12 Oct

Miyazaki, parce qu’il n’y a pas que la magie de Disney dans la vie…

© Art Ludique. le Musée Du 4 octobre 2014 au 1er mars 2015, Art Ludique-Le Musée

© Art Ludique. le Musée Du 4 octobre 2014 au 1er mars 2015, Art Ludique le musée

Les studios Ghibli ont ouverts leurs archives et ce sont pas moins de 1 300 dessins originaux réalisés à la main par Miyazaki et de ses collaborateurs qui sont exposés. Vous pourrez comprendre les secrets du « Layout » la base de la nouvelle animation japonaise. 

« Le layout, c’est la composante clé dans la production d’un film d’animation » selon Isao Takahata, le réalisateur du Tombeau des Lucioles et co-directeur des studios avec Miyazaki. Des dessins qui définissent à la fois l’ambiance d’une scène mais aussi préfigurent l’angle et le mouvement de l’animation… Bref, ces layouts, ce sont tout l’ADN de Ghibli. A l’heure de la 3D, prenez le temps d’entrer dans ces dessins. Même en étant dingue de technologie, on peut trouver cela magnifique pour le foisonnement des détails, pour la beauté d’une perspective, pour la justesse d’expression d’un visage. Cela fait 15 ans à peine que leur génie créatif s’est imposé en France. L’animation japonaise revient de loin quand dans les années 70-80, tout était sur un seul plan et le seul mouvement dans l’image était la bouche.

Mon voisin Totoro, Le château dans le ciel, Princesse Mononoké, Ponyo ou encore Le voyage de Chihiro, son plus grand succès publicTout ces chefs-d’œuvre sortent des studio Ghibli. Et sont sortis de l’imagination d’Hayao Miyazaki.

Plaisir final : une oeuvre originale ou presque de sa main, vous pourrez repartir avec un crayonné dans lequel vous même apparaîtrez assis dans le décor du Voyage de Chihiro

© Art Ludique. le Musée Du 4 octobre 2014 au 1er mars 2015, Art Ludique-Le Musée

© Art Ludique. le Musée Du 4 octobre 2014 au 1er mars 2015, Art Ludique-Le Musée

Du 4 octobre au 1er mars 2015, à Art Ludique – Le Musée à Paris dans le 13ème.

Didier Morel

Regardez ce reportage réalisé avec Abdel Joudi

Le Bayeux des correspondants de guerre : une Grand Reporter aussi en BD

Les larmes du Seigneur Afghan - Pascale Bourgaux, Campi/Zabus - Dupuis

Les larmes du Seigneur Afghan – Pascale Bourgaux, Campi/Zabus – Dupuis

Les larmes du Seigneur Afghan, c’est d’abord le titre d’un documentaire dans lequel Pascale Bourgaux raconte ses 10 ans de rencontres avec un chef de guerre pachtoun Mamour Hasan, un compagnon d’armes de Massoud, le célèbre lion du Panjshir.

Depuis le printemps, c’est aussi une BD intelligemment mise en case par Thomas Campi et Vincent Zabus.

Les larmes du Seigneur Afghan - Pascale Bourgaux, Campi/Zabus - Dupuis

Les larmes du Seigneur Afghan – Pascale Bourgaux, Campi/Zabus – Dupuis

Pascale Bourgaux est à Bayeux cette semaine. Son film est projeté pendant le festival du 21ème prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre et son album publié dans la prestigieuse collection Air Libre est en dédicace sur place au salon du livre. Et rappelons-le, l’entrée est libre.

Didier Morel

Pour en savoir plus, relisez l’article d’Eric Guillaud et regardez ce reportage réalisé avec Didier Bert :

 

24 Sep

5 en bulles

Paris 5 en Bulles 2014

Paris 5 en Bulles 2014

Paris 5e, c’est le coeur de la capitale et le nouveau lieu pour buller le temps d’un week-end. Pour une première édition le programme est déjà riche et les lieux insolites pour rencontrer des auteurs, comme un Commissariat de Police ou une Caserne de Pompiers.

