08 Déc

Le cerveau peut-il faire deux choses à la fois ? Réponse avec Fiamma Luzzati

Le-Cerveau-peut-il-faire-deux-choses-a-la-foisTout est dans le titre ou presque ! Fiamma Buzzati a créé en 2010 un blog de vulgarisation scientifique aujourd’hui hébergé par le site du Monde. Oui le site du Monde. Il faut dire que son approche de la science, même si elle se fait par le graphisme, la bande dessinée et quelques touches d’humour a tout de sérieuse.

Il suffisait jusqu’ici d’aller sur son blog, L’Avventura, pour s’en rendre compte, vous pouvez dorénavant retrouver son travail dans un livre paru aux éditions Delcourt. Plus de 250 pages pour comprendre comment fonctionne la mémoire, pour mieux connaître l’autisme, l’univers, le cerveau, la philosophie, la mozzarella, oui oui, la mozzarella, bref autant de questions essentielles pour notre vie quotidienne et pour lesquelles elle est allée chercher des réponses auprès de quelques scientifiques. En fin d’album, l’auteur fournit toutes ses sources, livres, sites internet mais aussi noms des chercheurs consultés. Une véritable approche de vulgarisation que 25 000 lecteurs suivent quotidiennement sur son blog. Ça fait rêver !

Eric Guillaud

Le Cerveau peut-il faire deux choses à la fois ? de Fiamma Buzzati. Editions Delcourt. 19,99€

07 Déc

Chroniques de Noël : Spooky et les contes de travers, un livre pour filer droit sous la couette

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Aïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Voilà un bien étrange journal intime que celui de Spooky, une gamine grande comme trois pommes en extension. Originaire du pays des contes de fées – c’est elle qui le dit – Spooky est une grande amatrice de ces sombres histoires qui font peur. D’ailleurs, son journal intime est voué à devenir un grand livre de contes. En attendant, on y croise trois petits cochons, propriétaires d’une pension pour monstres à Londres, mais aussi un miroir magique, un stylo d’enfer qui écrit noir et fait des tâches de couleurs, un tee-shirt avec des ailes dans le dos, des bestioles en pagailles, des lieux dépaysants et exotiques, des chats croquants, une tourte de l’horreur, des plans affreusement machiavéliques, des mystères radicalement mystérieux, des affaires pas vraiment claires, un bouquet écarlate et des centaines d’autres petites choses qui pourraient bien changer vos jours et vos nuits.

Bon, pas de panique, keep calm comme diraient les English, la lecture de cet ouvrage ne devrait pas vous perturber plus que ça, ni vous coller la frousse aux trousses pour l’éternité et au delà. C’est plutôt drôle et frais, imaginé par deux auteurs passionnés du genre, Carine-M et Élian Black’Mor, responsables et coupables par ailleurs de L’Epouvantable Encyclopédie des fantômes et de L’Effroyable encyclopédie des revenants. Monstrueusement drôle !

Eric Guillaud

Spooky & Les contes de travers, de Elian Black’Mor et Carine-M. Editions Glénat. 25,50€

05 Déc

Chroniques de Noël : Buck Danny, Marsupilami, Jeremiah, Michel Vaillant, Les Tuniques Bleues, Le Petit Spirou… ces héros qui ne meurent jamais

51RNaAM74SL._SX361_BO1,204,203,200_Ils s’appellent Buck Danny, Chesterfield, Blutch, Michel Vaillant, Jeremiah, le Marsupilami ou Le Petit Spirou et nous accompagnent depuis pas mal d’années, depuis notre naissance pour certains d’entre eux et d’entre nous. Les héros ne meurent jamais, et surtout pas au moment de Noël…

