12 Juin

Midi – Minuit : Doug Headline et Massimo Semerano s’offrent une dernière séance

Les bandes dessinées inspirées par le cinéma, il en existe un certain nombre. Et la réciproque est valable. Mais les bandes dessinées qui parlent du cinéma, il y en a finalement assez peu. Et plus précisément du giallo, il y en a aucune. Enfin si, il y en aura une dès le 15 juin grâce à un amoureux du genre, Doug Headline, accompagné au dessin par Massimo Semerano… 

Mais qu’est ce que le giallo, me demanderez-vous ? Très bonne question. Le giallo est un genre cinématographique à la frontière du cinéma policier, du cinéma d’horreur et de l’érotisme (merci wikipédia!), « des films, au départ sous influence hitchcockienne, qui furent tournés et distribués entre 1962 et 1982 et obéissant à une stratégie du cauchemar très particulière » (merci au dossier très complet qui accompagne cet ouvrage).

Doug Headline en est dingue, comme quelques autres. Au point hier de passer des soirées entières à visionner des cassettes pirates de qualité douteuse vendues sous le manteau, au point aujourd’hui d’en faire le contexte de cette histoire intitulée Midi – Minuit du nom d’un cinéma de quartier mythique autrefois situé boulevard Poissonnière à Paris, chantre du cinéma bis.

Mais Midi – Minuit n’est pas Les Cahiers du cinéma, point de critiques dans ses pages mais une déclaration d’amour pour ce cinéma populaire à travers l’histoire de deux cinéphiles français, François Renard et Christophe Lemaire, qui ont décroché l’interview d’un ponte du giallo, un certain Marco Corvo dont la carrière s’est subitement arrêtée il y a 25 ans avec la disparition restée inexpliquée de son actrice fétiche.

De là à se retrouver dans un scénario à la giallo, il y a qu’un pas ou qu’une  case. Pendant que les deux Français interviewent le réalisateur, d’anciens critiques de cinéma sont assassinés…

Un brin policier, un brin fantastique et un tout petit poil érotique ou plutôt glamour, Midi – minuit se présente comme un hommage au giallo avec en prime des incrustations d’images arrêtées de plusieurs films. Les amateurs les reconnaîtront. Tout se tient, on rentre à fond dans l’histoire sans même connaître le début d’un générique de ce genre cinématographique. Mais ça, c’est la magie de la bande dessinée et le talent des auteurs, Doug Headline au scénario et Massimo Semerano au dessin.  Culte !

Eric Guillaud

Midi – Minuit, de Doug Headline et Massimo Semerano. Dupuis. 22€

© Dupuis / Headline & Semerano

09 Juin

J’ai Lu : le retour de la BD au format poche

La maison d’édition J’ai Lu n’est pas une inconnue dans le milieu de la bande dessinée. Les plus vieux d’entre nous se rappellent forcément de la collection J’ai Lu BD qui a proposé dans les années 80 et 90 près de 300 albums au format poche, y compris les aventures de l’immense Corto Maltese, avant de renoncer comme ses concurrents Le Livre de Poche et Pocket BD…

Elle y revient à grand renfort de communication avec quatre premiers titres parus en juin, Tous mes amis sont morts de Avery Monsen et Jory John, Un autre regard d’Emma, Le Petit grumeau illustré et Chat-Bouboule de Nathalie Jomard.

J’ai Lu parle d’une « programmation ambitieuse à prix poche ». Les premiers titres oscillent entre 6,90 et 7,90€, soit à peu près le prix d’un manga et la moitié du prix des albums originaux. Le papier n’a rien de celui qu’on peut attendre d’un livre de poche, il est relativement épais. Les couvertures offrent un pelliculage mat avec rabats, le tout sous un format un peu plus grand que le poche habituel, 14 sur 20 cm.

Pour ces quatre premiers livres qui tendent plus vers l’illustration pleine page que la bande dessinée, la lecture ne s’en trouve aucunement gênée. Reste à voir ce que ça peut donner avec un gaufrier (découpage de la page en plusieurs cases) classique…

Eric Guillaud

Les Porteurs d’eau : la belle échappée de Fred Duval en compagnie de Nicolas Sure

Cette aventure-là ne relève en rien de la science-fiction ou de l’uchronie, genres dans lesquels le scénariste Fred Duval s’est fait une belle réputation, non Les Porteurs d’eau publié ce mois-ci sous pavillon Delcourt, est une fiction qui nous embarque au coeur du dopage cycliste dans les pas de deux Pieds nickelés de l’EPO…

Vous souvenez-vous de ces images sidérantes du Tour de France à l’arrêt, des coureurs en grève, des descentes de police dans les hôtels, de Richard Virenque en larmes devant les caméras ? C’était en 1998, tiens… il y a tout juste 20 ans.

