27 Oct

Panique au village, Le Royaume, 300 millions d’amis… Le plein de nouvelles séries chez Dupuis !

  

Panique sur la toile ! Après Malaise vagal, 2 tomes parus chez Fluide Glacial, le scénariste Frédéric Jannin (Germain & nous, Que du bonheur…) et le dessinateur Gilles Dal se retrouvent pour nous concocter une nouvelle série humoristique autour de FaceBook. Son nom : 300 millions d’amis. Son but : peut-être se faire autant d’ennemis car Les deux auteurs y enchaînent les gags sur une page qui croquent, et parfois moquent, les mordus du réseau communautaire, depuis ceux qui racontent au monde entier le moindre mouvement de cil dans leur triste quotidien jusqu’à ceux qui pensent enclencher la révolution mondiale grâce aux groupes de discussion. 

Panique au village, c’est le nom d’une nouvelle série de bande dessinée, c’est aussi le nom du film de Vincent Patar et Stéphane Aubier avec les voix de Benoît Poelvoorde, Bouli Lanners et Frédéric Jannin, sorti courant octobre au cinéma. Avant celà, c’était même une série TV diffusée sur Canal+. Bref, Panique au village se décline à toutes les sauces, rançon du succès rencontré à chaque fois auprès du public. Et la BD est comme le reste, chaotique et déjantée à souhait, drôle à mourir !

Pour finir, direction un royaume paisible où il faisait bon vivre. C’était un petit pays oublié par ses puissants voisins et leurs guerres incessantes. Un charmant petit bout de terre sur lequel vivaient tout un tas de gens qui chaque jour jouissaient de ce que leur offraient la terre et le ciel. C’est Le Royaume et des comme ça, il n’y en a pas deux !  Après Wondertown, deux tomes parus chez Dupuis avec Vehlmann au scénario, Benoît Feroumont se lance seul dans ce nouveau projet qui met en scène de drôles de personnages : le bon roi Serge, sa femme, acariâtre et médisante, ses fils complètement laids, sa fille Cécile, la princesse qui monopolise la salle de bain, et la jolie, la très jolie et douce Anne, la favorite du Roi… E.G.

  

      

  

  

      

   

   

  

Dans le détail :

300 millions d’amis (tome 1), de Jannin et Dal. Editions Dupuis. 9,45 euros.

Anne, Le Royaume (tome 1), de Benoît Feroumont. Editions Dupuis. 9,45 euros.

Le Vol du tracteur, Panique au village (tome 1), de Aubier, Patar, Tavier et Saive. Editions Dupuis. 10,40 euros.

Mauvais garçons, Solea 1 et 2, de Flao et Dabitch. Editions Futuropolis. 17 euros le volume.

  

Une chose est certaine, si Benjamin Flao et Christophe Dabitch décidaient subitement de m’offrir une planche de leur album, comme ça, simplement pour le plaisir d’offrir, non seulement je ne la refuserai pas mais encore je l’encadrerai et lui réserverai le plus bel espace de mon salon. C’est que les deux albums de Mauvais garçons, parus à un mois d’intervalle – le premier est sorti le 8 octobre et le second est attendu pour le 5 novembre - sont tout simplement des petits bijoux qui démontrent, si besoin est encore, que la bande dessinée est un art à part entière avec ses propres codes, ses propres univers, ses propres émotions, et que le tout est souvent difficilement transposable, ne serait-ce qu’au cinéma. Comme on peut le vérifier régulièrement et même très récemment encore  ! Après La Ligne de fuite, le scénariste Christophe Dabitch et le dessinateur Benjamin Flao se retrouvent donc autour d’un nouveau projet qui aborde la solea, un chant flamenco qui parle bien entendu d’amour, souvent contrarié, plus souvent de peines de coeur, de pauvreté, d’injustice… Et plus qu’une simple passion ou un passe temps, la solea est quelque chose qu’on a dans la peau comme peuvent l’avoir les deux personnages principaux de cettte histoire, deux « mauvais garçons » prénommés Manuel et Benito. Le flamenco, ils le vivent mais n’en vivent pas. Inséparables dans les galères le jour comme dans les moments de grâce, à chanter et danser la nuit, Manuel et Benito le resteront jusqu’au jour où l’un et l’autre rencontreront l’amour, cet amour qui leur paraissait tellement improbable, tellement inaccessible…