On commence par le petit dernier, le plus jeune de notre sélection, 25 ans tout de même de bons et loyaux services, 17 albums et un hors série intitulé Sans interdits depuis toujours paru cette année pour fêter ce cap hautement symbolique. 25 ans d’aventures mais le héros, lui, n’a pas encore 9 ans, même si dans ce dernier épisode Le Petit Spirou devient grand, plus grand que 25 ans, en avalant un soi-disant élixir de jouvence. Vous suivez ? Non ? Il devient grand mais sans devenir Spirou, le vrai, celui du journal. C’est un autre grand. Oui, je sais c’est compliqué. Le mieux pour tout le monde c’est de le lire. Tout le monde te regarde est le titre de ce dix-septième album toujours signé Tome et Janry. Un titre accrocheur, des gags ravageurs, un 9782800164588graphisme rieur, c’est la recette du succès. (Le Petit Spirou tome 17, de Tome et Janry. Editions Dupuis. 10,60 €)

Un peu plus âgé, 36 ans et toutes ses dents ou presque, 34 albums au compteur, Jeremiah est de retour pour une nouvelle aventure dans cet univers post-atomique et crépusculaire que nous construit album après album l’un des maîtres de la bande dessinée franco-belge, Hermann. Relevant à la fois du récit fantastique et du western, les aventures de Jeremiah sont à chaque fois l’occasion de dénoncer les dérives de notre société, ici le capitalisme sauvage. Nouvelle étape donc pour Jeremiah et son ami Kurdy qui débarquent à Jungle City, nom de ce nouvel épisode, où se joue une guerre autour du contrôle de l’eau potable et donc de toute la population. Une histoire en forme de panier de crabes, une galerie de gueules d’atmosphère, des méchants vraiment méchants, une implication bien involontaire de nos deux héros dans le conflit, une maîtrise graphique époustouflante… tous les Les_Quatre_Evangelistes_Les_Tuniques_Bleues_tome_59ingrédients qui ont fait le succès de la série sont encore là. (Jeremiah tome 34, de Hermann. Editions Dupuis. 12 )

47 ans, non vous ne rêvez pas, 47 ans et 59 albums, ça roule pour Les Tuniques Bleues, ça roule ou plus précisément ça galope. Apparus dans le journal Spirou en 1968, le caporal Blutch et le sergent Chesterfield ont renouvelé le genre du western comique en insufflant une légère dose d’antimilitarisme. Au fil de leurs aventures, nos deux héros ont participé à toutes les plus grandes batailles de la guerre de Sécession sans jamais perdre la vie. C’est justement pour ça, pour leur longévité qu’ils ont été choisi pour une nouvelle mission impossible : déguisés l’un en religieux, l’autre en idiot du village, ils vont tenter de mettre hors de service une batterie d’artillerie confédérée placée sous le commandement d’un certain William N.08188906-photo-bd-et-automobile-michel-vaillant-collapsus Pendelton, ancien pasteur de l’église épiscopale. Seront-ils là pour une 60e aventure ? Réponse dans cet album. (Les Tuniques Bleues tome 59, de Lambil et Cauvin. Editions Dupuis. 10,60 )

Toujours plus vieux, 58 ans (ouf je n’étais pas né!), toujours plus d’albums, 74, Michel Vaillant s’est rangé des voitures pendant cinq petites années entre 2007 et 2012 juste le temps de reconstituer une nouvelle équipe pour imaginer des aventures relookées à notre héros national. Et c’est à fond le champignon qu’il est réapparu. Philippe Graton, le fils du créateur Jean Graton, Lapière, Bourgne et Benéteau s’occupent désormais de la destinée de l’écurie Vaillant. Collapsus, album qui vient de paraître, clôt de très belle manière le premier cycle de cette nouvelle saison. C’est beau, bougrement bien écrit et dessiné, dynamique, les pages ont un petit quelque chose de nostalgique et en même temps de très moderne, le Journal L’Equipe lui-même recommande la série, autant dire que notre héros est51Yxlrh3T8L._SX376_BO1,204,203,200_ reparti pour 58 ans de péripéties. (Michel Vaillant nouvelle saison tome 4, de Graton, Lapière, Bourgne et Benéteau. Editions Dupuis. 15,50 )

