05 Mar

La Boussole, de Lambour et Springer. Editions Quadrants. 17 euros.

Après On me l’a enlevée et La Rebouteuse, deux chroniques provinciales mettant en scène la France profonde, Séverine Lambour et Benoît Springer abordent avec La Boussole un genre plus proche du fantastique même si la réalité, et même la réalité la plus dure comme celle des enlèvements et des disparitions, est le fil conducteur du récit. Le personnage principal est un jeune homme prénommé Dan mais que tout le monde appelle La Boussole. Un jeune homme aux allures de beau gosse mais qui a quelque chose de différent des autres, d’extraordinaire même. Régulièrement, sur son corps apparaissent des blessures, griffures, plaies, trous et douleurs diverses sans qu’il ne leurs trouve une explication rationnelle. Jusqu’au jour où il comprend enfin que ces blessures apparaissent lorsque quelqu’un est enlevé et torturé. Ce corps qui ne lui appartient plus va alors donner des indications de premier ordre aux policiers chargés d’enquêter sur ces fameux disparus… Scénario efficace, narration limpide, graphisme élégant, couleurs savoureuses, personnages attachants… La Boussole est un agréable roman graphique navigant quelque part entre le polar et le fantastique. E.G.

03 Mar

Le Loup-garou de Solvang, de Jerry Frissen, Christophe Gaultier et Bill. Editions Les Humanoïdes Associés. 12,90 euros.

Solvang, petit village paisible du sud des Etats Unis bâtit pas des immigrants danois en 1911 est depuis peu la proie d’un loup-garou. Plusieurs habitants attaqués, des propriétés mises à sac, des magasins vandalisés… Bref, c’en est trop pour le maire, Jasper Rundetarn, qui aimerait une aide du gouvernement. Mais plutôt que l’armée ou la police fédérale, c’est El Gladiator qui débarque, le El Gladiator des Luchadores Five, un héros qui n’a peur de rien ou presque. En compagnie de la féline Madame Belle, il va tout faire pour mener l’enquête jusqu’à son terme, une enquête sur fond de secret de famille…

Délirant, décalé, drôle… Le Loup-garou de Solvang a été publié en feuilletons dans l’anthologie Lucha Libre. Il est ici livré dans son intégralité. Aux manettes, Jerry Frissen, créateur et scénariste de la majorité des séries de Lucha Libre, Christophe Gaultier, auteur notamment de Banquise et Kuklos, et Bill qui a fait ses débuts dans Métal Hurlant et publié avec Gobi deux albums de la série Zblu cops chez Glénat. E.G.

01 Mar

Qui a tué le président ? Jour J (tome 5), de Pécau, Duval et Wilson. Editions Delcourt. 13,95 euros.

Que seraient devenus les Etats Unis et même le monde si le fameux assassinat de Dallas avait eu lieu 10 ans plus tard, le 22 novembre 1973, et si le président alors visé s’était appelé Nixon et non Kennedy ? Pour ce cinquième volet de la série Jour J qui a pour principe de changer le cours de l’histoire en revisitant ses moments clés, Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et Colin Wilson s’attaquent donc à un événement mondial majeur et toujours enveloppé d’une aura de mystère. L’histoire de cet album commence en 1965 alors que le président des Etats Unis vient d’être réélu et lance une offensive terrestre déterminante sur le Nord-Vietnam communiste, offensive qui aboutit à la chute d’Hanoï le 5 juin 1967. Membre des Hells Angels, enrôlé dans les troupes américaines, French abat un officier supérieur de son propre camp pendant les combats. Il se retrouve en prison avec peu de chance d’en sortir debout, avant finalement de se voir proposer un sale contrat. Le 22 novembre 1973, French se retrouve à Dallas, au cinquième étage d’un immeuble, un fusil dans les mains…

Après avoir imaginé la conquête de la Lune par les Russes, placé l’épicentre de la Guerre froide à Paris plutôt qu’à Berlin ou encore extrapolé sur une Première guerre mondiale gagnée par l’Allemagne, ce nouvel opus propose une histoire alternative, autrement appelée uchronie, parfaitement ficelée et documentée. Le scénario, signé par les Rouennais Duval et Pécau, est solide, peut-être un peu complexe pour les cancres en histoire, et le dessin de Wilson est réellement agréable et d’une grande fluidité, avec des pages de combat au Vietnam particulièrement fortes. Un album réussi et une série passionnante. Prochain album en mai 2011 sur… Mai 68. Et si l’imagination avait vraiment pris le pouvoir ? E.G.