Ces albums qui respirent au rythme du flamenco, libèrent de chaque vignette, de chaque page, une sensation à la fois de virilité et de sensualité. Mauvais garçons n’a pourtant pas été écrit, ni même dessiné, par des Espagnols. L’un et l’autre sont français mais Christophe Dabitch s’est inspiré de ses propres rencontres à Séville.« Je suis souvent allé dans un petit village au sud de Séville, Utrera, qui est l’un des foyers de ce chant… », confie le scénariste,  » J’ai un ami qui vit là-bas. Il est chorégraphe et a fait des recherches en musicologie sur le flamenco. Il se nomme Manuel, sa famille est originaire du village, mais il a vécu en France avant de revenir s’y installer. Nous nous sommes rencontrés à ce moment-là, voilà une dizaine d’année. Il a un vieil ami gitan qui se nomme Benito, un chanteur et un personnage hors norme […] J’avais envie d’écrire sur eux et sur le flamenco à travers eux, sur une forme de correspondance entre une expression artistique et la vie. J’aime leur approche du chant, leur côté mauvais garçons aussi, en dehors des clous ». Côté graphisme, Benjamin Flao a laissé glisser ses crayons sur la page, d’un trait jeté, nerveux, brut… viril quoi ! Et sensuel.  »Il paraît que l’on me surnomme l’homme crayon, capable de tout dessiner. Ca, c’est un surnom à finir dans une fête foraine, entre l’homme tronc et la femme à barbe ! […] Pour Les Mauvais garçons, le plus gros écueil, bien sûr, était la représentation de la musique et du chant. En BD, quoi qu’on fasse, on est muet. Comment rendre le son, l’intensité du flamenco ? On n’est jamais très loin du ridicule. » Et pourtant, le miracle est bien là. Mauvais garçons nous plonge au coeur du Flamenco et on se surprend à avoir la musique dans la tête tout au long de l’album. C’est beau, c’est fort, chaque planche nous entraîne loin, très loin.  Mauvais garçons est l’histoire de deux Espagnols épris de musique mais c’est aussi quelquepart l’histoire de l’humanité car, dans le flamenco, comme dans ce récit, il y a quelque chose d’absolument universel ! E.G.

Rendez-vous sur le site Culturebox pour visionner le reportage de France3 Bretagne réalisé sur ce diptyque : c’est ici

Airborne 44 (tomes 1 et 2), de Philippe Jarbinet. Editions Casterman. 11,50 euros le volume.

   

D’un côté, un soldat américain. De l’autre, un Allemand. Chacun le fusil à l’épaule. Chacun prêt à tirer. Mais il ne se passe rien. Les deux hommes se regardent longuement et chacun reprend sa route ou plus exactement son chemin à travers des bois enneigés. C’est par cette image forte que commence Là où tombent les hommes, premier volet du diptyque Airborne 44. Nous sommes en décembre 1944 quelque part dans l’est de la France. La guerre n’est pas terminée mais les troupes allemandes perdent chaque jour un peu plus de terrain. Le soldat américain qui n’a pas tiré s’appelle Luther Yepsen. Il est juif. Il vient d’apprendre que sa femme le quittait. Il vient aussi de perdre un doigt au cours des derniers combats. Celui qui, justement, portait son alliance. Un signe du destin ? Mais Luther a un autre mal qui le ronge. Lors des premiers jours du Débarquement, du côté de Carentan, en Normandie, il a tué par erreur toute une famille. Une femme et des enfants. Traumatisé, Luther, comme bon nombre de soldats, en a assez de cette boucherie. Séparé de sa troupe, il se réfugie avec deux autres soldats dans une ferme isolée où il fait la connaissance de la belle Gabrielle…