Cette édition de la grande boucle a marqué les consciences et fait beaucoup de mal au sport en général. Le dopage se révélait à la face du monde comme étant au coeur même de la logique du sport. Et rien ne dit qu’il ne l’est plus !

Tout ça pour dire que l’histoire de cet album ne sort pas de nulle part. Il y un fond de réalité sur lequel le scénariste Fred Duval, un fondu de la petite reine et un téléspectateur assidu du Tour de France, s’est appuyé pour l’écrire. Mais attention, Les Porteurs d’eau n’est pas une bande dessinée documentaire, c’est une fiction intelligemment construite autour d’une cavale, celle de deux gamins, Jérôme Pignon et Florian Cornu, licenciés au Cyclo du Lyonnais, plus bêtes que méchants, désireux de se faire du fric facile en achetant et revendant des produits dopant. Des Pieds nickelés du dopage en quelques sortes qui vont avoir à faire à de vrais et dangereux pros de la chose.

Et forcément, l’affaire tourne mal, la police intervient au moment où les deux gamins sont sur le point de récupérer le matos. Les vendeurs sortent les flingues, des coups de feu éclatent, Jérôme et Florian en profitent pour se débiner avec la dope mais aussi le fric renversant un policier au passage. Très vite, leur signalement est donné, commence alors une cavale qui va les mener de Maubeuge au Mont Ventoux en passant par Dieppe, Rennes et Volvic, un tour de France par étapes mais en bagnole qui les fera travailler du ciboulot à défaut des mollets. Il faut dire que le père de Jérome Pignon, coureur professionnel, est mort à 37 ans d’une embolie pulmonaire. Au cas où il l’aurait oublié, sa mère compte bien lui rappeler et le ramener dans le droit chemin…

Le scénariste de Carmen Mc Callum, Travis, Hauteville House ou encore Jour J s’offre ici une belle échappée en compagnie de Nicolas Sure, un dessinateur au trait fin, élégant et racé. Admirez cette planche d’étape dans la montagne, tout y est, la fougue, le dépassement de soi, la passion… et même le diable avec sa fourche. Une fiction qui nous apporte l’air de rien un éclairage bienvenu sur le milieu du dopage, ses ramifications et ses effets.

Eric Guillaud 

Les Porteurs d’eau, de Duval et Sure. Delcourt. 17,95€

© Delcourt / Duval & Sure

05 Juin

Aspirine : une histoire de vampire à la Joann Sfar

Joann Sfar aime les vampires, les petit(e)s et les grand(e)s. Asprine appartient à la catégorie des grand(e)s, enfin presque, parce que depuis 300 ans, Aspirine est restée coincée à l’âge de l’adolescence et ça aurait tendance à l’énerver…

Et quand je dis que ça aurait tendance à l’énerver, je suis loin du vrai. C’est de la colère voire de la rage qu’elle éprouve, de la rage et de l’ennui. Sa soeur Josacine, elle au moins, a 23 ans , le bel âge, l’âge de l’amour.

Et elle en profite, collectionnant les amants comme d’autres collectionneraient des dents de vampire. Ah oui, j’oubliais, Aspirine et Josacine sont des vampires, parisiennes, mais vampires tout de même. Avec leurs petites dents. Et leur envie de sang frais. Surtout Aspirine qui aurait même une fâcheuse tendance à se jeter sur tous les hommes qui passent dans son environnement proche pour les dévorer au sens propre, abats compris.

Aspirine a les crocs et le coeur sur la main, mais généralement pas le sien. Malgré tout, la Dracu-girl a ses fans, enfin un fan, Yidgor, presque un gamin, fous de jeux et amoureux depuis peu. Elle va en faire son serviteur et peut-être plus si affinités….