Attention, on commence à atteindre les âges canoniques, 63 ans et toutes ses tâches noires, 30 albums solo et de nombreuses apparitions dans la série qui l’a vu naître, Spirou et Fantasio, le Marsupilami est une star de la BD et du film d’animation créée par le génial André Franquin en 1952. Lorsque l’auteur arrêta de travailler sur la série, il garda les droits de son personnage, le Marsu n’apparaissant plus alors qu’épisodiquement avant de devenir propriété pleine et entière de Marsu-Porductions. Depuis 2013, les éditions Dupuis ont racheté cette maison d’édition et récupéré le personnage qui va faire son grand retour dans le prochain épisode de Spirou et Fantasio réalisé par Yoann et Vehlmann. En attendant, il continue à vivre formosaBuckdanny54ses aventures dans la série parallèle dessinée par Batem et scénarisée par Colman. Houba Houba ! (Marsupilami tome 29, de Franquin, Batem et Colman. Editions Marsu Productions. 10,60 €)

On termine avec le champion toutes catégories, 68 ans, 54 albums et une aura internationale. Papy mais encore beau gosse notre Buck Danny, même s’il a connu toutes les guerres ou presque depuis 1947 et testé pour nous toutes les avancées technologiques de l’aéronautique. Après Bergèse qui avait déjà donné un coup de neuf à la série mythique, Formosa poursuit le travail. La Nuit du spectre, dernier album en date, est une petite merveille graphique, encore un peu bavard, mais hyper dynamique et réaliste. Terminée depuis longtemps la guerre froide, Formosa COvWy7crucAK1IBSWxm7QBUpmYlhdeTf-couv-1200et le scénariste Zumbiehl nous entraînent dans la poudrière politique orientale où on retrouve une – aussi – vieille connaissance, Lady X.

Pour les amoureux du Buck Danny à l’ancienne, les éditions Dupuis poursuivent la réédition de ses aventures en intégrale. Le tome 11 est sorti en septembre dernier avec au menu trois récits des années 70, La vallée de la mort verte, Requins en mer de Chine, La Reine fantôme, le tout accompagné comme d’habitude d’un cahier graphique réunissant moulte informations sur le héros, la série, ses auteurs, avec des photos, des croquis, des illustrations, des couvertures, des documents souvent inédits. Décollage immédiat ! (Buck Danny tome 54, de Zumbiehl et Formosa. Editions Dupuis. 12€ – Buck Danny Intégrale 11, de Hubinon et Charlier. Editions Dupuis. 24€)

Eric Guillaud

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Murs Murs et Le procès Colonna de Tignous édités chez Glénat

9782356480064-LIl s’appelait TIgnous, assassiné par l’obscurantisme en janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo. Bernard Verlhac de son vrai nom, caricaturiste, dessinateur de presse, collaborateur à L’Idiot international, à La Grosse Bertha, à L’Evénement du jeudi, Marianne, Fluide Glacial… et puis, bien sûr, à Charlie Hebdo.

Onze mois après son lâche assassinat, les éditions Glénat rééditent l’album Le Procès Colonna et publient Murs Murs, la vie plus forte que les barreaux

En 2007, pour Charlie justement, Tignous couvrait avec le journaliste Dominique Paganelli le procès d’Yvan Colonna, assassin présumé du préfet Claude Érignac. Ils en tiraient une bande dessinée publiée en 2008 chez 12Bis, une centaine de pages qui revenaient sur le procès. « Il y a eu des sons, des images, des regards, de l’indifférence, de la haine, de la tendresse qui se sont entrechoqués… » écrivait-il alors avec Paganelli, « Il y a eu des larmes et même un fou rire général… Pour parler de la mort d’un homme, il y a eu de la vie« . C’est de ça dont ils souhaitaient parler dans cette murs-murs-couvalbum, évoquer ce qui les avait touchés pendant les trente-quatre journées d’audience. Le Procès Colonna remporta le Prix France Info 2009 de la bande dessinée d’actualité et de reportage et permit à son auteur de devenir membre de la presse judiciaire, suivant alors de nombreux procès.