Une histoire de guerre mais aussi une histoire d’amour. Une sale histoire de guerre et une très belle histoire d’amour. C’est ce que nous propose avec ce diptyque Philippe Jarbinet, aurteur que l’on a pu découvrir précédemment avec les séries Mémoires de cendres (10 volumes parus chez Glénat) ou encore Sam Bracken (3 volumes parus chez Glénat). Sortis simultanément, il semble que ce soit à la mode en ce moment, les deux albums de Airborne 44 nous offrent un bon récit, bien écrit, bien dessiné, même si les premières pages peuvent parfois désorienter le lecteur avec plusieurs flash-back qui ne permettent pas d’appréhender l’intrigue sereinement ! E.G.

La Colline aux serments, Quintett (Hors-série), de Giroud, Révillon et Alessandrini. Editions Dupuis. 14,50 euros.

  Lancée en août 2005, la série Quintett met en scène la vie de quatre personnages, Dora Mars, Alban Méric, Elias Cohen et Nafsika Vasli. Nous sommes en 1916, en pleine guerre mondiale, ces deux hommes et ces deux femmes, qui ne s’étaient jamais rencontrés auparavant, vont être embauchés dans un orchestre baptisé Quintett en hommage aux formations jazz américaines. Sur ordre du ministère de la guerre, le Quintett va rejoindre le front pour distraire les hommes, la Somme, la Champagne, mais aussi la Macédoine et plus précisément la base aérienne de Pavlos. Là, la vie de ces quatre personnages va basculer en quelques mois…

Chaque album de Quintett, dessiné par un auteur différent (Gillon, Cuzor, Kraehn, Bonin, Alessandrini) raconte l’histoire d’un de ces personnages. Le cinquième, intitulé La Chute, apporte le dénouement. C’est la dernière pièce d’une partition savamment orchestrée par le scénariste Frank Giroud. La dernière ? Pas tout à fait ! Franck Giroud, Luc Révillon et Alessandrini proposent aujourd’hui un hors-série, La Colline aux serments, qui apporte un épilogue inédit et un nouvel éclairage de ce drame à travers une fiction constituée de bandes dessinées mais aussi de documents graphiques inédits, esquisses, photographies, travaux de repérage… Un album en forme de making-of, magnifiquement mis en page, que se doivent de posséder tous les fans de la série. E.G.

L’info en +

Retrouvez l’univers de Quintett sur le site officiel http://quintett.dupuis.com/

Gil Jourdan l’intégrale (volume 2), de Tillieux. Editions Dupuis. 24 euros.

  

Apparues dans les pages du journal Spirou en 1956 et reprises en album à partir de 1959, les aventures de Gil Jourdan imposent très rapidement Maurice Tillieux comme l’un des maîtres de la bande dessinée franco-belge. Celui-ci animera la destinée du personnage jusqu’à sa mort accidentelle, en 1978. Déjà réunies dans une version intégrale baptisée Tout Gil Jourdan, publiée entre 1985 et 1987, les aventures du détective sont aujourd’hui réunies dans une nouvelle intégrale dont le second volume vient tout juste de paraître. Au sommaire, quatre récits publiés au début des années 60, L’Enfer de Xique-Xique, Surboum pour 4 roues, Les Moines rouges, Les 3 taches, et une histoire courte intitulée La Poursuite. En ouverture, un dossier très complet revient sur le contexte de création avec de nombreuses illustrations inédites, recherches graphiques, indications de couleurs… Un grand classique et une belle intégrale. E.G.

Yoko Tsuno, Marzi, Pandora Box… Une petite sélection d’intégrales indispensables !

