18 Déc

Reportages, de Joe Sacco. Editions Futuropolis. 25 euros.

Un nouveau livre de Joe Sacco est toujours un événement très attendu. Il faut dire que cet Américain a une particularité qui l’a fait connaître bien au-delà de son pays. Il est à la fois auteur de bande dessinée ET journaliste ! Depuis des années, il parcourt le monde et plus particulièrement les zones de conflit pour témoigner, rendre compte, comme le ferait n’importe quel journaliste, sauf que son médium à lui n’est pas la télévision, la radio ou la presse écrite mais la bande dessinée. Et ces différents ouvrages, depuis Palestine : une nation occupée jusqu’à Gaza 1956, en marge de l’histoire, en passant par Soba : une histoire de Bosnie ou encore The fixer : une histoire de Sarajevo, ont profondément marqué le Neuvième art et décidé nombre d’auteurs à explorer avec lui cette nouvelle voie que constituait la BD-reportage. En France, des gens comme Etienne Davodeau (Les Ignorants…), Guy Delisle (Chroniques de Jerusalem…), Emmanuel Guibert (Le Photographe…) ou Stassen (Déogratias…), pour n’en citer que quelques-uns, l’ont empruntée avec bonheur.

Reportages, dernier titre en date de Joe Sacco, réunit plusieurs reportages réalisés en Irak, en Palestine, en Tchétchénie, en ex-Yougoslavie… reportages commandés par – et publiés dans – plusieurs titres de la presse internationale, comme  le Time magazine, The New York Times, Boston globe, The Guardian Weekend… Après quelques planches en couleurs consacrées à la situation à Hébron puis aux procès des crimes de guerre en ex-Yougoslavie, nous retrouvons toutes la force du graphisme en noir et blanc de Joe Sacco pour des récits qui traitent de la guerre, des génocides, des tortures, de l’immigration, des camps de réfugiés… bref de la triste condition humaine et ce en donnant toujours la parole à ceux qui ne l’ont pas habituellement. « Je me soucie surtout de ceux qui ont rarement l’occasion d’être entendus… », peut-on lire en quatrième de couverture, « et ne crois pas qu’il m’incombe de contrebalancer leurs voix avec les excuses bien ourdies des puissants. Ces derniers sont souvent excellemment servis par les médias traditionnels et les organes de propagande ».

Au delà du caractère forcément éclairant sur la marche du monde, Joe Sacco complète chacun de ces récits par quelques notes dans lesquelles l’auteur-journalsite revient sur son travail, explique ses méthodes d’investigation, son ressenti… Un témoignage forcément essentiel ! E.G.