12 Juil

Salade grecque, de Yves Montagne. Editions Vents d’Ouest. 9,95 euros.

Passer des vacances en Grèce avec des Mayennais affichant fièrement leur origine sur des tee-shirts I Love Laval, bien sûr Alex et Anna n’en rêvaient pas particulièrement ! Mais comme dans tous les voyages organisés, il faut s’attendre à tout et surtout au pire. Alex et Anna doivent se rendre à l’évidence, ce pays qui a vu naître la démocratie, la philosophie, Socrate, Platon, Aristote… est aussi celui du tourisme de masse avec tout ce que cela implique. Alex n’est d’ailleurs pas en reste. Râleur officiel, il ne manque pas une occasion pour se faire détester et parfois même un peu bousculer par les locaux ou les touristes. Un album pour tous ceux qui ont goûté ou envisagent de goûter aux joies des voyages organisés ! E.G.

Carnac, de Laurent Bidot. Editions Glénat. 13,50 euros.

Avis aux amoureux de la Bretagne et de son patrimoine, les éditions Glénat en partenariat avec les Monuments nationaux viennent de publier une bande dessinée sur les alignements de Carnac. Son auteur, Laurent Bidot, qui a précédemment signé des albums sur l’histoire de la Grand Chartreuse et du Mont-Saint-Michel ainsi qu’une série ésotérique intitulée L’Eternel, nous propose ici de remonter le temps de quelques 5000 ans à la rencontre de Erhar, tailleur de pierre et architecte des lieux sacrés, et de sa douce et tendre, Syll. Une histoire d’amour hors du commun dans un lieu plein de mystère et de magie ! E.G.

De Prague à Tcheliabinsk, Svoboda! (tome 1), de Kris et Pendanx. Editions Futuropolis. 12 euros.

D’un côté, Jean-Denis Pendanx, dessinateur des excellents Abdallahi et Jeronimus. De l’autre, Kris, scénariste humaniste révélé par Un Homme est mort et Notre Mère la guerre. Deux auteurs qui ont du talent à revendre et un sacré penchant pour les belles histoires. Réunis pour la première fois autour d’un projet, Kris et Pendanx ont exhumé un épisode épique de l’histoire tchèque connu sous le nom de L’Anabase sibérienne. Retour en 1918… 70000 soldats de nationalités tchèque et slovaque profitent de la Révolution russe pour fuir les camps de prisonniers tsaristes. Ils s’emparent du Transsibérien pour rejoindre les alliés sur le front de l’Ouest en espérant obtenir la création d’une république tchécoslovaque. Le périple prévu pour durer deux mois s’étalera sur trois ans ! « L’idée n’est évidemment pas de raconter cette histoire incroyable à la façon des belles histoires de ce cher Oncle Paul… », précise Kris. « J’ai toujours pensé que l’on fait entrer le lecteur dans la grande histoire par le truchement de la petite, que l’on perçoit bien mieux l’essence d’une aventure humaine à travers le destin de quelques-uns. Et que pour mieux la raconter, il faut aussi, paradoxalement, savoir s’en éloigner un minimum. » Acteur de cette Histoire vraie, un personnage de fiction : le Tchèque Josef Cerny, dit Pepa, juif, professeur d’arts plastiques. Lorsqu’en 1938, il apprend la signature des accords de Munich, il se sent trahi et se remémore l’époque où il s’est battu pour son pays. Tout avait commencé à Tcheliabinsk, en mai 1918…

Des couleurs raffinées, un graphisme beaucoup moins pictural que dans les précédents albums de Jean-Denis Pendanx, des dialogues qui font mouche… Ce premier album offre une très belle entrée en matière ! E.G.

09 Juil

Le Schtroumpfissime, de Peyo et Delporte, commenté par Dayez. Editions Dupuis. 19,95 euros.

C’est en 1958, le 23 octobre pour être tout à fait précis, que les Schtroumpfs font leur première apparition dans le journal de Spirou. Ils ne sont alors que les personnages secondaires d’une aventure de Johan et Pirlouit, La Flûte à six schtroumpfs. Succès immédiat ! Quelques années et mini-récits plus tard, Peyo offre à ses personnages leur première grande aventure: Le  Schtroumpfissime. A la veille de la sortie en salle du film américain adapté de la bande dessinée et réalisé par Raja Gosnell, les éditions Dupuis nous invitent à redécouvrir cet album devenu culte grâce à une réédition spéciale comportant une analyse originale signée Hugues Dayez. Planche après planche, ce grand spécialiste de Peyo décrypte l’intention des auteurs, replace le récit dans son contexte de création et livre nombre d’anecdotes et de secrets. Un bon concept qui devrait, espérons le, s’appliquer à d’autres albums essentiels du Neuvième art ! E.G.

06 Juil

Les frères Zimmer contre le reste du monde, de Jérémy Mahot. Editions Delcourt. 11,50 euros.