   

Et de huit ! L’intégrale des aventures de Yoko Tsuno arrive à son terme avec cet ultime album réunissant trois titres qui s’articulent autour d’un thème central cher à l’auteur : l’avion. Il s’agit de Message pour l’éternité, Le canon de Kra et Le Septième code. Comme dans les volumes précédents et, d’une manière générale, comme dans toutes les intégrales Dupuis, ce huitième volume propose en ouverture un cahier, ici rédigé par l’auteur lui-même, qui revient sur le contexte de création. Roger Leloup y présente avec force détails et anecdotes ce qu’il présente comme de « …merveilleuses machines, du passé, du présent, ou du futur, qui nous portent, par-dessus l’immensité nuageuse, vers le rêve sans cesse renouvelé. » On y retrouve notamment le fameux Colibri présent dans Le Canon de Kra. De nombreux croquis, illustrations, maquettes, projets de couverture, photographies accompagnent les explications de l’auteur.

   

   L‘orgueil, La Paresse, La Gourmandise, La Luxure, L’Avarice, L’Envie et La Colère sont les titres des sept premiers albums de la série Pandora Box qui revisitent le mythe de la boîte de Pandore à la lumière des avancées technologiques d’aujourd’hui. Lancée en janvier 2005, la série se termine en mars 2006 par un huitième album intitulé L’Espérance et proposant une réponse à la question de chacun des volets de Pandora Box : l’homme est-il capable de prendre en main son destin ? Ces huit albums au final, réalisés en un peu plus d’un an par une équipe composée d’un scénariste, Alcante, et de sept dessinateurs, dont Pagot, Radovanovic, Henriet, Damour ou Pignault, sont aujourd’hui réédités en intégrales dans un format roman graphique. L’occasion de se replonger dans ce récit d’anticipation hors du commun  où l’on parle de vache folle, d’armes bactériologiques, d’intelligence artificielle, de clonage…

  

Marzi… Cette série des éditions Dupuis a eu une destinée peu commune. Publiée depuis 2005 dans une édition classique, grand public, elle ne semble pas trouver son public et végète jusqu’au jour où la maison d’édition a la lumineuse idée de la publier, en parallèle, dans un volumineux format roman graphique de 264 pages. Le premier volet sort en 2008 et réunit les trois premiers albums. Les couleurs ont laissé place à une bichromie grise et rouge, les pages ont été remontées avec quatre cases maximum sur chacune d’elles, des dessins ont été ajoutés et hop, comme par magie, Marzi devient une toute autre bande dessinée qui intrigue et surprend. Et c’est véritablement l’engouement au sein de la presse, du public et des festivals.  Le second volet, publié fin octobre, reste bien évidemment calqué sur le même principe avec la réédition des tomes 4 et 5 accompagnés d’un cahier documentaire intitulé Journal d’un voyage et racontant le retour de la scénariste Marzena Sowa en Pologne, 20 ans après son enfance et la chute du mur. Un récit vraiment passionnant dans la lignée du Persepolis de Marjane Satrapi (éd. L’Association) ou du Photographe d’Emmanuel Guibert et Daniel Lefèvre (éd. Dupuis). Le tome 5 de l’édition grand public, intitulé Pas de liberté sans solidarité, est également sorti au début du mois d’octobre. E.G.

  

Dans le détail :

Menaces pour la Terre, Yoko Tsuno (intégrale 8), de Leloup. Editions Dupuis. 18 euros.

Pandora Box (Intégrales 1 et 2), Collectif. Editions Dupuis. 18 euros le volume.

Marzi… 1989  (Intégrale 2), de Sowa et Savoia. Editions Dupuis. 25 euros.

Pas de liberté sans solidarité, Marzi (tome 5), de Savoia et Sowa. Editions Dupuis. 10,40 euros.

02 Oct

Auguste Rodin, de Anne Cortey et Françoise de Guibert. Editions Hatier jeunesse. 19,50 euros.

