le Spirou de… permet aux auteurs de réaliser leur rêve le temps d’un album et de donner leur propre vision de Spirou.

Après Tehem, Makyo et Toldac (La Grosse tête), Emile Bravo (Le journal d’un ingénu), Schwartz et Yann (Le groom vert-de-gris)…, Le Spirou de Feroumont revisite les aventures du mythique Spirou avec audace mais aussi beaucoup de légèreté, d’imagination et d’humour. Une aventure qui s’adresse aux plus jeunes mais aussi aux plus grands avec cette forte présence féminine qui, mine de rien, permet d’aborder les relations hommes femmes. Une idée pour le prochain album : Spirou change de sexe !

Eric Guillaud

Fantasio se marie, Le Spirou de… Benoît Feroumont. Editions Dupuis. 14,50 €

L’info en + Benoît Feroumont est en dédicace samedi 2 juillet à la librairie Bulle au Mans. Toutes les infos ici…

© Dupuis / Feroumont

© Dupuis / Feroumont

29 Juin

Étunwan, Celui-qui-regarde : une aventure intérieure au coeur des grands espaces de l’Ouest américain signée Thierry Murat chez Futuropolis

9782754811972_1_75La Conquête de l’Ouest, la destruction massive des bisons et par la même occasion le massacre des Amérindiens, chacun de nous en connaît plus ou moins l’histoire, souvent – pour les plus vieux d’entre nous au moins – à travers le prisme des westerns qui ont inondé les salles de cinéma au siècle passé. Mais Étunwan, Celui-qui-regarde n’est pas un western…

Du moins au sens commun et cinématographique du terme. Même si on y croise au fil des pages une tribu de Sioux, des troupeaux de bisons sauvagement abattus, des hommes blancs à la recherche de l’eldorado, Étunwan, Celui-qui-regarde est en fait un récit d’aventure et plus encore un récit d’aventure intérieure. L’intime au coeur des grands espaces !

Personnage central de l’histoire, ni héros ni anti-héros, Joseph Wallace, 33 ans, photographe de son état, tire le portrait de l’upper class, des notables et patrons de Pittsburgh en Pennsylvanie.

© Futuropolis / Murat

© Futuropolis / Murat

Jusqu’au jour où, pour une raison que lui-même ignore, le photographe confortablement installé décide de se joindre à une mission d’exploration des territoires encore sauvages, laissant femme et enfants, emportant l’essentiel, sa chambre photographique.

L’objectif de cette expédition est d’explorer de nouvelles zones à cartographier, de trouver peut-être de nouveaux gisements d’or ou de charbon, de nouvelles terres à coloniser, et pour notre Joseph Wallace, de photographier un monde en marche.

© Futuropolis / Murat

© Futuropolis / Murat

« Peut-être est-il vain de vouloir à tout prix saisir les choses et d’en arrêter, même l’espace d’un instant, le mouvement – ou même de donner l’illusion de cet arrêt – parce qu’au bout du compte tout continue sans nous, inévitablement ». Joseph Wallace n’a rien d’un chercheur d’or ou d’un conquistador, son truc à lui, c’est la photographie tout simplement. Et lorsque son objectif croise le regard d’une famille de Sioux Oglalas, la vie de Joseph Wallace en est à jamais transformée, l’homme cherchant dés lors à dresser de manière urgente un état des lieux photographique de la culture des Indiens des grandes plaines…

Une belle écriture, élégante, un trait noir et épais, des couleurs d’une grande sobriété, un très bel album en vérité de Thierry Murat, qui signe ici son premier livre en tant que dessinateur ET scénariste.

© Futuropolis / Murat

© Futuropolis / Murat

Sur son blog, l’auteur explique : « C’est donc la première fois que je signe un livre seul. Vraiment tout seul. Un récit que j’ai écrit pour tenter de parler « vraiment » du génocide amérindien, sans pour autant faire un énième western. J’y parle du travail de mémoire, de la place de l’artiste dans son rôle de témoin au milieu de toute l’absurdité humaine… Mais c’est un livre qui parle aussi et surtout de la photographie naissante (on est à la fin du 19ème siècle), et puis du regard et de sa capacité à raconter… Et de beaucoup d’autres choses encore, plus intimes et plus fragiles que l’histoire avec un grand H ».

En plus d’être passionné par la bande dessinée et ses possibilités narratives, Thierry Murat est également féru de photographie, ceci explique cela, Étunwan, Celui-qui-regarde est doublement une affaire de passion.

Eric Guillaud

Étunwan, Celui-qui-regarde, de Thierry Murat. Editions Futuropolis. 23 €

© Futuropolis / Murat

© Futuropolis / Murat

21 Août

Chronique d’été : Les kassos débarquent en BD pour casser du mythe à la pelle

a77e0afed262001213001a05676cf929C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Ils cassent du mythe à tour de bras et c’est mal ! C’est mal mais quand même savoureux. Oui-Oui, Inspecteur Gadget, Astérix, Casimir, Le Petit Prince, les Schtroumpfs, Père Fouras… qu’ils appartiennent au monde du cinéma, de la télé, du jeu vidéo ou de la bande dessinée, tous nos héros en prennent pour leur grade dans cet album au doux parfum de scandale signé Balak, Chammas et Wilson.

Vous étiez un fan inconditionnel de Casimir, le gros dinosaure orange qui mangeait du gloubi-boulga ? Oui ? Alors vous ne le serez plus après avoir lu Les Kassos. Rebaptisé Zizimir, le héros de toute une génération nourrie aux épisodes de L’île aux enfants n’est plus qu’un dinosaure sans emploi condamné pour attouchements sur mineurs. Et que dire de Candy, vous savez la petite orpheline du pays de Candy ? Elle devient ici Sandy, une schizophrène à caractère pornographique gratinée.

