24 Juil

Rue des Chiens marins, de Constant. Editions Le Lombard. 14,50 euros.

C’est un album surprenant. Très surprenant ! Michel Constant, son auteur, nous invite en effet à bord d’un U-Boot de la Kriegsmarine pendant la Seconde guerre mondiale. Un univers clos où les odeurs de sueur et de vomi ne font que rajouter à une tension déjà fortement palpable entre les hommes d’équipage. Parmi eux, Josef, un jeune homme issu des quartiers pauvres de l’Allemagne. Ses parents, ses deux frères et lui partageaient une petite maison face à la mer baltique, rue des Chiens marins. Un drôle de nom ! Et un drôle d’oiseau ce Josef qui, pour ne pas sombrer totalement dans la folie, s’invente un compagnon, un confident, un phoque, à qui il raconte sa jeunesse, ses parents, ses frères, leurs jeux… et la belle Emma, une jeune juive qui habitait sa rue et dont il était tombé amoureux. Entre le quotidien du sous-marinier, seulement rythmé par les remontées à la surface et les poursuites de navires ennemis, et une jeunesse à l’insouciance brisée nette par les circonstances, Michel Constant nous montre toute l’horreur de la guerre avec des gamins allemands qui se demandent bien ce qu’ils font là. Et c’est l’un des points forts de Rue des Chiens marins qui offre une vision de la guerre côté allemand, ce qui n’est pas encore si courant. « Aujourd’hui, on peut commencer à en parler… », constate l’auteur, « Le traumatisme bien entretenu par Hollywood est apaisé. Il n’y a bien sûr rien d’excusable, mais je tenais à dire que, oui, c’était avant tout beaucoup d’innocents – en tout cas d’ignorants. A deux ou trois arrangements près, j’aurais pu situer quasiment la même histoire dans un char américain au Vietnam. La vraie question, pour le héros, c’est : qu’est-ce que je fous là ? ». Une histoire finalement universelle ou la réalité historique est juste agrémentée d’un brin de loufoquerie ! E.G.