C’est un peu fou, c’est du Joann Sfar ! Après Petit Vampire et Grand Vampire, l’auteur et réalisateur poursuit l’exploration de ce mythe littéraire avec un vampire au féminin, moderne, inscrite en philo à La Sorbonne et partageant avec sa soeur, Josacine, un grand appartement parisien. C’est un peu fou donc mais complètement génial !

Eric Guillaud

Aspirine, de Joann Sfar. Rue de Sèvres. 16€

© Rue de Sèvres / Joann Sfar

02 Juin

Cahiers Tif & Tondu : en attendant l’album de Blutch et Robber

Les aventures de Tif et Tondu renaîtraient-elles sous la plume et les pinceaux des deux frangins Blutch et Robber ? Oui mais juste le temps d’un one-shot qui devrait sortir en octobre 2018. D’ici là, trois Cahiers Tif et Tondu seront publiés. Attention surprise…

Mais où est Kiki ? C’est le titre de ce prochain épisode des mythiques aventures de Tif et Tondu lancées par Fernand Dineur en 1938, reprises avec le succès que l’on sait par le grand Will en 1949, mises en sommeil depuis 1997 après l’album Le mystère de la chambre 43.

Ce one-shot signé Blutch et Robber ne sort pas de nulle part. Ça fait dix ans qu’il traîne dans les cartons mais l’écriture du scénario et sa présentation aux ayant-droits auraient imposé ce délais. D’autant que les auteurs, amoureux de la série, ne voulaient surtout pas la « singer », comme l’a confié Blutch au site ligneclaire.

Et c’est vrai qu’on est assez loin de la ligne claire de Will et des histoires de Rosy, Tillieux ou même Lapière qui se sont succédés à l’écriture. De quoi faire hurler les intégristes de la série ? Peut-être mais Blutch et Robber apportent un vrai et nécessaire dépoussiérage à la série, les planches sont magnifiques, les décors soignés, l’histoire peut-être un peu plus adulte et le tandem toujours aussi savoureux.

Trois Cahiers précéderont la sortie de l’album prévue pour octobre 2018, trois cahiers qui réuniront l’ensemble des planches en noir et blanc ainsi qu’un roman de Tif et Tondu rédigé par Robber, L’Antiquaire sauvage, qui bien évidemment est étroitement lié au scénario. Un ouvrage collector au tirage limité à 2000 exemplaires !

Eric Guillaud

Cahiers Tif et Tondu 1, de Blutch et Robber. Dupuis. 14€

30 Mai

But I like it (Le rock et moi): une édition définitive pour les fans de musique et de Joe Sacco

Au fil des années et des albums, Joe Sacco est devenu une référence en matière de BD-reportage dans des pays en guerre ou assimilés. Mais il ne faudrait pas oublier qu’il est a aussi un grand fan de rock et qu’il a fait ses premiers dessins autour de cet univers-là. La réédition augmentée But I like it (Le rock et moi) aux éditions Futuropolis vient  de belle manière nous le rappeler…

« Un jour… », explique Joe Sacco dans une introduction datée de 2006, « je suis parti comme roadie avec un groupe punk neo-psychédélique pour vivoter en tant que rocker à Berlin. Qu’est-ce que j’espérais ? J’imagine que je voulais devenir une rock star à part entière, et comme je ne savais pas massacrer une guitare, je me suis accroché à la scène de la seule façon que je connaissais – en dessinant ».

Tout est dit dans ces quelques lignes ! À défaut de devenir une rock-star, Joe Sacco s’imposera dans la bande dessinée  avec le regard singulier du journaliste qu’il est, devenant par la-même l’un des précurseurs du reportage en BD. La guerre du Golfe, la guerre de Bosnie, la Palestine… Joe Sacco n’aura de cesse de voyager pour rendre compte de l’état du monde.

L’album But I like it dont le titre est un clin d’oeil au single It’s Only Rock ‘n Roll (But I like it) des Stones, aujourd’hui publié aux éditions Futuropolis, précédemment édité chez Rackam sous le titre Le Rock et moi, nous plonge donc dans le merveilleux monde de la musique.

On y croise des roadies, des journalistes rock, des chanteurs engagés, des junkies parfois morts, des casseurs de guitares, des collectionneurs de disques, des producteurs, les Stones… et même Joe Sacco qui se met en scène dans En route pour la gloire et En compagnie des longs cheveux, deux histoires ici réunies et racontant la tournée européenne de The Miracle Workers et l’avant tournée. Textes, illustrations, croquis et bandes dessinées, ce recueil permet de découvrir une autre facette du travail de Joe Sacco, plus drôle et plus rock’n’roll ! Aussi jouissif qu’un album des Ramones !