Il aimait le monde judiciaire, assister à des procès, il aimait aussi et surtout les gens, rappelle son épouse, Chloé Verlhac, en préface de Murs Murs, La vie plus forte que les barreaux. Pour cet album posthume sur lequel il travaillait depuis des mois et espérait tant la publication, Tignous avait recueilli la parole de ceux et celles qui fréquentent pour une raison ou une autre l’univers carcéral. À Lannemezan, Rennes, Porcheville, Douai ou encore Fleury-Mérogis, partout où il était allé, il avait recueilli la parole des prisonniers, du personnel, des avocats, des médecins, des aumôniers. Dessin après dessin, témoignage après témoignage, il voulait nous sensibiliser aux conditions de vie dans les prisons, nous décrire une cellule, une cour de promenade, les sanitaires, une journée quotidienne, un repas, une journée de travail pour certains… Reportage au coeur de la prison, Murs Murs pose un regard sensible, humaniste, sur des hommes et des femmes. Du Tignous quoi !

Eric Guillaud

Le procès Colonna, de Tignous et Pagzanelli. Editions Glénat. 19,50€

Murs Murs, de Tignous. Editions Glénat. 25€.

02 Déc

Chroniques de Noël : Chi, l’histoire d’un chat presque comme les autres

41OU422CkyL._SX355_BO1,204,203,200_Aïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux ? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Raisonnablement, vous ne pouvez pas être passé à côté de Chi. 1 million d’albums vendus, des aventures publiées dans 13 pays à travers le monde, des adaptations en livres jeunesse, en romans, en dessins animés et des produits dérivés en pagaille, Chi est le chaton le plus connu de la planète BD made in Japan.

Et il revient, Chi, pour un ultime album, le douzième, le plus émouvant peut-être aussi. Chi est en effet face à un dilemme. Partir avec sa maman et ses frères qu’elle vient enfin de retrouver ou rester avec sa famille d’adoption, les Yamada, en partance pour la France. On apprend au passage que le véritable nom de Chi est Sara.

Avec un propos universel, un langage chat sans frontière, un graphisme épuré, un découpage simple, Konami Kanata a su conquérir un très large public. Parallèlement à ce douzième volume de la série manga sort le premier DVD de ses aventures en dessin animé. Treize épisodes sont réunis dans ce premier des quatre volumes annoncés.

Si Chi une vie de chat s’arrête, Choubi Choubi commence. C’est la nouvelle série de Konami Kanata et elle met elle aussi en scène un chat, un matou cette fois, qui découvre au fil de ses aventures la canicule, la neige, les cerisiers en fleurs, les sapins de Noël, la vie quoi…

Eric Guillaud

 Chi’s sweet home, Chi une vie de chat (tome 12), de Konagi Kanata. Editions Glénat. 10,75 €

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01 Déc

Chroniques de Noël : Toto, Dad, Game Over, Les Minions, une sélection de BD pour les enfants

Couv_258378Aïe ! Noël approche à la vitesse de la lumière et vous séchez affreusement question cadeaux ? Alors voici rien que pour vous une sélection de BD qui feront à coup sûr de l’effet au pied du sapin.

Les Minions sont de retour ! Ces fameux personnages en forme de capsule de Kinder surprise qui ont joué les seconds rôles dans le film d’animation Moi, moche et méchant avant de devenir de véritables vedettes dans leur propre film, reviennent pour une nouvelle aventure en bande dessinée aux éditions Dupuis. On ne change pas une formule qui a fait ses preuves, ce deuxième album propose comme le premier des gags en une planche sans paroles mais très visuels, des gags à nous rendre complètement banana. C’est léger, souvent drôle et recommandé par la Sécurité sociale pour détendre les synapses… (Evil Panic, Les Minions 2, de Lapuss’ et Collin. Editions Dupuis, 9,90 €)Couv_257603

Les repas, la vaisselle, le linge, le ménage, les devoirs, les couches… Dad n’a pas choisi la facilité. Quatre filles à élever, oui vous avez bien lu, Ondine, Roxane, Bébérénice et Panda, quatre filles et pas une seule mère à l’horizon. Dad est seul, définitivement seul pour s’occuper de tout. Et c’est loin d’être facile d’autant que Dad a décidé de relancer sa carrière de comédien. Marre du chômage, marre des doublages de dessins animés, marre des publicités, il lui faut un vrai rôle, un rôle de jeune premier, et il va trouver. Dad sera Père Noël au marché de Noël. En attendant mieux… Carton assuré pour ce deuxième volume toujours aussi drôle et moderne. Une vie de famille comme vous en avez peut-être déjà vu autour de vous ! (Secrets de famille, Dad tome 2, de Non. Editions Dupuis. 9,90 €)

