07 Fév

« Le Beau voyage » ou l’histoire d’un secret de famille dévastateur. Une BD signée Zidrou et Benoît Springer

La trentaine, animatrice télé et accessoirement modèle pour quelques revues de charme, Léa prend la vie comme elle vient. Mais la mort brutale de son père, à seulement 57 ans, réveille en elle de douloureux souvenirs. Ce père justement, médecin, qui n’était jamais disponible pour admirer ses dessins d’enfant. Et cette mère distante, presque froide, qui finit par plaquer mari et fille pour un représentant en aspirateurs. Et enfin, Léo, ce fantôme de frère qui hante son existence. Léo, Léa, une lettre qui fait la différence ! Léo est mort quelques temps avant la naissance de Léa, un décès entouré d’un silence plombant. Un de ces secrets de famille qui empêche de voir la vie avec légèreté…

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L’interview du dessinateur Benoît Springer à lire ici

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Scénariste très courtisé depuis quelques temps (L’élève Ducobu, Les Crannibales, Le Boss, Tamara, La Peau de l’ours…) Zidrou s’est associé pour ce nouveau récit au dessinateur nantais Benoît Springer dont on a déjà pu apprécier le trait délicat et précis dans les albums On me l’a enlevée (Vents d’Ouest) ou La Boussole (Soleil) ainsi que ses talents d’auteur complet dans Les Funérailles de Luce (Vents d’Ouest). Le Beau voyage est un récit poignant construit autour d’un de ces secrets de famille qui peuvent flinguer plusieurs générations, un récit choc qui vous prend au tripes et par le colbac pour ne jamais vous lâcher grâce à un savant égrainage de flashbacks et de révélations. Un beau voyage ! EGuillaud

Le Beau voyage, de Zidrou et Benoît Springer. Editions Dargaud. 14,99 euros

Festival : St Denis en Val coince la bulle

Rien à voir avec le mastodonte festival d’Angoulême mais si vous aimez la bande dessinée et que vous habitez dans le Loiret et plus particulièrement aux environs d’Orléans, alors rendez-vous samedi 9 et dimanche 10 à St Denis en Val pour la 12e édition de Bulles en Val avec au menu des expos, des spectacles, un coin libraires et bouquinistes et bien entendu les incontournables séances de dédicaces. Parmi les auteurs invités : Afroula, Fabrice Angleraud, Jean-Michel Arroyo, Jean Barbaud, Callixte, Hervé riches, Roger Seiter…

Le Cercil, Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv, y sera présent durant les deux jours pour présenter au public des bandes dessinées sur la Shoah.

Et le mardi 12 février, à 18h, le Cercil, toujours lui, proposera dans ses locaux à Orléans une rencontre autour de la thématique : « la représentation de la résistance, de la déportation

et de la Shoah est-elle possible ? Parmi les invités, Robin Walter, auteur de la BD KZ Dora (éd. Des Ronds dans l’O), Antoine Maurel, éditeur de la BD L’enfant cachée de Marc Lizano, Loïc Dauvillier et Greg Salsedo au Lombard et Benoît Momboisse, auteur avec ses élèves du roman illustré Les Sangliers sortent du bois (éd. de l’Ecluse). EGuillaud

04 Fév

Régis Hautière et Hardoc nous plongent dans la Grande guerre avec « La Guerre des Lulus »

Ils s’appellent Ludwig, Lucas, Luigi, Lucien mais tout le monde les connaît sous le nom des Lulus, quatre gamins qui usent leurs fonds de culotte sur les bancs de l’assistance public, quatre joyeux Lulus qui préfèrent parcourir les bois alentours que fréquenter la chapelle de l’orphelinat. Aout 1914, c’est la guerre et l’ordre d’évacuation est donné. L’orphelinat se vide, les villages alentours aussi. Mais les Lulus, planqués dans leur cabane ne sont pas prévenus. Ils se retrouvent seuls, bientôt rejoints par une jeune réfugiée de Belgique. Elle s’appelle Luce et deviendra la cinquième Lulu de la bande…

Pourquoi La Guerre des Lulus risque d’être l’un des grands succès de ce début d’année ? Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, la guerre de 14-18 est un thème largement apprécié du grand public et un thème récurrent dans la bande dessinée francophone, traité par de nombreux auteurs dont l’un des plus grands, Jacques Tardi. Ensuite, parce que la guerre est ici traitée sous un angle particulier, celui d’enfants, de civils donc. L’aspect pesant, noir, des tranchées, est évité. « On est dans la guerre de 14, mais à côté… », confirment les auteurs dans une interview accordée à Daniel Muraz. Enfin, parce que le graphisme semi réaliste de Hardoc, le scénario et les dialogues de Régis Hautière ont l’intelligence de la simplicité. Comme La Guerre des boutons, dont certains ne manqueront pas de noter une certaine proximité, La Guerre des Lulus est une histoire universelle. EGuillaud

La Guerre des Lulus (tome 1), La Maison des enfants trouvés, de Régis Hautière et Hardoc. Editions Casterman. 12,95 euros

03 Fév

La grande odalisque de Vivès / Ruppert & Mulot – collection Air libre, éditions Dupuis

Le Grand Paris de la BD n°10 – Spéciale Angoulême 2013

La Grande Odalisque par Bastien Vivès Mulot (Jérome) Ruppert © Dupuis 2013

Paris et ses plus grands musées, Orsay et le Louvre. Deux cadres prestigieux pour une aventure de haut vol. Un des albums les plus surprenants de l’année 2012. L’intrigue : spécialisées dans le vol de tableaux de maître, deux intrépides cambrioleuses en recrutent une troisième pour monter un coup à priori impossible  – ou peut-être le coup de trop.