Eric Guillaud

But I like it (Le rock et moi), de Joe Sacco. Éditions Futuropolis. 20€

© Futuropolis / Sacco

26 Mai

Jean-Louis et Moins qu’hier (plus que demain), deux Fabcaro sinon rien

Patron, tournée générale de Fabcaro ! L’auteur de Zaï ZaÏ Zaï ZaÏ, Z comme Don Diego, Figurec ou encore Amour, Passion & CX Diesel est de retour avec deux albums à la parution simultanée, Jean-Louis et Moins qu’hier (plus que demain), deux albums bien évidemment incontournables et potentiellement désopilants…

Vous vous êtes toujours demandé si nous étions seuls dans l’univers ? J’ai la réponse ou plus exactement j’ai trouvé la réponse chez Fabcaro : « Bien sûr que non, rien que sur la Lune, on a retrouvé des traces de vie qui datent de 1969! ». Ça, c’est du Fabcaro pur jus. Un strip, trois cases, deux personnages, un drapeau américain planté dans le sol et voilà, vous en avez pour trois ou quatre heures à vous en remettre.

Ce strip est extrait de Jean-Louis, le premier des deux albums de Fabcaro publiés en ce mois de mai chez Glénat, une nouvelle édition en fait. Mais qui est Jean-Louis ? Jean-Louis est un sacré personnage, un prof de sport – j’adore les profs de sport – qui vient d’arriver dans son nouveau collège et tente comme il peut, souvent de la pire des façons, de s’intégrer et de sa faire de nouveaux amis ou amies. Et ce n’est pas gagné. Mais Jean-Louis est un intello, un gars qui écrit une encyclopédie. Oui oui, un livre comme dans l’ancien temps avec des pages et surtout des informations intelligentes sur les grandes interrogations du monde. Sommes nous seuls dans l’univers ? Qui a inventé la grippe ? À quoi sert le saut en hauteur ? Quelle est la recette du gratin dauphinois ? Gratiné le Jean-Louis…

On aurait pu imaginer que le second livre relève le niveau de ce personnage minable mais Moins qu’hier (plus que demain) met en scène des couples qui n’ont plus grand chose de couples… en fait ! Vanessa et Gilles, Carla et Sébastien, Justine et Cédric, Valérie et Yves, et tous les autres, sont en rupture programmée, avancée ou même consommée. L’un n’écoute plus l’autre, l’autre trompe l’un, tout va à vau-l’eau, le divorce n’est jamais loin, mais au moment de l’annoncer aux enfants, il faut un minimum de sérieux tout de même : « file dans ta chambre ! On t’annoncera le divorce quand tu seras moins insolente! ». Ça aussi, c’est du Fabcaro…

Si vous avez les lèvres gercées ou une côte fêlée, n’achetez pas et ne lisez pas ces livres, ils pourraient vous faire mal. Sinon, aucune contre indications, jetez-vous dessus, dévorez les, ce n’est que du bonheur en paquet de douze, de la rigolade livrée sur palette, du Fabcaro quoi !

Eric Guillaud

Jean-Louis et Moins qu’hier (plus que demain). Glénat. 12,75€ chacun

© Glénat / Fabcaro

23 Mai

En attendant les grandes vacances : une sélection de BD pour les plus jeunes

Encore quelques semaines d’effort et les vacances d’été seront là.  S’il est un peu tôt pour préparer les valises, il est grand temps de rassembler les lectures qui les accompagneront. On vous donne quelques pistes ici…

On commence avec Mélusine, l’héroïne imaginée par Clarke et Gilson dans les années 90 est de retour pour une 26e aventure, oui oui déjà, associant comme à l’accoutumée la magie et l’humour. Dans cet épisode, la sorcière la plus canon du neuvième art apprend que ses parents divorcent. Le choc ! Mais à cette mauvaise nouvelle s’en ajoute une autre, sa mère a disparu. Mélusine enfourche son balai pour la retrouver mais elle n’est pas au bout de ses peines. Elle découvre un secret incroyable concernant sa mère, de quoi voir plus que jamais la vie en rose et noir. En Rose et noir, Mélusine (tome 26), de Carke. Dupuis. 10,95€