Plus de quinze auteurs participent à ce rendez-vous parmi lesquels : l’auteur de Valérian Jean-Claude Mézières, le second père de Spirou Jean-Claude Fournier, Max Cabanes dont Eric Guillaud vous parlait ici pour le remarquable Fatale d’après ManchetteTanino Liberatore qui a fait rêver des générations d’adolescents avec Ranxerox et bien d’autres auteurs comme Alex Varenne, Séra, Looky et Dem, Jean-Michel Ponzio, Patrick Gaumer, Philippe Foerster, Muriel Blondeau, Nora Moretti, Steven Tamburini, Patrick Marty, Agnès Vinot, Nathalie Baillot, Alain Janolle…

Le public pourra découvrir ces auteurs à travers un parcours de dédicaces samedi 27 et dimanche 28 septembre 2014, en front de Seine chez les commerçants du Quai de Montebello, chez les professionnels de la BD de la rue Dante, chez les commerçants du quartier Saint-Germain et des rues adjacentes, ainsi que dans des lieux insolites : la Caserne des Pompiers (48, rue Cardinal Lemoine), le Musée de La Préfecture de Police (Commissariat de Police 4, rue de la Montagne Sainte-Geneviève), la Bibliothèque du 11, rue des Bernardins… et beaucoup d’autres lieux à découvrir.

Valérian - Jean-Claude Mézières - Dargaud

Valérian – Jean-Claude Mézières – Dargaud

RENCONTRES – DÉDICACES samedi 27 septembre 2014 14H-18H 
MARCHE BD – PLACE MAUBERT  et dimanche 28 septembre 9H-18H

EXPOSITION JEAN-CLAUDE MÉZIÈRES « la saga de Valérian et de Laureline » 
MAIRIE DE PARIS 5ème – Salle René Capitant
du vendredi 19 septembre au samedi 4 octobre 2014

EXPOSITION COLLECTIVE DES ARTISTES EN DÉDICACES 
Galerie Scribe L’Harmattan 
19, rue Frédéric Sauton du 17 au 30 septembre 2014

ALEX VARENNE « L’érotisme du vide »
Galerie Fei 3, rue Fréderic Sauton du 17 au 30 septembre 2014

LOOKY ET DEM « La Belle et La Bête »
Vitrine du Café-Galerie Aux Arts
 Quai de Montebello du 22 au 30 septembre 2014.

EXPOSITION D’ORIGINAUX de HUGO PRATT
 Cave voûtée du Café-Galerie Aux Arts du 25 au 28 septembre 2014

JEAN-CLAUDE FOURNIER
 Brasserie La Bûcherie
 41, rue de la Bûcherie du 25 au 28 septembre 2014

Paris 5 en Bulles 2014

Paris 5 en Bulles 2014

Association 5sur5 – « 5 en bulles »
 plus d’info sur Facebook : 5enbulles

22 Mai

Festival BD de Puteaux : 11e édition

Festival Bd Puteaux 2014

Festival Bd Puteaux 2014

Il se veut le plus grand festival de BD d’Île de France. Pour le vérifier, le plus simple c’est de prendre la direction de Puteaux ce week-end pour sa 11e édition sur 3 jours, les 23, 24 et 25 mai 2014.

Vous aimez l’Histoire et la bande dessinée historique ? Des compagnies seront là  pour essayer de vous faire voyager dans le temps ! Celtes, Romains, Vikings, Chevaliers, Médiévistes, Sans-culottes, Poilus. Toutes les époques et tous les styles déambuleront durant tout le 11e Festival BD de Puteaux.

Invité mis à l’honneur : Roman Surzhenko, le dessinateur qui a donné vie aux Mondes de Thorgal.
Découvrez l’histoire de l’Enfant des Étoiles recueilli par les vikings, créé par Grzegorz Rosinski (pour avoir de ses nouvelles, c’est ici). Une exposition en partenariat avec la Compagnie du Clan du Westfold sur l’Esplanade de l’Hôtel de Ville.

Dans le Palais de la médiathèque, un mur de la BD est prévu pour laisser courir vos feutres et votre imagination. Un atelier graphique sur tablette numérique accueillera vos enfants de 7 à 14 ans. Vous pourrez également assister à des performances en direct par des auteurs du festival.

