25 Avr

20 ans ferme, de Sylvain Ricard et Nicoby. Editions Futuropolis. 17 euros.

20 ans ferme ! Voilà ce à quoi Milan vient d’être condamné pour sa participation à un braquage. Pas besoin d’avoir fait une grande école pour comprendre que ce jeune homme de 20 ans ressortira de prison pour ses 40 ans. Peut-être un peu avant s’il obtient une remise de peine pour bonne conduite. Mais la prison n’est pas un monde de bisounours. Milan, comme tous les taulards avant lui et après lui, devra jouer des coudes et des poings pour faire sa place, se faire respecter. Nous sommes au milieu des années 80, Milan entame une longue descente en enfer avec pour quotidien les humiliations, la promiscuité, les luttes de pouvoir entre prisonniers, les violences, les séjours en quartier disciplinaire, l’arbitraire de certains gardiens, les injustices, les incessants transferts. Non, chacun le sait, le monde carcéral n’est pas à l’image de ce qu’il devrait être, un endroit où l’on enferme et prépare en même temps à la réinsertion. Et même si Milan se doutait bien avant d’y mettre les pieds que l’endroit n’a rien du club med, le jeune homme va tout au long de son incarcération s’opposer et se battre avec ses moyens pour améliorer le sort des taulards…
Ce récit, poignant, passionnant, criant de vérité, est basé sur le témoignage d’un ancien détenu, Milko, aujourd’hui président de Ban Public, l’Association pour la communication sur les prisons et l’incarcération en Europe. C’est son quotidien qui est donc ici raconté avec une objectif clair. Le scénariste Sylvain Ricard explique : « Cette histoire pose juste la question du rôle de la prison dans notre pays, des solutions que la société se doit d’apporter aux problèmes inhérents à son fonctionnement, à ses échecs et à ses devoirs vis-à-vis de tous les citoyens ». Et à défaut d’apporter des solutions, cet album interroge, nous interroge, sur ce territoire de la nation qui devrait être l’incarnation parfaite des lois ! E.G.