Imaginer l’enfance de Dracula. Et parler dans le même temps du harcèlement scolaire. Voilà une bonne idée. Parce qu’avant d’être le grand vampire mondialement connu, il a forcément été un enfant comme les autres. Enfin presque comme les autres ! Car le petit Dracula, si l’on en croit les auteurs, Loïc Clément et Clément Lefevre, dormait déjà dans un cercueil, redoutait les effets du soleil et avait de petites dents bien pointues, de quoi déclencher les moqueries de ses camarades de classe. Et quand je dis « moqueries », je pourrais parler de véritable harcèlement tant elles se répétaient chaque jour, jusqu’à l’insoutenable. Le petit Dracula devenu souffre-douleur dans son école finit par s’effondrer. Heureusement, son papa veille et le sort de cette mauvaise situation. Un album très intelligent qui aborde le problème de face avec un personnage de fiction connu de tous permettant aux enfants de s’identifier tout en gardant une certaine distance. Un livre à lire en solo, en famille ou en classe pour enclencher le débat. Chaque jour Dracula, de Loïc Clément et Clément Lefèvre. Delcourt. 10,95€

Il y avait jusque-là le harcèlement, il faut désormais compter avec le cyber-harcèlement, c’est le thème abordé cette fois dans Le blog de Charlotte, un album paru aux éditions Bamboo, signé Beka au scénario et Mabire au dessin. Charlotte est une collégienne sensible et émotive qui, pour combattre la solitude, ouvre un blog où elle compte partager ses humeurs et sa passion pour le chocolat. Jusqu’au jour où un prénommé Sandro entre en contact avec elle. Ils sympathisent, parlent de tout et de rien, Charlotte se replie sur elle-même, reste enfermée dans sa chambre, Sandro lui propose de rejoindre sa communauté en relevant un défi. Charlotte accepte au péril de sa vie… Comme Chaque jour Dracula, Le blog de Charlotte mérite de tomber entre toutes les mains et d’être le support à des discussions dans la cellule familiale ou scolaire. Le blog de Charlotte, de Beka et Mabire. Bamboo Edition.14,90€

Changement catégorique de style avec le huitième tome de Ratafia. Lancée en 2005 par Nicolas Pothier au scénario et Frédérik Salsedo au dessin, la série fait une pause de 2008 à 2013 avant de revenir avec un nouveau dessinateur, Johan Pilet. Mis à part ce changement de pilote, Ratafia a conservé le ton de ses débuts, une histoire de pirates et de chasse au trésor complètement loufoque. Les Têtes de Vô, Ratafia (tome 8), de Johan Pilet Nicolas Pothier. Vents d’Ouest. 11,50€

La mythologie grecque dépoussiérée! C’est ce que proposent Kid Toussaint et Kenny Ruiz avec ce premier volet de Télémaque au scénario dynamique et au graphisme largement influencé par le manga mais pas que ! Contrairement à Mélusine qui cherche sa mère disparue, Télémaque part lui à la recherche de son père, Ulysse, dix ans après son départ à la guerre de Troie. Selon les observateurs, Télémaque a la force de son père, le regard tendre de sa mère, bref de quoi séduire les adolescents et adolescentes qui retrouveront ici les exploits d’Ulysse ET de Télémaque en mode humoristique. À la recherche d’Ulysse, télémaque (tome 1), de Toussaint et Ruiz. Dupuis. 9,90€

Marsu is back ! Trente-et-unième aventure pour la drôle de personnage imaginé par André Franquin en 1952 dans Spirou et les héritiers. Resté la propriété de son créateur lorsque celui-ci décide de ne plus travailler sur la série Spirou et Fantasio à la fin des années 60, le Marsupilami est confié à un éditeur qui lui offre ses propres aventures. Bingo, le premier album La Queue du Marsupilami se vend à 600 000 exemplaires et signe la naissance d’un héros à part entière avec au dessin Batem et au scénario une succession de noms prestigieux comme Greg, Yann, Dugomier ou encore Colman qui en reprend les rênes dès le 19e tome. En 2013, les éditions Dupuis reprennent le contrôle de Marsu-Productions et donc du personnage. Dans cette nouvelle aventure, le Marsupilami va devoir faire face à un certain Monsieur Xing Yùn, un malchanceux chronique à qui on fait croire qu’une touffe de poils de la créature jaune à taches noires pourrait lui garantir chance et bonheur. Houba Houba Hop ! Monsieur Xing Yùn, Marsupilami (tome 31), de Franquin, Batem et Colman. Marsu Productions. 10,95€