Bon à savoir : À l’occasion du 11e Festival BD de Puteaux, la Ville organise un concours destiné aux nouveaux talents pour valoriser leur travail et leur permettre de rencontrer des professionnels de la bande dessinée. Vous avez plus de 14 ans et vous n’avez jamais été publié. Les participants doivent réaliser une planche de format A3 (29 cm x 42 cm) sur le thème : « L’HISTOIRE DANS LA BD » Le règlement et des planches vierges sont à leur disposition dans les Médiathèques de Puteaux et sur www.mediatheques.puteaux.fr Les travaux doivent être déposés au plus tard le 30 avril à 18 heures, dans une des trois Médiathèques de la Ville, ou par mail à festivalbd@mairie-puteaux.fr Les meilleures planches seront exposées durant le Festival. Les lauréats seront sélectionnés par un jury composé de professionnels de la BD présents au Festival, et la remise des prix aura lieu le samedi 24 mai 2014. 1er prix : 1 planche originale et 1 publication 2e prix : 1 dessin original 3e prix : 1 dessin original

Enfin si la chasse aux dédicaces est votre sport de combat préféré, ne manquez pas Hardoc (La guerre des Lulus 1914), Francis Bergèse (Buck Danny), ou encore Michel Blanc-Dumont (La Jeunesse de Blueberry).

Plus de 60 auteurs sont annoncés :

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01 Mai

8 albums de printemps : que lire, que choisir, qu’offrir ?

Les grandes inventions de l’Histoire par Zep et Stan & Vince - Glénat

Les grandes inventions de l’Histoire par Zep et Stan & Vince – Glénat

Les Vacances, Pâques, le Printemps …
Qu’importe la raison, la bd s’offre en toute saison !
Voici un florilège de récits pour tous les âges :
des inventions avec le papa de Titeuf, une autobiographie avec un ancien footballeur, la grande Histoire depuis Vercingétorix au Débarquement …
Les Chronokids ont été primés à Angoulême en 2011. Pour cet album spécial, Adèle et Marvin repartent pour une série de courtes aventures avec leur cocasse machine à remonter le temps. Le résultat est drôle. Sept courts récits, entre fiction et réalité, permettent de découvrir sept célèbres inventeurs comme Gutenberg pour l’imprimerie, les Frères Lumière pour le cinéma ou encore Alan Turing pour l’ordinateur.
Ana Ana (t3) une virée à la mer par Alexis Dormal et Dominique Roques – Dargaud
Ana Ana (t3) une virée à la mer par Alexis Dormal et Dominique Roques - Dargaud

Ana Ana (t3) une virée à la mer par Alexis Dormal et Dominique Roques – Dargaud

Elle est la jeune soeur de Pico Bogue et comme lui, elle n’a pas l’habitude d’avoir la langue dans sa poche. Ici le même tandem d’auteurs, la mère au scénario Dominique Roques et le fils Alexis Dormal au dessin, nous révèle une autre facette d’Ana Ana, avec la création de cette série d’albums destinés à un public bien plus jeune. La chipie nous ouvre les portes de son monde imaginaire, celui peuplé de peluches et autres doudous. Un régal poétique dès les premières années …
Les chevaliers de la Chouette (t1) par Ben Fiquet – Glénat

Les chevaliers de la Chouette (t1) par Ben Fiquet – Glénat

Les chevaliers de la Chouette (t1) par Ben Fiquet – Glénat
1er tome des aventures d’un apprenti chevalier. Manille, orphelin, rêve de quitter le couvent où il grandit, entouré de religieuses, pour rejoindre une confrérie. Personnage attachant et frondeur, le bambin fait l’apprentissage des règles de la chevalerie dans un univers graphique proche de celui de l’héroïc fantasy. A suivre …
« Pouvez-vous me citer un scientifique noir ?
Un explorateur noir ? 
Un philosophe noir ? 
Un pharaon noir ?
Si vous ne le savez pas, quelle que soit la couleur de votre peau, ce livre est pour vous. »
Notre histoire (t1) par Lilian Thuram, Jean-Christophe Camus et Sam Garcia – Delcourt
Avant d’être un bleu, champion du monde, Liliam Thuram a été un enfant avec des étoiles dans les yeux. Il a grandi avec ses frères et sœurs en Guadeloupe, pendant que sa mère travaillait en métropole. C’est à cette « première étoile » qu’il souhaite rendre hommage avec ce premier tome dessiné d’après son livre Mes étoiles noires : un récit sur les grands hommes qui ont inspiré son engagement. Dans la seconde partie de sa vie, Thuram est devenu le chantre de la lutte contre les préjugés et le racisme à travers sa Fondation. Cette version BD de son autobiographie peut paraître naïve ; elle prend en fait son envol avec le personnage du sage venu des légendes peules.
Notre histoire (t1) par Lilian Thuram, Jean-Christophe Camus et Sam Garcia – Delcourt

Notre histoire (t1) par Lilian Thuram, Jean-Christophe Camus et Sam Garcia – Delcourt

14 Avr

2014 : Gotlib a 80 ans !