   

Après Matisse, Picasso, Calder, de Vinci, Van Gogh ou encore Monet, Anne Cortey et Françoise de Guibert consacrent un nouveau livre animé de la collection Tout un art à Rodin, Auguste de son prénom. Au fil des pages et des animations ou manipulations, le lecteur découvre une oeuvre passionnante, puissante, riche, qui a parfois fait scandale avant de faire aujourd’hui l’unanimité. On pense bien entendu à sa sculpture la plus célèbre, Le Penseur, à laquelle Anne Cortey et Françoise de Guibert ont prêté une attention toute particulière mais aussi à toutes ces sculptures en terre cuite de danseurs qui se tordent ou s’étirent, et à ces fragments de corps que Rodin considérait comme des oeuvres d’art à part entière. En bonus, à la  fin de l’ouvrage, une pochette-surprise permet au lecteur de créer à son tour, à la manière de l’artiste, une nouvelle couverture au livre. Une collection ludique qui permet de s’initier à l’art ! E.G.

L’info en + :

Le musée Rodin, à Paris, accueille du 23 octobre 2009 au 28 février 2010 une exposition événement intitulée Matisse et Rodin.

http://www.museerodin.fr/

 

Dieu en personne, de Marc-Antoine Mathieu. Editions Delcourt. 14,95 euros.

   

Nom : Dieu. Prénom : Dieu. Le fonctionnaire d’état n’en saura pas plus. L’homme qui est devant son bureau n’a ni numéro de matricule, ni inscription au service de sécurité, ni référence de traçabilité, ni domicile, ni papiers d’identité. Simplement une identité : Dieu. Et une existence réelle, révélée au grand jour et au beau milieu d’une foule qui n’en croit pas ses oreilles et ses yeux. Dieu, en personne, a rejoint les hommes, ces pauvres mortels. Et très vite, Dieu devient une star. Une superstar. Un phénomène médiatique, une opportunité commerciale, un monstre de foire aux facultés cérébrales infinies, capable de calculer instantanément le nombre de molécules flottant dans une pièce, capable aussi « d’inverser l’évolution irréversible associée à la croissance de l’entropie, et ceci en manipulant chaque molécule individuelle ». Bon, comprenne qui pourra ! En attendant, Dieu, qui se dit à l’origine de tout, se retrouve inculpé et traîné devant la justice, non pas la justice divine mais celle des hommes. Un  »coupable universel » idéal qui devra répondre de nombreux chefs d’inculpation…

Profondément influencée par Kafka, Borges, Terry Gilliam ou encore David Lynch, l’oeuvre de Marc-Antoine Mathieu est à la fois surprenante, déroutante, excitante, forte et en tous cas absolument unique dans l’histoire du Neuvième art. Tout a commencé en 1987 avec l’album Paris-Mâcon, suivi des aventures de Julius Corentin Acquefacques (5 albums parus chez Delcourt), une série qui joue avec les codes de la bande dessinée et le révèle au grand public. Plus tard viendront les one-shot Le Dessin, Mémoire morte (éd. Delcourt) ou encore Les Sous-sols du révolu (éd. Futuropolis) et finalement aujourd’hui Dieu en personne, 120 pages de bonheur graphique et narratif dans lesquelles l’auteur s’empare d’un sujet pour le moins sérieux et le traite façon comédie intelligente, une farce qui prête à réfléchir sur notre monde, notre vision des choses et pas seulement de la religion. Dans l’organe officiel des éditions Delcourt, Planète 49, l’auteur confie : « J’avais envie de réaliser une fresque de l’état actuel de la pensée humaine en me posant une question : que se passerait-il si Dieu débarquait en chair et en os dans le monde d’aujourd’hui? Je voulais que ce soit drôle, parfois grotesque. Il s’agit avant tout d’une farce. Et comme toutes les farces, quand elles sont bien faites, il y a des questionnements qui vont plus loin que le rire » E.G.

Souvenirs de films, collectif. Editions Le Lombard. 29 euros.