Les éditions Delcourt ont sorti l’artillerie lourde avec cette nouvelle série imaginée par les auteurs de deux best-sellers, d’un côté Patrick Sobral avec Les Légendaires, de l’autre Patricia Lyfoung avec La Rose écarlate, auxquels est venu s’ajouter Philippe Ogaki, qui s’est fait connaître du grand public en adaptant la trilogie de Pierre Bordage Les Guerriers du silence avec Algésiras. Prévue en six volets publiés en un an, cette série met en scène six héros en lutte contre le mal à travers le monde. Premier volet avec Yuko au Japon sur un dessin de Jenny. Yuko, Les Mythics (tome 1), de Sobral, Lyfoung, Ogaki et Jenny. Delcourt. 10,95€

Toujours aux éditions Delcourt, le deuxième tome de Tous Super-héros de Jean-Christophe Camus, Lilian Thuram et Benjamin Chaud. Vous avez cru lire Lilian Thuram ? Vous avez bien lu. Le champion du monde de football 1998, créateur de la Fondation Education contre le racisme, s’est lancé dans la bande dessinée avec toujours le même objectif : promouvoir l’égalité et la solidarité, lutter contre les discriminations et les préjugés. Dans ce nouvel épisode de Tous Super-héros, des familles de migrants s’installent dans le village. Les réactions sont diverses, parfois carrément hostiles, mais les choses vont changer avec l’organisation d’un match de football dans l’école des super-héros. Un album au dessin très agréable à mettre entre toutes les mains. La Coupe de tout le monde, Tous Super-héros, De Camus, Thuram et Chaud. Delcourt. 10,95€

Eric Guillaud

21 Mai

Sous les pavés : une histoire d’amour au coeur des événements de mai 68 signée Warnauts et Raives

Sous les pavés… l’amour! Pour leur nouvel album commun, Eric Warnauts et Guy Raives ont choisi de poser leurs plumes et leurs crayons dans la France de mai 1968. Entre barricades, assemblées générales et occupations de la Sorbonne, les deux auteurs belges mettent en images une passion amoureuse exacerbée par les événements entre un Américain et une Française…

Combien d’albums ? Trente-huit ? Trente-neuf ? En bientôt 35 ans de collaboration étroite, Eric Warnauts et Guy Raives ont écrit et dessiné à quatre mains une quantité impressionnante d’histoires qui nous auront fait voyager à travers le monde et les époques, depuis le Congo belge jusqu’à la Venise du 18e siècle, en passant par l’Amérique d’Obama ou encore l’Allemagne nazie.

C’est leur signature, leur truc à eux, utiliser un contexte fort pour y inscrire un récit fictionnel. Après les trois diptyques Les Temps nouveaux, Après-Guerre et Les Jours heureux qui nous embarquaient dans la Belgique des années 40 à 60, Sous les pavés dépeint la France ou plus précisément le Paris de mai 68 autour de cinq personnages, cinq amis, Jay Fergusson, Françoise Bonhivers, Gilles Dussart, Didier Saint-Georges et Sarah Tanenbaum, en révolte contre la France de l’après-guerre, son général, son consumérisme, son productivisme, ses pesanteurs sociales, ses freins à l’évolution des moeurs et à l’émancipation des femmes.

Contrairement au livre Le Grand soir de Patrick Rotman et Sébastien Vassant, dont nous vous parlions ici-même, Sous les pavés ne prétend aucunement dresser une fresque chronologique des événements et encore moins poser un regard d’historien. Malgré tout, comme dans tous les récits de Warnauts et Raives, le contexte est minutieusement recréé à partir d’une documentation musclée et de nombreux témoignages.

Anarchiste révolutionnaire, pacifiste, opportuniste, fils de député ou bourgeoise rebelle, notre club des cinq surfe sur les événements avec chacun ses rêves d’une nouvelle société et forcément ses désillusions. Dans le tumulte de ce jolie mois de mai, l’Américain Jay Fergusson et la Française Françoise Bonhivers s’aiment d’un amour fou jusqu’au jour où le groupe d’amis découvre le passé caché de Jay Fergusson.