Les mondes Gotlib - Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme

Les mondes Gotlib – Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme

Et pour fêter cet anniversaire, qui aura lieu précisément le 14 juillet, le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, rue du Temple à Paris, lui ouvre ses portes. L’exposition, intitulée Les Mondes de Gotlib, vient de démarrer depuis quelques semaines. Elle prendra fin le 27 juillet. L’occasion pour les lecteurs de 77 ans  – et plus ! – de redécouvrir une des figures incontournables de la bande dessinée française. L’opportunité pour les plus jeunes de faire connaissance avec un amoureux des lettres, des mots et de la culture.

L’affiche de l’exposition confronte d’emblée le visiteur à l’un des thèmes essentiels de Gotlib : le comique du pastiche et de la parodie. Un comique aux références culturelles donc. Ici, un autoportrait qui s’inspire du personnage d’Orange Mécanique de Stanley Kubrick. Une référence qui inscrit le dessinateur dans un univers de la violence au service d’une réflexion sur l’Homme. Les « saynètes » ou « historiettes » – comme Gotlib se plaisait à appeler ses créations – mettent en effet en image les contradictions inhérentes à la nature humaine.

Car ce qu’entend montrer la première partie de cette exposition, c’est que la question du rire chez Gotlib est intimement liée au paradis perdu de l’enfance et au traumatisme de la Shoah. Marcel Gottlieb (L’orthographe de son vrai nom) est né au sein d’une famille juive hongroise, immigrée à Paris dans les années 1920. Son enfance heureuse, dans le quartier de Montmartre, est bouleversée par l’obligation de porter l’étoile jaune, un épisode qu’il raconte dans son autobiographie J’existe, je me suis rencontré :

J'existe je me suis rencontré - Gotlib - Dargaud

J’existe je me suis rencontré – Gotlib Dargaud

« J’avais huit ans, et je ne savais pas que j’étais juif moi-même. A l’école, les copains ne parlaient que de ces pourris de youpins, répétant probablement ce qu’ils entendaient de leurs parents. Comme je ne savais pas trop qui étaient ces salauds, j’avais tendance à opiner du bonnet, pour ne pas avoir l’air con. Un beau jour, quand ma mère m’a cousu l’étoile jaune, l’étoile de shérif comme disait Gainsbourg, j’ai réalisé que je faisais partie des salauds de pourris de youpins en question. Pour employer un euphémisme … ça m’a fait un choc. »

La disparition de son père, Ervin, arrêté en septembre 1942 par la police française, conduit à Drancy puis déporté, constitue le second « choc »  pour le jeune Marcel. La famille ne reverra plus celui qui en 1939 s’était engagé volontairement dans l’armée française. Commence alors une course pour la survie : Marcel et sa jeune sœur Liliane échappent à une rafle en 1943 ; ils sont ensuite cachés, grâce à des religieux catholiques, chez des fermiers en Eure et Loire.

Chanson aigre douce - Gotlib - Dargaud

Chanson aigre douce – Gotlib – Dargaud

Ces traumatismes imposés par l’Histoire ne vont directement apparaître que dans deux des créations graphiques de Gotlib. La première, publiée en 1969 dans Pilote, s’intitule Chanson aigre-douce et met en scène un petit garçon de 8 ans qui est hébergé par une famille de paysans dans les années 1940. Un jour d’orage, troublé par une comptine dont il ne comprend pas vraiment la signification (« Leblésemouti, Labiscouti, Ouleblésmou, Labiscou »), l’enfant se réfugie dans l’étable de la ferme en compagnie d’une chèvre qu’il a adoptée et qu’il caresse tendrement. Ce n’est qu’une fois adulte qu’il fera le rapprochement entre cet « habit » qui se « coud » et le port de l’étoile jaune sous le régime de Vichy.©