501 GAME OVER T13[BD].inddUn million d’exemplaires vendus, treize tomes publiés et un auteur comblé. Après Kid Paddle, Midam continue à décrocher les étoiles avec sa série Game Over qui met en scène le Petit Barbare et sa Princesse dans des gags aussi drôles que dégoulinants de mauvaises intentions. 43 gags, autant de façon de mourir bêtement, écrasé, broyé, découpé, haché menu, fondu. Autant de façons aussi de mourir de rire. Et c’est bien là le principal ! (Toxic Affair, Game Over tome 13, de Midam, Adam et Patelin. Editions Glénat. 10,95 €)

Toto est nul en maths, nul en histoire, nul en tout ce qui touche de près ou de loin à l’école. Par contre, c’est un petit génie côté blagues. La preuve, elles circulent dans les cours de récré depuis des lustres et en bande dessinée depuis maintenant 11 ans et 12 tomes. Et pour bien les raconter,BLAGUES-DE-TOTO-12 qui mieux qu’un ancien professeur des écoles ? Thierry Coppée, l’auteur de la série Les blagues de Toto, a effectivement enseigné pendant 4 ans en primaire avant de se lancer dans la bande dessinée, chez Spirou d’abord, pour Delcourt et Les Blagues de Toto ensuite. Autant dire qu’il connaît bien le milieu et les blagues qui font rire depuis des générations. Au fil des albums, Thierry Coppée a qui plus-est su développer tout un univers avec les copains, les profs, la famille. (Les blagues de Toto, de Coppée. Editions Delcourt. 9,95 €)

 

Eric GuillaudCapture d’écran 2014-12-17 à 17.23.01

30 Nov

Angers BD : 17e cuvée du festival les 5 et 6 décembre

12249620_1090431517635195_8304435937570663821_nAmoureux du 9e Art, Angers BD vous invite à savourer son millésime 2015 samedi 5 et dimanche 6 décembre. Une 17e édition portée par l’ange d’Andreas, scénariste et dessinateur de bande dessinée allemand qui s’est fait connaître en France avec Rork, Arq et Capricorne, des séries qui ont en commun une exploration constante des possibilités graphiques et narratives de la BD.

Il ne viendra pas seul à Angers. Une bonne cinquantaine d’auteurs de la région et d’ailleurs l’accompagneront pour les traditionnelles séances de dédicaces et pour les différentes rencontres avec le public. Parmi eux, les éminents Simon Hureau (Crève Saucisse…), Dara (Angélique…), Joël Parnotte ( Les Aquanautes…), Emem (Carmen Mc Callum, Jour J…), Christophe Alves (Lefranc…), Clarke (Réalités obliques, Mélusine…), le Nantais Mathieu Moreau (Le cycle de Nibiru…), un autre Nantais, Dimitri Armand (Bob Morane…), Guillaume Bouzard (Moi, BouzarD, Mégabras…), Tiburce Oger (Gorn, Buffalo Runner…) ou encore Alexe (Le Geste des chevaliers dragons…).

Au menu, des dédicaces bien sûr mais aussi des jeux, des exposants, une pièce de théâtre intitulée « Amour, Passion et CX diesel » d’après la BD de Fabcaro, James et BenGrrr, la remise du Prix Première Bulle Ouest France Angers BD qui récompensera un premier album et de nombreuses expositions, notamment une consacrée à Bob Morane et Ric Hochet, les deux illustres héros qui ont récemment repris du service.

Eric Guillaud

Plus d’infos sur le site du festival ici

26 Nov

Welcome to Hell(fest) ou comment les fans de metal deviennent des héros de papier

whfSans forcer sur le trait, il faut bien reconnaître que les metalleux et metalleuses de France et d’ailleurs ont généralement les cheveux longs, des tatouages un peu partout sur le corps, des vêtements noirs recouverts de patchs aux couleurs de leurs groupes préférés, ils n’ont de fait pas tout à fait le look des héros classiques de la BD franco-belge, peut-être celui des personnages croqués en leur temps par Reiser ou Vuillemin. Et c’est justement dans cet esprit, avec un dessin nerveux et libre, débarrassé de tout académisme, que le roman graphique Welcome to Hell(fest) rend hommage à toute la communauté et plus particulièrement aux amoureux du Hellfest, l’un des plus importants – si ce n’est le plus important -festivals de musique en France tous styles confondus.