Bien construite et excellemment mise en images dans un style réaliste élégant, Sous les pavés nous permet de retrouver – ou de découvrir pour les plus jeunes – l’esprit de mai 68 et notamment ce fameux romantisme révolutionnaire dont on parle toujours autant 50 ans après…

Eric Guillaud

Sous les pavés, de Warnauts et Raives. Le Lombard. 16,45€

© Le Lombard / Warnauts & Raives

17 Mai

Le coin des mangas : Baby-Sitters, 12 ans, Ranma 1/2, Hikari-Man et Hana Nochi Hare

On commence par Baby-Sitters dont le 15e tome vient tout juste de paraître aux éditions Glénat. On y retrouve bien évidemment les personnages habituels, à commencer par Ryuichi Kashima et Kotaro Kashima, les deux frangins devenus orphelins suite à la disparition de leurs parents dans un accident d’avion et recueillis par la directrice de l’Académie Morinomiya qui a elle-même perdu son fils et sa belle fille dans l’accident. Ryuichi, qui est le plus grand des deux, doit non seulement s’occuper de son petit frère mais aussi des enfants de la crèche de l’Académie, parmi lesquels Takuma et Kazuma Mamizuka. Et ce n’est pas tous les jours facile… (Baby Sitters 15, de Hari Tokeino. Glénat. 6,90€)

Changement radical de style avec le premier volume de Hikari-Man sorti il y a quelques semaines maintenant. Ce manga de Hideo Yamamoto à qui l’on doit précédemment Ichi the killer, adapté au cinéma en 2001 et Homunculus, met ici en scène un jeune nerd (passionné d’informatique asocial) prénommé Hikari. En apparence semblable à ses camarades de classe même s’il passe tout son temps à bricoler des ordinateurs, Hikari découvre un beau jour qu’il est sensible à l’électricité statique au point de faire quelques séjours à l’infirmerie du lycée. Rien de très inquiétant, juste de petites pertes de connaissance, jusqu’au jour où le corps du jeune garçon est traversé par un arc électrique violent. A son réveil, Hikari se rend compte que sa conscience peut circuler à travers l’électricité… (Hikari-Man 1, de Hideo Yamamoto. Delcourt / Tonkam. 7,99€)

Vous avez aimé Hana Yori Dango et son univers ? Ne bougez pas, Yoko Kamio vous en offre la suite avec ce premier volume de Hana Nochi Hare. Retour donc au lycée d’élite Eitoku, un lycée réservé aux plus riches dans lequel un groupe d’élèves, les Correct 5, s’évertue à débusquer et faire expulser les lycéens pauvres simplement pour préserver la réputation de l’établissement. La jeune Oto Edogawa pourrait être la nouvelle victime. Elle fait tout pour cacher les origines modestes de sa famille,  jusqu’au jour où Haruto Kaguragi, leader des Correct 5, découvre que la jeune fille travaille dans une supérette… (Hana Nochi Hare 1, de Yoko Kamio. Glénat. 6,90€)

On reste chez Glénat avec le douzième volet de ce qui devait être au départ une histoire courte,12 Ans de Nao Maita. Au menu, comme toujours, des histoires qui tentent d’apporter des réponses aux questions que peuvent se poser les lectrices à cet âge-là. On y parle bien évidemment de l’amour et plus largement de la vie… (12 Ans, de Nao Maita. Glénat. 6,90€)

On termine avec Ranma 1/2 troisième volet, un manga de Rumiko Takahashi publié chez Glénat. Akané n’a aucune blessure apparente, tout juste a-t-elle ressenti de l’air frais derrière les oreilles et une sensation de légèreté. Rien d’autre. Pourtant, la jeune fille est totalement amnésique depuis son duel avec Shampoo. Elle ne se souvient même pas de Ranma avec qui elle vit depuis pas mal de temps maintenant. La seule solution pour Ranma ? Se procurer un shampooing spécial, le numéro 119, qui ne se vend qu’en Chine. Histoires d’amour, personnages qui se transforment en animaux et surtout arts martiaux, Ranma 1/2 a tout pour plaire aux jeunes ados de sexe masculin. (Ranma 1/2 tome 3, de Rumiko Takahashi. Glénat. 10,75€)

Eric Guillaud