La Coulpe de Gotlib

La Coulpe de Gotlib

Quatre ans plus tard, dans L’Echo des Savanes, Gotlib publie une bande dessinée en 15 planches, intitulée La Coulpe, pour évoquer les affres de la création artistiques et les doutes personnels qui l’assaillent. Les quatre vignettes de la planche d’ouverture présentent un petit garçon, vu de dos, qui fait une farce à un camarade de son âge. Il l’asperge d’eau, un peu à la manière des clowns. Mais la dernière vignette constitue une chute narrative brutale : ce n’est pas une fausse fleur qu’il a cousue sur sa veste, mais l’étoile jaune ; et d’un air triomphant, l’enfant proclame :

« Je viens de saisir le sens de l’expression humour grinçant. De beaux jours se préparent ! »

 Si Gotlib s’est toujours montré très pudique quant à son histoire familiale, on peut quand même considérer que tout son art se nourrit de ces épreuves personnelles. Ainsi, en 1968, dans deux planches intitulées Manuscrit pour les générations futures, le dessinateur a raconté la destruction des Halles de Paris en prenant comme protagonistes des rongeurs. Le déménagement du marché central vers Rungis est vécu par le « peuple des rats » comme un « grand cataclysme » (shoah en hébreu) car il donne lieu à une opération de dératisation de grande ampleur, à l’aide d’un gaz nommé « le fléau ». Une métaphore évidente de la destruction du ghetto de Varsovie, et au-delà de la politique nazie d’extermination des juifs.

Superdupont gravissant la Tour Eiffel - Gotlib (C) Fluide Glacial

Superdupont gravissant la Tour Eiffel – Gotlib(C) Fluide Glacial

Plus généralement, le comique qu’il pratique, et notamment l’usage massif de l’autodérision, conduit à le classer parmi les représentants de « l’humour juif ». Le personnage de Superdupont qu’il invente est à voir comme « un concentré pathétique et ridicule de la médiocrité d’une France vichyste, xénophobe, arc-boutée sur ses mythes identitaires » (Paul Salmona, préface du catalogue de l’exposition). Son goût pour l’anticonformisme, sa condamnation de toute forme de censure, s’inscrivent dans son rejet des morales étriquées ou excessives. Sa manière de s’affranchir des conventions de la case de bande dessinée, en donnant une place essentielle au texte, et surtout à la graphie des mots, serait également à relier à la fonction des lettres dans la tradition juive : « un monde dont le sens est caché » (Anne-Hélène Hoog, dans le catalogue de l’exposition.

Gotlib a interrompu sa carrière de dessinateur au milieu des années 1980. Cette exposition est la première rétrospective à réunir une sélection de 150 planches originales, complétées par des archives photographiques personnelles, ainsi que par des documents écrits et audiovisuels. Vous pourrez apprécier à sa juste mesure l’extrême précision de son coup de crayon.

Hors-série Fluide Glacial Pilote - Spécial Gotlib

Hors-série Fluide Glacial Pilote – Spécial Gotlib

Pas de panique si vous avez des enfants : les planches les plus osées n’ont pas été retenues. Mais il s’agit plus d’un parti pris que d’une censure, en commun accord avec le dessinateur lui-même.

Loretta Giacchetto

A parcourir pour en savoir plus sur Gotlib par Gotlib et le hors-série collector qui rassemble des planches parues dans Fluide glacial et dans Pilote

Ainsi que l’expo en photo vu par Dargaud et les premières pages du catalogue de l’exposition.

30 Mar

Les premiers traits de Picasso : qui se cachent derrière la réussite de Pablo ?

Pablo (t4) Picasso de Julie Birmant & Clément Oubrerie © Dargaud

Pablo (t4) Picasso de Julie Birmant & Clément Oubrerie © Dargaud

Après Max Jacob, Apollinaire et Matisse, voici enfin le dernier tome de la saga du jeune peintre espagnol appelé à être mondialement connu : Pablo. Commencée en 2012, cette série est née d’une idée de Julie Birmant qui a choisi le point de vue de la première muse de Picasso : Fernande, restée jusqu’à présent dans l’ombre du maître. Clément Oubrerie a relevé le défi de dessiner les premiers pas de l’artiste à Montmartre. Ce 4ème album débute en 1907 aux premières heures du cubisme.

–          Est-ce que dessiner la jeunesse de Picasso quand il a commencé à peindre cela a été un défi ou un plaisir pour vous ?

Clément Oubrerie : Moi, j’adore Picasso de toute manière. Là, l’idée ce n’était pas du tout de faire de l’art en tant que tel, mais plutôt d’essayer de se rapprocher de l’esprit de l’époque et d’utiliser le matériel de l’époque comme le fusain.