10 ans d’existence, 1200 concerts depuis sa création, 40 hectares de surface, 3000 bénévoles, 150 000 festivaliers, 285 000 litres de bière… Trois jours de folie douce et de décibels à vous envoyer directement en enfer. Un « pèlerinage obligatoire pour tout métalleux » écrit en préface l’anthropologue spécialiste du metal Corentin Charbonnier.

Paru sous double pavillon aux éditions du Blouson noir et aux éditions Croc en jambe, Welcome to Hell(fest) raconte sous la forme d’un carnet de route le vécu des auteurs, Johann Guyot et Sofie von Kelen, aux trois éditions du Hellfest 2012, 2013 et 2014.

Relativement peu d’anecdotes liées à la vie quotidienne sur le site du festival, peu de détails sur l’ambiance générale, et on peut le regretter, mais beaucoup d’infos et d’avis sur les groupes vus en concert, depuis Iron Maiden jusqu’à Megadeth, en passant par Slash, Death Angel, Aerosmith, Slayer, Immortal, Morbid Angel, Deströyer 666.., des têtes d’affiche mais aussi des groupes plus pointus, ce qui devrait ravir les vrais fans de métal.

Le premier volet vient de sortir en librairie, le prochain portera logiquement sur l’édition anniversaire 2015 du Hellfest et devrait sortir au moment de l’édition 2016. Les auteurs y seront, nous aussi…

Eric Guillaud

Welcome to Hell(fest), de Guyot et Von Kelen. Editions Croc en jambe et éditions du Blouson noir. 20 €

@ Guyot & Von Kelen

@ Guyot & Von Kelen

23 Nov

Daho, l’homme qui chante : le portrait d’une grande figure de la pop signé Alfred et David Chauvel

daho-l-homme-qui-chanteJe commencerai cette chronique par une confidence : ça fait quelques années que je n’ai pas écouté un album de Daho, depuis en fait un concert insipide donné au Zéntih de Rouen il y a 11 ans. Et puis, je tombe sur ce documentaire « Etienne Daho, un itinéraire pop moderne » diffusé sur Arte le 21 novembre suivi d’un concert au Koko à Londres. Et là je me dis que j’ai du louper quelque chose, au moins son dernier album studio « Les chansons de l’innocence retrouvée » que j’écoute une première fois, puis une deuxième, puis en boucle. J’avais effectivement loupé quelque chose, un album incroyable et un artiste comme on en voit peu. L’album tournant en boucle sur ma platine, je pouvais maintenant me jeter sur la BD de Chauvel et Alfred qui traînait sur ma pile de choses à lire depuis des jours, pour ne pas dire des semaines. Et cette BD traitait justement de Daho…

Daho, l’homme qui chante n’est pas une biographie, pas vraiment un documentaire, non, il s’agit d’une rencontre, une belle rencontre entre deux auteurs de bande dessinée, Alfred et David Chauvel, et un chanteur musicien connu de tous, Etienne Daho. Et quand je dis connu de tous, ce n’est pas pour faire bien. Etienne Daho a réussi à réunir devant une scène un public extra large, depuis les fans de rock indé jusqu’aux amoureux de variété française.

@ Delcourt / Chauvel et Alfred

@ Delcourt / Chauvel et Alfred

Pendant trois ans, de 2012 à 2015, Alfred et David Chauvel ont suivi l’élaboration du dernier album studio du chanteur, depuis l’écriture des chansons jusqu’à la mise en place de la tournée, en passant par la sortie de l’album, l’enregistrement, le choix des visuels, la promo, les moments d’euphorie, les moments de doute aussi.