    

Le Péril jeune, Sept ans de réflexion, Les Temps modernes, Lost in translation, Danse avec les loups, Easy rider, Il était une fois dans l’ouest, Mort à Venise, Retour vers le futur, Brazil, Les Tontons flingueurs, West side story… Chacun de ces films a marqué le septième art et laissé des souvenirs impérissables, voire révélé une fibre artistique, à nombre de spectacteurs. C’est tout au moins le cas pour Rabaté, Pinelli, Cosey, Blanc-Dumont, Boucq, Dany, Gibrat, Lepage, Servais, Taduc, Hermann, le Rouennais Vatine, Monge et quelques autres encore qui ont en commun le métier d’auteur de bande dessinée et la passion du cinéma. Dans les pages de ce beau livre, paru au Lombard, plus de cinquante auteurs ont ainsi été invités à livrer leurs souvenirs autour du film qui a compté pour eux ou provoqué quelque chose dans leur vie et à en revisiter à leur manière l’affiche. En plus de cent pages, Souvenirs de films établit une belle passerelle entre le septième et le neuvième art. Un beau cadeau pour tous les passionnés de bande dessinée ou de cinéma ! E.G.

Thierry Dedieu à fond les crayons…

  

Thierry Dedieu fait certainement partie des auteurs jeunesse les plus imaginatifs, les plus éclectiques et les plus prolifiques du moment. Chez Seuil jeunesse ou Gallimard jeunesse, son nom apparaît régulièrement  au catalogue des nouveautés et devient même le gage d’une certaine qualité. C’est en 1991 que l’auteur s’est lancé dans la littérature jeunesse. Quelques dizaines de titres et plusieurs récompenses plus tard, il s’amuse et nous amuse toujours autant avec des titres très différents les uns des autres. En mai dernier, il publie Bonne pêche, un petit livre charmant sur les désagréments d’un pêcheur qui, chaque jour qui passe, voit le littoral et la mer de plus en plus souillés, pollués, par l’homme. Plus on avance dans l’ouvrage et plus le fameux pêcheur ramène dans ses filets en lieu et place des poissons, des objets pour le moins hétéroclites, symboles de notre société de consommation  : aspirateurs, téléviseurs, vélos, bidons, jouets, pendules et même un tracteur… Le message est clair !

Dans un genre très différent, toujours au Seuil jeunesse, vient de sortir un nouveau, le troisième, volume des Fables de La Fontaine mises en scène par Dedieu. Au programme, six fables : Le Cerf se voyant dans l’eau, Les Deux mulets, Le Corbeau voulant imiter l’aigle, La Chauve-Souris et les deux belettes, Le Loup et le chien, Le Lièvre et les grenouilles. Chacune d’elles est mise en perspective dans des tableaux tout en dentelle d’ombre et de lumière qui se déploient à l’ouverture des pages. C’est splendide !  

Chez Gallimard jeunesse, cette fois, Zoo est une façon originale de voir les animaux. Ici, tout est inversé, jusqu’au titre de couverture. Au fil des pages, on découvre une jeune femme toute habillée de rose devant la cage des flamants, une géante devant l’enclos des girafes, un punk admirant des porcs-épics, un balayeur endormi sur son balai devant les paresseux et… devant les singes… une surprise ! C’est frais, drôle, coloré, original !

Enfin, retour au Seuil avec un livre cartonné pour les enfants à partir de 3 ans, un livre qui revisite le conte de Hans Christian Andersen, La Princesse au petit pois, qui raconte l’histoire d’un prince désireux de se marier avec une princesse – une vraie princesse – et qui pour la trouver  fera le tour du monde. Sans résultat ! C’est finalement dans son propre château qu’il la trouvera, grâce à un petit pois… Le livre est magnifique, les illustrations faites de montages photos sont franchement originales et le ton général reste bien entendu très frais, léger, pour ne pas dire drôle ! E.G.

Dans le détail :

Bonne pêche. Editions Seuil jeunesse. 13,50 euros.

Les Fables de La Fontaine mises en scène par Dedieu. Editions Seuil jeunesse. 18 euros.

Zoo. Editions Gallimard jeunesse. 15 euros.

La Petite princesse au petit pois. Editions seuil jeunesse. 13,50 euros