A la manœuvre pour ce vol de la Grande Odalisque d’Ingres au Louvre (« la peinture de la nana qui a trois vertèbres de plus que tout le monde »), un trio inédit : Bastien Vivès, dont le dessin nous avait surpris dans Polina, laisse libre court à son trait pour mettre en image le scénario échevelé et déroutant de Ruppert et Mulot, les auteurs de Panier de Singe. Cet album avait reçu le prix révélation au Festival d’Angoulême en 2007.  Bastien Vivès a lui aussi été reconnu par le Festival international de la bande dessinée : Le Goût du Chlore faisait partie de la sélection officielle en 2009 et a obtenu le prix Essentiel Révélation.

Trois hommes donc pour dessiner trois femmes. Pas vraiment un hasard, mais au contraire une réussite graphique pour ce remake de Signé Cat’s Eyes, un manga de Tsukasa Hojo, adapté en dessin animé et diffusé à la télé française dans les années 1980. L’histoire de trois jeunes sœurs qui tiennent un café le jour et volent des tableaux la nuit.

La Grande Odalisque par Bastien Vivès Mulot (Jérome) Ruppert © Dupuis 2013

Nos trois auteurs prennent toutefois quelques libertés avec leur source d’inspiration : les héroïnes sont bien plus âgées, n’ont pas de lien de parenté et surtout se révèlent beaucoup moins sages. Drogue, armes et séduction au programme. Elles font feu de tout bois pour remplir leur contrat !

La Grande Odalisque par Bastien Vivès Mulot (Jérome) Ruppert © Dupuis 2013

Les auteurs usent de l’humour avec brio pour intercaler, dans le rythme soutenu de l’action, des scènes de comédie dignes des films de Quentin Tarantino. Un seul exemple : la scène d’ouverture du vol du Déjeuner sur l’herbe de Manet, mis en péril par la conversation téléphonique d’une des voleuses en pleine rupture sentimentale !

Comme leurs héroïnes, les trois compères se sont partagés le travail. A Bastien Vivès, le dessin des trois protagonistes, à Ruppert et Mulot celui des décors et de l’action. Résultat un album qui enrichit la toujours surprenante collection Air Libre. Une BD au final couronnée du Prix Landernau, en sélection officielle à Angoulême cette année et qui aurait mérité d’être primée …

vives-ruppert-mulot 2 ©Chloé_Vollmer_Lo (2017)

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Cat Power – The Greatest

Pour découvrir les premières planches de l’album et en savoir plus :

Site officiel de Dupuis (Aire Libre)

Site officiel de Jérôme Mulot
Site officiel de Bastien Vivès


Le point de vue de la presse spécialisée :

Du9 Télérama Bodoï

Le palmarès 2013 du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême

Le Festival International de la Bande Dessinée s’est achevé ce dimanche sur la cérémonie officielle de remise des prix. Et les heureux élus sont :

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Quai d’Orsay, de Christophe Blain et Abel Lanzac, prix du meilleur album (Dargaud)

Le Japonais Akira Toriyama, prix spécial du 40e Festival pour l’ensemble de son oeuvre

Tu mourras moins bête (tome 2), de Marion Montaigne, prix du public (Ankama)

Le Nao de Brown, de Glyn Dillon, prix spécial du jury (Akiléos)

Aâma, de Frederik Peeters, prix de la série (Gallimard)

Automne, de Jon McNaught, prix révélation (Nobrow)

Les légendaires Origines, de Nadou et Patrick Sobral, prix jeunesse (Delcourt)

Krazy Kat, de George Herriman, prix du patrimoine (Les Rêveurs)

Castilla Drive, de Anthony Pastor, Prix du polar (Actes sud)

Dopututto Max, prix de la BD alternative (Misma)

Pour être tout à fait complet, sachez que Le Grand Prix de la ville d’Angoulême  2013 est l’auteur et éditeur néerlandais Willem

Kaboom, une autre vision de la bande dessinée

Les plus âgés d’entre-vous se souviennent certainement du magazine Les Cahiers de la BD disparu à l’aube des années 90. Le premier numéro du semestriel (ou trimestriel) Kaboom, sorti à l’occasion du 40e festival international de la bande dessinée à Angoulême, ne peut que nous y faire penser. Par son approche de la BD, le choix des angles, par sa richesse éditoriale, la qualité de sa maquette, son côté branché aussi. Et Kaboom annonce la couleur dès son édito : « Que vous soyez fan de bande dessinée, ou totalement profane, cela ne changera rien à votre lecture de Kaboom. Ici, la bande dessinée n’est pas traitée comme un univers cloisonné, mais comme un miroir orienté sur le monde dont le reflet est simplement fait de dessin ».

Au menu du premier numéro : un retour sur les grands événements du semestre passé, un zoom sur quelques projets à venir, un entretien fleuve tout à fait passionnant avec Chris Ware, des rencontres avec ceux qui pensent, conçoivent matériellement et éditent nos beaux albums, une interview croisée de Tardi et Guibert autour de leur souci commun de rigueur documentaire, les interviews de Katsuhiro Otomo, Quino, Albert Uderzo, Ben Katchor, Blexbolex, un shooting de Boris Ovini, photographe et grand amoureux de Blake et Mortimer…

Sur plus de 100 pages et pour le prix de 6,95 euros, Kaboom propose de très belles rencontres et contribue à une réflexion nouvelle sur la bande dessinée d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Longue vie à Kaboom ! EGuillaud