L’un est rond et vert. L’autre, rouge et cubique. L’un ne vit que par son travail chez Megacorp. L’autre serait plutôt du genre obsédé sexuel. Seul point commun entre les deux personnages de cette bande dessinée, leur nom de famille : Zimmer. Karl et Hans Zimmer ! Ils sont frères, habitent à Hilberseimer, une jolie bourgade aux formes absolument géométriques et monotones, et vivent des aventures qui n’ont aucun intérêt sauf, bien sûr, d’être passées entre le cerveau et les mains de Jérémy Mahot, ingénieur informatique de formation et passionné d’art contemporain, deux composantes de sa personnalité qui expliquent peut-être l’aspect à la fois cartésien et un peu déjanté de cet album qui dès le titre, Les frères Zimmer contre le reste du monde, donne le ton général de l’album. Mais qui est donc ce fameux reste du monde, vous demandez-vous ? Personne en particulier, tout le monde en général, les collègues de bureau, les voisins, les arbres, les ordinateurs, les robots, les patrons… bref beaucoup du monde, tellement de monde qu’il faudra plusieurs volumes pour espérer en faire le tour… Et ça tombe plutôt bien, nous on aime et on en redemande ! E.G.

05 Juil

Chroniques de la Nécropole, de Golo et Dibou. Editions Futuropolis. 21 euros.

« Vu la nouvelle donne politique, je ne suis pas sûr que cela voie le jour… Le peuple égyptien est étonnant, je suis admiratif. », confiait Golo en février 2011 à propos d’un sombre projet immobilier qui devait se faire au détriment du peuple. C’est l’objet de cet album paru aux éditions Futuropolis. Gournah, petit village situé aux abords de Louxor a séduit Golo et sa compagne Dibou. Ensemble, ils s’y installent en 2000, ouvrent un atelier de peinture et de création pour les enfants, créent des bijoux et vêtements avec les artisans locaux. Mais voilà, Gournah est à deux pas de Louxor et quelques proches du pouvoir – de l’époque – ont semble-t-il décidé de bâtir ici-même un ensemble immobilier pour accueillir les touristes. Expulsions, destruction du village, relogement des habitants dans des maisons sans âme… Chroniques de la Nécropole témoigne donc avec tendresse, humanité et humour de la disparition d’un village séculaire mais aussi de l’amour des auteurs pour ce pays et pour son peuple. Une BD-reportage passionnante qui mélange à la manière de la fameuse trilogie Le Photographe d’Emmanuel Guibert, des dessins au style proche des illustrations de presse et des photographies. Coup de cœur assuré ! E.G.

02 Juil

La Lecture des ruines, de David B. Editions Dupuis. 14 euros.

Un album de longue garde ! La Lecture des ruines est comme ces bons vins qui se bonifient avec le temps. Sorti il y a juste dix ans dans la collection Aire Libre, le voici tout fraîchement réédité au format d’un roman, ce qui peut se révéler pratique, je vous le concède, pour la plage cet été. Et de se replonger dans cette histoire qui se déroule pendant la première guerre mondiale en compagnie de personnages insolites comme le Hollandais Van Meer, un agent des services secrets alliés, accessoirement folkloriste, métier qui consiste à mener des recherches sur les croyances et les superstitions liées à la guerre. Comme aussi l’ingénieur Hellequin connu pour avoir transformé un canon ordinaire en canon à rêves, une machine infernale qui empêcherait les ennemis allemands de rêver, les rendant fou jusqu’à les tuer… Un récit à la fois réaliste et fantastique, influencé par le maître Jacques Tardi. A découvrir ou redécouvrir ! E.G.

La folle du Sacré-Coeur, de Jodorowsky et Moebius. Editions Les Humanoïdes Associés. 29,95 euros.

Rien ne va plus pour le professeur Mangel. Lui qui évoque dans ses cours de philosophie l’importance de notions comme l’équilibre émotionnel, le couple évolutif ou encore la néo-morale vient de se faire jeter comme un vieux kleenex par celle qui partageait sa vie depuis plus d’un quart de siècle. Et en public par dessus le marché, le jour même de son anniversaire… De quoi humilier l’homme pour toujours, lui qui était revenu au judaïsme comme voie de la sanctification, abandonnant du même coup la philosophie occidentale et le sexe. De quoi aussi le discréditer définitivement au sein de l’université de la Sorbonne où il enseigne et parmi ses propres étudiants déjà irrités par son côté gourou. D’ailleurs, dès le lendemain, tous quittent son cours en le raillant. Tous… ou presque. Parmi ceux ou plus exactement celles qui sont bien décidés à rester, il y a la jeune Elizabeth. Le soir même, elle lui donne un étrange rendez-vous à la basilique du Sacré-Cœur histoire de réveiller le démon qui dort en lui…

Deux signatures majeures du Neuvième art sont à l’origine de ce récit initialement publié dans les années 90 en trois volets. Il s’agit de Mœbius et Jodorowsky qui ont déjà travaillé ensemble, notamment sur la mythique série de science fiction connue sous le nom de L’Incal.  Avec La Folle du Sacré-Cœur, ils abordent un propos beaucoup plus réaliste même si l’un et l’autre se permettent des déviations fantaisistes pour notre plus grand plaisir. Un récit drôle mettant en scène des allumés de première et une très belle intégrale des Humanos ! E.G.