28 Jan

La Guerre d’Alan, d’Emamnuel Guibert. Editions L’Association. 38 euros.

  C’est un livre tout à fait exceptionnel et un témoignage sur la seconde guerre mondiale comme on peut en découvrir seulement de temps en temps, au détour d’une commémoration, d’un reportage journalistique ou d’un film documentaire.

Sauf qu’ici, l’affaire se joue sur près de 300 planches, quelque 1500 cases et autant de dessins signés Emmanuel Guibert, auteur par ailleurs des excellentes séries que sont Sardine de l’espace, La Fille du professeur ou encore – et surtout – de cet ouvrage qui a marqué les esprits bien au delà du cercle des passionnés de BD  : Le Photographe.

Bref, La Guerre d’Alan est une bande dessinée, une bande dessinée un peu différente certes, mais une bande dessinée qui parle de la réalité de la guerre à travers les souvenirs d’un soldat américain, Alan Ingram Cope, débarqué un beau matin de février 1945 en Normandie, au Havre pour être tout à fait précis.

C’est en 1994 que les deux hommes, l’ancien soldat et l’auteur de bande dessinée, se rencontrent quelque part sur l’île de Ré. Une amitié se noue et, très vite,  Alan commence à raconter sa guerre à Emmanuel qui décide de la mettre en images.

« Nous n’avons pas fait oeuvres d’historiens… », confie Emmanuel en introduction, « La Guerre d’Alan, c’est la rencontre d’un vieil homme qui racontait bien sa vie avec un jeune homme qui a ressenti le besoin spontané de l’écrire et de la dessiner… »

De fait, vous ne trouverez pas dans ce récit une histoire même vulgarisée de la seconde guerre mondiale mais l’histoire plus modeste d’un jeune soldat inconnu qui va suivre dès 1942 un entraînement intensif sur le sol américain avant de rejoindre les troupes alliées au front.

Pas de grands faits d’arme, pas d’actes franchement héroïques, mais une description du quotidien appuyée par beaucoup d’anecdotes surprenantes. Initialement pulbiée en trois volumes, parus entre 2000 et 2008, cette histoire est aujourd’hui rééditée sous forme d’intégrale grand format (24 x 34,5) au tirage limité à 4000 exemplaires.

Une édition prestigieuse qui permet d’apprécier plus encore le dessin d’Emmanuel Guibert et de se plonger corps et âme dans ce fascinant récit et précieux témoignage…

Eric Guillaud