07 Nov

Les Ignorants, d’Etienne Davodeau. Editions Futuropolis. 24,50 euros.

Mais qu’est ce qui a bien pu réunir ces deux là ? D’un côté Richard Leroy, vigneron à Rablay sur Layon, dans le Maine et Loire. De l’autre, Etienne Davodeau, auteur de bande dessinée, originaire de ce même Maine et Loire. A priori, rien de commun. A priori seulement ! Car, à y regarder de plus près, on finit par distinguer comme un point de convergence évident entre les deux hommes, une certaine idée de la vie, dictée par la passion, la curiosité et le plaisir de partager !

C’est Etienne Davodeau qui a proposé à Richard Leroy de s’initier mutuellement à leur savoir-faire, pour ne pas dire leur art. Ainsi, pendant plus d’un an, l’auteur de Rural!, de Lulu femme nue ou encore des Mauvaises gens a troqué ses pinceaux contre un sécateur -pas à temps plein je vous rassure – et pris la direction des vignes où Richard Leroy lui a transmis ses connaissances, son respect de la terre et son amour du vin. Taille, décavaillonnage, tonnellerie, vendanges… Etienne Davodeau a pu participer à toutes les grandes étapes et approcher les techniques au plus près. Quant à Richard Leroy, qui ne connaissait absolument rien à la bande dessinée, Etienne Davodeau lui a fait découvrir les principaux courants, les grands maîtres scénaristes ou dessinateurs, les héros et anti-héros, quelques techniques aussi…  A chacune de leurs entrevues, Etienne lui a apporté une pile d’albums à lire, comme un instituteur donnerait une liste de devoirs à faire à la maison. Ensemble, ils se sont rendus dans certains festivals, ont visité des expositions, assisté au travail d’un imprimeur et rencontré plusieurs auteurs phare du Neuvième art comme Marc-Antoine Mathieu, Emmanuel Guibert ou Jean-Pierre Gibrat. Rien que ça !

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Retrouvez l’interview d’Etienne Davodeau ici

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Au fil des albums lus et des bouteilles bues, Etienne Davodeau et Richard Leroy ont donc pu approcher, observer, comprendre un peu mieux le métier de l’autre tout en conservant un regard d’ignorant et donc une liberté de parole bien agréable. Et ça donne parfois des échanges savoureux, exemple avec Richard Leroy qui s’exclame devant une série de dessins signés Moebius : « Non. C’est pas bon. Ses planètes, ses bestioles, ses élucubrations, tout ça, pfpf… c’est… fatigant ». Moebius est prévenu, il n’a plus qu’à changer de métier !

En revanche, Etienne Davodeau nous étonne à nouveau avec cet album passionnant de bout en bout, de bouteilles en bouteilles serait-on tenté d’écrire, un album qui nous permet de retrouver l’auteur dans un exercice qu’il affectionne particulièrement, la bande dessinée reportage, avec ce petit quelque chose de chaleureux et d’humain en plus qui fait la différence. Comme un grand cru ! E.G.

Plus d’infos sur le site internet d’Etienne Davodeau