12 Sep

La Vallée du diable d’Anthony Pastor : embarquement pour la Nouvelle-Calédonie des années 20

Capture d’écran 2017-09-06 à 22.41.27Impossible de passer à côté de cette magnifique couverture qui promet à elle-seule voyage et aventure. Et de fait, dès les premières pages du récit d’Anthony Pastor paru aux éditions Casterman nous voilà propulsés aux antipodes, dans la Nouvelle-Calédonie des années 20…

1925 exactement. En Europe, les blessures de la grande guerre ne sont toujours pas cicatrisées et la vie difficile pousse certains à émigrer vers d’autres horizons. Blanca, Florentin, Pauline et Arpin sont de ceux-là. Ils ont décidé de fuir leur Savoie natale où ils ne trouvent plus leur place pour rejoindre la Nouvelle-Calédonie, promesse d’une nouvelle vie.

Mais depuis cinq ans qu’ils y ont débarqué, Blanca, Florentin, Pauline et Arpin ont largement eu le temps de déchanter. La Nouvelle-Calédonie est toujours en phase de colonisation. La population indigène est dans sa grande majorité parquée dans des réserves d’où elle peut uniquement sortir pour travailler. Exploités dans les fermes par les colons, réquisitionnés par l’administration pour certains travaux de force, maltraités d’une façon générale, réprimés à la moindre rébellion, les Kanak assistent impuissants à la main mise des Blancs sur les terres calédoniennes.

Totalement étrangers à cet univers colonial, les quatre Savoyards ne supportent pas le climat de tension permanente, les violences, les injustices flagrantes et le racisme qui gangrènent la Nouvelle-Calédonie. Et le mariage entre Pauline et Arpin n’y change rien, la nouvelle vie tant espérée n’a franchement pas le goût du bonheur.

Au delà de l’histoire de ces quatre migrants savoyards que l’on avait déjà pu suivre dans un album précédent intitulé Le Sentier des reines (éd. Casterman), Anthony Pastor nous raconte toute l’horreur de la colonisation qui ne prendra fin finalement qu’après la seconde guerre mondiale. Un passé pas si lointain qui a forcément laissé des traces sur ces lointaines terres de France. Sur un peu plus de 120 pages, Anthony Pastor déroule un scénario habile emporté par un mise en scène assez classique mais efficace, un graphisme époustouflant et des couleurs qui nous restituent parfaitement l’atmosphère. Un récit judicieusement complété par un dossier d’Isabelle Merle, historienne au CNRS et conseillère historique sur l’album.

Eric Guillaud

La Vallée du diable, d’Anthony Pastor. Éditions Casterman. 20€

© Casterman / Pastor

© Casterman / Pastor