Clément Oubrerie © Dargaud / Rita Scaglia

Clément Oubrerie © Dargaud / Rita Scaglia

–          C’est une contrainte que vous vous êtes fixée d’utiliser le matériel de l’époque ?

–          Oui et d’être plutôt sur des grands formats, de dessiner les images une à une, comme si cela était des tableaux.

–          Votre style évolue au fil des tomes. Est-ce un choix délibéré ?

–          Ce n’est pas conscient mais je ne m’interdis pas de changer, de m’adapter. J’essaye juste de suivre et d’être dans la dynamique du récit. Cela dépend selon l’humeur et il n’y a pas vraiment de règle. C’est que l’on n’est pas dans la ligne claire. Il n’y a pas une charte hyper stricte, c’est plus instinctif.

« Je n’ai rien inventé. Tout est réel. C’était totalement grandiose et démesuré ! » Clément Oubrerie

–          Même s’il y a des références à la ligne claire d’Hergé avec l’épisode de la consommation d’opium ?

–          Oui effectivement c’est effectivement une grosse référence et Tintin est dans mon panthéon personnel.

–          L’essentiel du récit se déroule à Paris. Avez-vous travaillé avec des documents d’époque pour reconstituer l’ambiance du début du siècle ou avez vous choisi de vous rendre sur place ?

–          Les deux. Tout est bon à prendre. Julie Birmant a une énorme documentation. Moi j’avais aussi pas mal de doc. Et pour le 4ème tome nous avons eu accès à toutes les archives du Musée Picasso. On le sait peu, il était fou de la photo très vite. Il a eu son premier appareil vers 1905. Avant la réouverture prochaine du musée, nous avons pu voir pleins de photos que personnes n’a jamais vues. Il y a aussi le musée de Montmartre qui est en pleine renaissance.

–          Vous avez aussi utilisé leurs archives ?

–          Oui, ils sont aussi énormément d’archives photographiques sur Montmartre du début du siècle et eux aussi nous ont donné les clés. C’était un truc un peu poussiéreux et là, il y a une nouvelle équipe qui est entrain de tout changer. Leurs photos sont classées par rues, commerces, par scènes et c’est une mine d’or pour les décors. C’est pour ce tome, que nous avons bénéficié de la plus grande quantité de matériel.

–          Il y a une scène éblouissante, celle de l’exposition universelle avec, par exemple, un tapis roulant en bois.

–          Je n’ai rien inventé. Tout est réel. C’était totalement grandiose et démesuré. Ils ont construits des trucs gigantesques qui ont été détruits juste après. Certains étaient plus ou moins de bon goût. Il y avait des monuments du kitsch, des trucs incroyables.

Pablo (t4) Picasso de Julie Birmant & Clément Oubrerie © Dargaud

Pablo (t4) Picasso de Julie Birmant & Clément Oubrerie © Dargaud

 « Fernande, c’était une femme fatale, il n’y avait pas un homme qui n’était pas sous son charme ! » Julie Birmant

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26 Mar

Chabouté s’expose : nous sommes chavirés !

Moby Dick par Chabouté - Vents d'Ouest

Moby Dick par Chabouté – Vents d’Ouest

Le 3 avril prochain, Christophe Chabouté inaugure une nouvelle Galerie. C’est la première occasion d’admirer les planches originales de son dernier ouvrage Moby Dick. La galerie, connue depuis plus de 25 ans sous le nom de Petits Papiers, prendra l’appellation de ses deux directeurs : Alain Huberty et Marc Breyne. A Paris comme à Bruxelles, elle fait peau neuve et devient Huberty- Breyne Gallery. Le dossier de presse affirme qu’elle est là « pour défendre la Bande Dessinée et ouvrir le 9ème art à l’ensemble des domaines de création »

Coup de cœur d’Eric Guillaud, paru en début d’année aux Editions Vents d’ouest, Moby Dick de Christophe Chabouté, est une adaptation magistrale du classique de la littérature américaine d’Herman Melville. A travers cet album, l’auteur met sa vision personnelle et sa maîtrise du noir et blanc au service du récit et de l’aventure. Une approche et un traitement graphique qui a lui a déjà valu quelques succès. Le dessinateur de 46 ans résidant à l’île d’Oléron a été nommé et récompensé à plusieurs reprises au festival de BD d’Angoulême, notamment pour Quelques jours d’été, et Un Îlot de Bonheur. Dernièrement, il a publié chez Vents d’Ouest Les Princesses aussi vont au petit coin et Un peu de bois et d’acier.