La web-série de Canal+ débarque donc en BD avec la même volonté de tuer  notre douce enfance. Balak, Chammas et Wilson s’en donnent à cœur joie mais on leur pardonne parce que c’est pour rire. Enfin je crois. Une BD de dingues et de zéros pour les grands !

Eric Guillaud

Les Kassos, de Bakak, Chammas et Wilson. Editions Delcourt. 10,95 €

13 Août

Chronique d’été : L’étrange vie de Nobody Owens adaptée en BD par Neil Gaiman et P. Craig Russell

etrange-vie-de-nobody-owens-01C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Un enfant adopté par les habitants d’un cimetière. Voilà une affaire peu banale. L’enfant, c’est Nobody Owens, c’est du moins ainsi qu’il a été baptisé par les revenants, spectres et autres esprits qui logent dans les environs. Pour le reste, on sait peu de choses de Nobody, Bod pour les intimes, si ce n’est que toute sa famille a été massacrée par un tueur mystérieux. Lui a survécu en fuyant au bon moment et en se réfugiant ici, entre les tombes. Élevé par un couple de fantômes, éduqué par un vampire, Nobody va ainsi grandir au pays des morts et vivre de multiples aventures…

Voici donc, avant l’adaptation au cinéma annoncée depuis quelques années déjà, l’adaptation en bande dessinée du roman de Neil Gaiman paru en 2009 aux éditions Albin Michel. L’étrange vie de Nobody Owens est une petite gourmandise gothique qui rencontre en BD le même immense succès qu’en livre, grâce à la mise en images orchestrée par P. Craig Russel, fameux illustrateur américain, accompagné pour l’occasion d’une brochette de dessinateurs au talent reconnu. Un délice prévu en deux volets !

Eric Guillaud

L’étrange vie de Nobody Owens (volume 1), de Neil Gaiman et P. Craig Russell. Editions Delcourt. 19,99 €

 

11 Août

Chronique d’été : Mille tempêtes en un album signé Tony Sandoval

9782888907114_cgC’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

A l’âge des premiers émois amoureux, Lisa joue encore avec ses poupées et aime par dessus tout se réfugier dans son univers fait de petits os et de cailloux étranges qu’elle collectionne. Lisa est différente, c’est sûr. Les enfants la prennent pour une sorcière. Mais la mort de sa mère et l’absence de son père la tourmentent. En fuyant le monde réel pour rejoindre un monde fantastique peuplé de créatures extraordinaires, Lisa espère échapper à la solitude, oublier ses blessures. Mais c’est bien dans le vrai monde, dans la vraie vie, qu’elle finit par croiser l’amour et accepte de grandir un peu…

Des paysages torturés aux couleurs pastel, Tony Sandoval joue avec les genres et les codes pour nous parler ici du passage souvent difficile de l’enfance à l’âge adulte, de ces renoncements nécessaires, des craintes mais aussi des aspirations nouvelles, des espoirs.

Auteur du très remarqué Le Cadavre et le sofa paru en 2007 aux éditions Paquet, Tony Sandoval signe avec Mille Tempêtes un r singulier, à la fois léger et profond, féerique et hanté, à lire à la tombée de la nuit…

Eric Guillaud 

Mille tempêtes de Tony Sandoval. Editions Paquet. 20 €

06 Août

Chronique d’été : scout un jour scout toujours avec La Patrouille des Castors

Couv_251637C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Scout un jour, scout toujours. Pour tous les amoureux du mouvement de jeunesse cher à Baden-Powell, voici de quoi se replonger dans l’ambiance tout en gardant sa tenue de plage et son objectif de bronzage. Près de 300 pages, quatre aventures précédées d’un cahier graphique conséquent, composent ce sixième volet de l’intégrale consacrée à La Patrouille des Castors de Charlier et Mitacq. Un sixième volet important puisqu’on y découvre les deux derniers albums scénarisés par Charlier ( Passeport pour le néant et Prisonniers du large) et les deux premiers scénarisés par Mitacq (L’envers du décor et Souvenirs d’Elcasino), Mitacq qui continuera seul ou presque l’aventure de cette série phare du journal Spirou jusqu’à son décès en 1994.

Eric Guillaud

La patrouille des Castors, Intégrale 6, de Charlier et Mitacq. Editions Dupuis. 28 €

05 Juil

Chronique d’été : toutes les filles à papa sont folles de Dad

Roa6i74rUxGdUYTrPhS75NrpFZxIr0M9-couv-1200C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode no-stress et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Bon, autant vous le dire tout de suite, cet album n’est pas fait pour déclencher des vocations de père. Dad, nouvelle série des éditions Dupuis, raconte la vie quotidienne d’un père et de ses quatre filles, oui vous avez bien lu, quatre filles. Et quand je vous aurai dit que Dad est en plus de tout ça père célibataire, vous aurez compris que cette vie quotidienne est particulièrement animée.

Mais c’est son choix ! Dad aurait pu faire une grande carrière dans le cinéma, enfin peut-être, mais il a préféré s’occuper de ses filles. Alors, il joue dans des pubs. C’est moins prestigieux mais très rémunérateur et imbattable sur un plan pratique. Les tournages ne sont jamais bien loin de la maison et Dad a des journées plutôt remplies.

Une série drôle, pétillante et très contemporaine à découvrir en famille sur le sable chaud.

Eric Guillaud

Les filles à papa, Dad (tome 1), de Nob. Editions Dupuis. 9,90€