« J’ai réalisé que j’ignorais comment on fait un disque… », explique le scénariste David Chauvel, « et qu’un regard candide et précis pourrait donner un côté documentaire et technique, intéressant pour le lecteur, qu’il soit fan de Daho ou pas ».

Et de fait, peu importe que vous soyez un inconditionnel du chanteur ou pas. De page en page, on suit le travail de l’artiste mais aussi celui des producteurs, du directeur artistique, de l’ingénieur du son, du manager, du photographe, des musiciens… Chacun évoquant son travail, son apport au projet, par l’intermédiaire d’interviews ponctuant le récit.

On y parle création, inspiration, mais aussi marketing, image. « On peut rarement évoquer et montrer cela… » confie Etienne Daho, « Le travail mystérieux de la création, l’énergie folle que l’on y consacre, intéressent assez peu les médias, hors médias musique. L’axe est bien différent du traditionnel livre sur un artiste : ce livre saisit des instants avec beaucoup d’acuité, d’intimité sans voyeurisme ».

Et c’est vrai, il y a beaucoup d’intimité dans cet album et aucun voyeurisme. Même lorsque le chanteur se retrouve à l’hôpital. Avec beaucoup de finesse, les auteurs abordent le pépin de santé qui le cloue dans un lit d’hôpital pendant de longues semaines retardant la sortie de l’album et de la tournée. « Je pensais rester deux jours à l’hôpital et j’y suis resté deux mois (…) Je sentais la mort rôder, me frôler… mais je ne voulais pas mourir. Je ne pouvais pas laisser ce disque, cette tournée ».

Même si l’option choisie par Alfred pour le graphisme, majoritairement réalisé au crayon de couleur dans un esprit « carnet de notes » peut vous dérouter, faîtes un effort, laissez-vous emporter par l’histoire et vous serez finalement conquis. Un album et un artiste absolument passionnants !

Eric Guillaud

Daho, l’homme qui chante, de Chauvel et Alfred. Editions Delcourt. 18,95 €

21 Nov

Une Vie, adaptation du roman autobiographique de Winston Smith par Christian Perrissin et Guillaume Martinez

9782754808897Le hasard fait souvent bien les choses ! Il a en tout cas permis à Christian Perrissin de dénicher le roman autobiographique de Winston Smith intitulé Une Vie chez un bouquiniste de sa connaissance, très amateur semble-t-il d’auteurs ou de livres injustement oubliés. Sur le coup, le nom de Winston Smith ne dit rien à Perrissin, il ne devrait pas dire grand chose non plus à la plupart d’entre vous sauf que, comme le rappelle le bouquiniste à Christian Perrissin, Winston Smith est le nom du héros de 1984, le fameux roman d’anticipation d’Orwell.

Et dans ce livre, Une vie, Winston Smith raconte notamment sa grande amitié avec Orwell. « Il y a toute une partie consacrée à la genèse de 1984… », confie le bouquiniste, « Mais ce n’est pas le seul intérêt du livre, prenez-le, vous ne serez pas déçu ».

Et Christian Perrissin ne fut pas déçu en effet : « Ce fut même un enchantement. Une Vie raconte une de ces existences comme ont pu l’être celles d’Hemingway, de Graham Greene, de Kessel…« .

Une existence hors du commun que l’auteur de Martha Jane Cannary décide aussitôt d’adapter en BD avec Guillaume Martinez au dessin (Le Monde de Lucie, Motherfucker...). Six albums sont prévus, le premier est sorti en septembre et nous plonge au coeur de l’école privée Land Priors en Angleterre. Nous sommes en 1916. Sur le continent européen, la guerre fait rage. Winston Smith vient de gagner son sésame pour le prestigieux collège d’Eton. Plus tard, il deviendra un grand reporter. Il vivra de près la révolution en Chine, la guerre d’Espagne, la seconde guerre mondiale, s’installera un temps en Afrique équatoriale avant de devenir scénariste en Californie. Il mourra accidentellement en… 1984 dans les Alpes françaises. Une vie romanesque et un premier album en forme de teaser. Vivement la suite!

Eric Guillaud

Land Priors 1916, Une Vie (tome 1), de Perrissin et Martinez. Editions Futuropolis. 15 €