Huberty-Breyne Gallery

Huberty-Breyne Gallery

Pour Moby Dick, Chabouté reste fidèle au récit original et à l’esprit d’Herman Melville, reflétant la frontière étroite entre l’acharnement et la folie, baignant dans le sang, l’huile et la sueur d’un navire baleinier de la fin du XIXe siècle. La galerie Huberty-Breyne présente l’intégralité des planches originales de l’album ainsi qu’une sélection d’illustrations inédites signées par ce virtuose du noir et blanc.

Didier Morel

Huberty-Breyne Gallery 91, rue Saint-honoré 75001 Paris Tél : 01.40.28.04.71 ouvert du mercredi au samedi de 11 à 19h jusqu’au 3 mai 2014

 

18 Mar

Blast : à vous couper le souffle !

Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Magistral ! Un choc graphique ! Un vénéneux voyage dans les ténèbres ! Le quatrième tome des aventures de Polza Mancini vient de sortir. Blast, c’est l’effet de souffle que l’on ressent après une explosion – et c’est ce qu’a réussi à nous faire éprouver Manu Larcenet avec cette série qui figurera dans les must du 9ème art.

Le dictionnaire nous dit qu’une explosion, c’est une onde qui a plusieurs effets :

  • l’onde de choc dans l’air percute la personne et provoque une onde de choc dans son corps, c’est le « blast primaire »
  • elle projette des objets, c’est le « blast secondaire »
  • lorsque l’onde de choc atteint une personne, celle-ci se trouve pendant un très court instant avec une surpression d’un côté et la pression atmosphérique de l’autre, c’est le « blast tertiaire »
  • enfin l’effroi provoqué par l’explosion induit fréquemment un traumatisme psychique que l’on qualifie parfois de « quatrième blast ».
Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Blast t4 par Manu Larcenet © Dargaud

Vous voilà prévenu avant la lecture des 4 tomes de Blast. Ce traumatisme psychique, cet état d’apesanteur qui le libère du poids de sa lourde carcasse, c’est ce que recherche Polza Mancini, un écrivain de 150 kg parti à la dérive après la mort de son père. « Si vous voulez comprendre… Il faut que vous passiez par où je suis passé ». Blast c’est donc le récit, par nature sujet à caution, de cette dérive, à travers un long interrogatoire policier – pour comprendre l’histoire d’un homme suspecté d’avoir fait de nombreuses victimes dont Carole Oudinot, la seule femme qu’il ait aimée.

« Ça y est. C’est fini. Quelle aventure!

Je voudrais adresser ici un remerciement général à tous ceux qui se sont laissés tenter par ces quatre livres. C’était très inattendu qu’un tel récit puisse trouver une audience si importante. Merci, donc, de m’avoir suivi sur ces 5 dernières années qui me semblent aujourd’hui tenir du marathon, certes formateur, mais épuisant. Je suis soulagé que la fin arrive, nullement attristé, solitaire  ou démuni, comme d’ordinaire, au moment de mettre un point final à un livre. Juste soulagé. »

Manu Larcenet - Dargaud / Rita Scaglia

Manu Larcenet – Dargaud / Rita Scaglia

Ainsi s’exprime le peu disert Manu Larcenet sur son blog. Il a réussi à mener à bien ce nouveau récit, mêlant réflexions et résonances des plus autobiographiques pour les réflexions existentielles. Mais ce récit est aussi bien plus noir que ne l’était le Combat ordinaire ou le Retour à la terre. Une oeuvre supplémentaire qui confirme la maturité et la puissance graphique de son auteur. Avec originalité et une liberté incroyable, il multiplie les styles – jusqu’aux dessins de ses enfants pour évoquer les fameux Blast de son héros ou le papier découpé pour les créations schizophréniques d’une de ses victimes. Il y a du Jiro Taniguchi dans les planches évoquant la nature et ses magnifiques plages de silence et du Didier Comès pour la fluidité du noir et blanc.

Il a pourtant bien failli se perdre plus d’une fois, comme il le confie à la fin de son ouvrage. Il a alors fait appel à son fidèle complice Jean-Yves Ferri, qui l’a remis en piste en lui proposant quelques strips de Jasper, l’ours bi-polaire sur la banquise, des tranches d’humour salutaire pour Larcenet, comme pour le lecteur, au milieu d’une histoire sur le fil du rasoir.

Après un si long périple, cette grasse carcasse nous aura fait réfléchir sur ce qu’est l’harmonie et le retour à l’état sauvage en harmonie avec la nature. Pourvu que les bouddhistes se trompent, une fois refermé le dernier tome, les effets du Blast n’ont pas fini de nous souffler … une réussite en forme d’apothéose.

Didier Morel

Blast (4 tomes) par Manu Larcenet © Dargaud

A noter : ce 4ème tome est dédié à Laurent Beaufils, le géant roux, notre regretté confrère de France 3, mort prématurément l’an dernier. Ils se sont rencontrés au cours de reportages et il a réalisé avec Sam Diallo en 2006, un documentaire permettant au spectateur de suivre Manu Larcenet pendant la conception du troisième tome du Combat Ordinaire. Manu Larcenet a donné son visage et sa silhouette au personnage du journaliste qui clôt la série.

 La B.O à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir (un clin d’oeil de Larcenet, son héros porte un T-shirt faisant référence au groupe) :

Red Hot Chili Peppers – Scar Tissue

14 Mar

Pulp : ce nouveau festival promet de vous faire pétiller

Pulp Festival 2014

Pulp Festival 2014

Un festival hybride, c’est ce que propose la Ferme du Buisson, la scène nationale de Marne-la-Vallée (Noisiel 77) avec Arte. Ce week-end du 14 au 16 mars, Pulp entend sortir de la case pour croiser les genres en associant la bande dessinée avec la musique, la danse et le théâtre, mais aussi le cinéma et la peinture. Plus que jamais la BD est un art vivant et cette 1ère édition le réaffirme.

Auteurs de BD et artistes venus de tous horizons, duels de dessinateurs, installations, spectacles, expositions, librairie, rencontres et débats animeront ce week-end au rythme des bulles.

« L’explosion du 9e art, dans ses formes les plus populaires comme les plus pointues, nourrit aujourd’hui de façon profonde les imaginaires collectifs. Du livre au live, du papier glacé à l’image animée, des cases à l’installation, de la 2D à la 3D, PULP FESTIVAL déplace les frontières pour inventer un art toujours plus vivant »

peut-on lire sur le site internet de l’événement.

Ainsi, « Dans l’oeil du cyclope », installation conçue avec la revue Professeur Cyclope, créée en 2013, côtoiera, plongée dans l’univers de six auteurs et de leurs multiples sources d’inspiration. Dans La Ferme des animaux, Blexbolex, sur un scénario de Loo Hui Phang inspiré de George Orwell, colonisera de ses dessins une maison, du sol au plafond.

 

Ceci n'est pas une bande dessinée par Phillipe Dupuy

Ceci n’est pas une bande dessinée par Philippe Dupuy

Parmi les nombreux spectacles, les visiteurs découvriront La Fille, road-movie rock et sexy de la chanteuse pop Barbara Carlotti et Christophe Blain, l’auteur de la BD best-seller Quai d’Orsay. Mais aussi Le moral des ménages, pièce de Stéphanie Cléau avec Mathieu Amalric, illustrée par Blutch, d’après le roman d’Eric Reinhardt. Les Chiliens de Teatrocinema raconteront à leur façon une Histoire d’amour de Régis Jauffret, tandis que l’Odyssée d’Homère sera revue et dessinée par la compagnie britannique « The Paper Cinema » et Nicholas Rawling.

Enfin connaissez vous l’émission Tac au Tac diffusée par l’ORTF ? Sur le principe de ces séances de cadavres exquis, une dizaine de dessinateurs se donne rendez-vous pour des matchs d’improvisation totale de dessin, commentés en direct par des comédiens et retransmis sur grand écran. Au menu : Jul, Catherine Meurisse, Marion MontaigneCyril PedrosaMathieu Sapin, Mana Neyestani,François Olislaeger, Dash Shaw, Hervé Tanquerelle, Nicolas Wild…

Didier Morel

Pour découvrir ce festival, rendez-vous donc les 14, 15 et 16 mars prochains à la Ferme du Buisson à Marne-la-Vallée (77000). 
Inscription : 01 64 62 77 00 et le programme
Tarif : 29 euros pour le pass festival tarif plein.